Rodéos des deux-roues à Sétif : Et ce qui devait arriver, arriva !

Un conducteur de moto a renversé un septuagénaire, mercredi 3 septembre en début de soirée, du côté des tours, à proximité de l’itinéraire du tramway. La victime, grièvement blessée, a été évacuée d’urgence vers le centre hospitalo-universitaire de Sétif, où elle a succombé à ses blessures le lendemain. Cet accident tragique, qui a coûté la vie à un homme âgé de 71 ans, n’est pas un simple fait divers comme on en croise quotidiennement, mais l’illustration criante d’un phénomène qui gangrène la ville. Le drame est avant tout la conséquence de l’inconscience et de l’irresponsabilité d’une faune de conducteurs de deux-roues qui n’ont ni loi ni foi. Depuis plusieurs années, ces motos se sont approprié l’itinéraire du tramway, transformant cet espace public en territoire conquis. Rouler à vive allure, piétiner le code de la route, insulter et menacer piétons comme automobilistes : tout cela est devenu leur lot quotidien. Mercredi soir, ils ont franchi la ligne rouge, celle qui sépare l’incivilité de l’irréparable. La plupart de ces conducteurs circulent sans casque, souvent sans assurance, et parfois même sans le moindre document de conformité. Certains sont à peine majeurs, d’autres encore adolescents, mais tous se sentent protégés par une impunité flagrante. Les résultats sont là : une vie fauchée, une famille plongée dans le deuil et une société choquée. Les alertes n’ont pourtant pas manqué. La presse locale, dont L’Est Républicain, tout comme de nombreux citoyens, ont régulièrement dénoncé ce fléau. Mais du côté des responsables concernés, c’est l’omerta. Silence radio. Comme si de rien n’était. Le laisser-faire est devenu la règle, au point que les rodéos urbains se multiplient aux heures de pointe et à la tombée de la nuit, sous les yeux des passants médusés. La responsabilité incombe aussi aux parents, complices involontaires ou assumés, qui ferment les yeux et parfois encouragent leurs enfants à enfourcher des engins de grosse cylindrée, au mépris des règles élémentaires de sécurité. Ce laxisme alimente un phénomène qui porte un grave préjudice à l’ordre public et met quotidiennement en danger des vies innocentes. Aujourd’hui, les « barbouzes des deux-roues » dopés pour certains d’entre eux de « comprimés » se faufilent entre les véhicules, brûlent les feux tricolores, ignorent les sens interdits, et ce, au vu et au su de tout le monde. Chacun sait, chacun voit, mais personne n’agit. La mort de ce père de famille changera-t-elle enfin la donne ? Ce drame va-t-il réveiller les consciences et obliger les autorités locales à réagir avec fermeté ? La question reste posée. Mais une chose est sûre : si rien n’est fait, le rodéo mortel des deux-roues à Sétif continuera de faire des victimes.

Kamel Beniaiche

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