Des véhicules neufs cédés à des prix défiant toute logique : La spéculation prend de l’ampleur

Le phénomène de la spéculation sur le prix des véhicules neufs vendus en deuxième main a pris dernièrement une telle ampleur que même les mesures prises récemment par les pouvoirs publics afin de limiter les « dégâts » ne sont pas arrivées à restreindre. Les réseaux de spéculateurs ont toujours trouvé le moyen de contourner le cahier de charges signé par les concessionnaires auto. D’ailleurs, qu’ils soient neufs ou d’occasion, les véhicules sont généralement cédés à des prix défiant toute logique, dans un pays qui n’arrive pas encore à stabiliser ce marché. En ce qui concerne les véhicules neufs, notamment ceux sortis de l’usine Fiat d’Oran, le phénomène de la revente est vite devenu une filière très rentable pour les spéculateurs. Récemment, ou plus précisément le 27 août dernier, le Conseil judiciaire d’Alger était sur le point d’ouvrir un dossier lié à la spéculation illégale sur des véhicules neufs de la marque italienne Fiat. L’affaire avait éclaté en mai dernier, lorsqu’une équipe de la gendarmerie nationale avait repéré une annonce suspecte sur Internet : des véhicules Doblo Panorama y étaient proposés à un prix de 505 millions de centimes sur le site de petites annonces « Ouedkniss ». Lancée par la cellule spécialisée dans la lutte contre la cybercriminalité, l’enquête a permis de confirmer l’existence d’une spéculation. Après des semaines d’investigation, menées sous la supervision du procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs, les enquêteurs ont réussi à neutraliser le réseau composé de quatre individus, dont le propriétaire d’une agence Fiat agréée et un gérant d’une agence de distribution automobile et concessionnaire officiel de Fiat. Lors du premier procès, qui avait eu lieu le 21 mai dernier devant le tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs, deux des mis en cause ont été condamnés à 10 ans de prison ferme et une amende de 2 millions de dinars pour l’ensemble des prévenus. L’audience prévue ce mercredi devant la première chambre pénale du Conseil judiciaire d’Alger promet d’être riche en rebondissements. La question est de savoir comment les « revendeurs » s’aventurent à proposer des véhicules neufs presque au double de son prix à sa sortie d’usine, alors qu’il est exigé des notaires de ne plus enregistrer les transactions de vente de voitures neuves. Quelle loi faudrait-il élaborer pour mettre fin à ces pratiques mafieuses ? Au niveau d’un marché marqué par la pénurie et la crise au moment où la demande dépasse toujours l’offre, le défi reste énorme aussi bien pour la justice que pour les pouvoirs publics.

Mohamed M 

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