Gouvernement : A la recherche d’un sang nouveau

Abdelmadjid Tebboune est revenu au-devant de la scène avec des décisions fortes. En plus des mesures visant à stabiliser le marché et des solutions aux problèmes des transports en commun, il a limogé le premier ministre Nadhir Larbaoui et nommé l’actuel ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb à sa place. Si la manière de révoquer le premier ministre a étonné beaucoup d’observateurs puisqu’elle semble être un peu brutale, la décision elle-même l’est moins. Cela fait des mois en effet que le désormais ancien coordinateur du gouvernement est effacé, absent de la scène. Nommé le 11 novembre 2023, l’ancien diplomate qui était notamment ambassadeur d’Algérie à Washington et au Caire n’a jamais brillé. Il s’est illustré par une discrétion inhabituelle pour ce genre de responsabilités. En plus d’un an et demi de primature, il n’a livré ni interview, ni donné de conférence de presse et s’est souvent contenté de prononcer des discours devant des assistances souvent acquises. Il a également représenté à plusieurs reprises le chef de l’Etat lors de rencontres internationales.  Absent des médias, le natif de Tébessa était aussi absent du terrain, au point où une bonne partie des citoyens ne le connaissent que de nom. Jusque-là, cette éclipse passait inaperçue, mais son absence est devenue criarde lors du drame qui a endeuillé tout le pays le 15 août dernier lorsqu’un bus de transport de voyageurs s’est précipité dans l’Oued El-Harrach faisant 18 morts. Quelques minutes après le drame, le ministre de l’Intérieur Brahim Merad, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Boualem Boualem et d’autres membres du gouvernement se sont rendus sur place pour constater les dégâts et tenter de réconforter les blessés et leurs proches. Mais point de premier ministre. On ne retrouvera Nadir Larbaoui que deux jours plus tard au chevet des blessés à l’hôpital Salim-Zemirli d’El-Harrach.  En plus de son absence lors de ce drame, l’ancien Premier ministre n’a visiblement pris aucune initiative pour tenter de calmer et rassurer les Algériens sur les mesures nécessaires à prendre pour éviter de nouveaux drames routiers. Sur les couacs créés après les interdictions d’importations exigées par Kamel Rezig ou sur les décisions que les autorités devaient annoncer pour renouveler le parc des bus, l’ancien premier ministre a laissé les ministres se « débrouiller ». Nadir Larbaoui s’est illustré par un éloignement inexpliqué. La seule énigme dans cette séquence est celle liée à la désignation d’un Premier ministre intérimaire. Cela constitue une première dans les annales politiques algériennes, mais elle peut s’expliquer par un coup de colère du chef de l’Etat. Cet intérim va-t-il durer ? En vue des échéances qui attendent le pays, notamment la tenue d’une foire de la production africaine à partir du 04 septembre et l’approche de la rentrée scolaire prévue le 21 du même mois, il est difficile d’imaginer des changements importants dans l’architecture gouvernementale. A cela s’ajoute l’approche des élections législatives qui auront lieu en juin 2026. D’ici là, Sifi Ghrieb pourra gérer les affaires courantes dans l’attente de la constitution d’un nouveau gouvernement, plus politique.

Akli Ouali

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