Diktat des motos sur le tracé du tramway de Sétif : Le phénomène prend des proportions graves
À Sétif, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur depuis plusieurs mois et atteint son paroxysme durant cette période estivale : l’itinéraire du tramway, notamment sur l’axe stratégique de la rue de Constantine, s’est transformé en un circuit sauvage pris d’assaut par les conducteurs de moto. Cette voie, longue de plus de six kilomètres et censée […] The post Diktat des motos sur le tracé du tramway de Sétif : Le phénomène prend des proportions graves first appeared on L'Est Républicain.

À Sétif, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur depuis plusieurs mois et atteint son paroxysme durant cette période estivale : l’itinéraire du tramway, notamment sur l’axe stratégique de la rue de Constantine, s’est transformé en un circuit sauvage pris d’assaut par les conducteurs de moto. Cette voie, longue de plus de six kilomètres et censée être réservée au passage du tramway, est quotidiennement squattée par des motards qui la confondent avec une piste de rallye. Dès les premières heures de l’après-midi et jusqu’à la tombée de la nuit, ces deux-roues, souvent conduits par des jeunes inconscients ou des adultes peu regardants sur les règles, roulent à vive allure et multiplient les figures dangereuses. Le phénomène, loin d’être anecdotique, s’est enraciné dans le paysage urbain de Sétif au point d’y installer un sentiment de crainte. Piétons, familles, automobilistes et même commerçants dénoncent une situation devenue invivable. Le moindre trajet ou traversée sur cette artère peut virer au drame. « On a peur de traverser la rue, même sur les passages protégés. Ces motos arrivent à toute vitesse, sans klaxon ni frein, comme si elles étaient seules au monde », témoigne Farida, une habitante du centre-ville. « Les autorités, lançant de temps à autre des contrôles conjoncturels, relâchent la pression ces derniers temps, et nous, nous vivons dans l’angoisse ». L’angoisse est d’autant plus grande que les accidents se multiplient. La semaine dernière, un homme âgé, qui s’engageait lentement sur l’itinéraire du tramway dans un point stratégique du cœur de la ville, a été percuté de plein fouet par un motard en excès de vitesse. L’auteur, après avoir déséquilibré sa victime, a pris la fuite, laissant la vieille personne gisant au sol, blessée. Ahuris par la violente scène, les passants sont restés, le moins que l’on puisse dire, sans voix. Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Les statistiques sont au rouge car l’on signale une hausse notable des accidents impliquant des motos sur cet axe. Les chiffres officiels sont encore peu accessibles, mais les témoignages affluent et dressent un constat alarmant. Les conducteurs de ces deux-roues ne semblent craindre ni les caméras, ni les patrouilles de police. Aucun contrôle systématique n’est effectué, aucun barrage fixe, aucune amende dissuasive. Le « baisse de la garde » par les chargés de la sécurité publique encourage ces dérives, aux conséquences lourdes aussi bien pour les familles que pour le trésor public.
« Terrorisme de la route »
« Il y a péril en la demeure sur cet axe. Il ne faut pas faire comme si de rien n’était. Il est temps de mettre un terme à ce genre de terrorisme de la route car nul n’est à l’abri d’un accident grave. En plus de la conduite dangereuse, ces gens sont violents et agressifs. À la moindre contestation, vous êtes non seulement insulté mais agressé », déplore un chauffeur de taxi, habitué de la rue de Constantine. « On voit des jeunes rouler sans casque, sans plaques, parfois à deux ou trois sur une même moto. Certains éteignent même leurs phares la nuit pour faire des acrobaties. C’est du suicide assisté ». Cette anarchie touche également les riverains. Les commerces situés en bordure de la voie du tramway subissent les conséquences de cette délinquance routière. Plus grave encore, le non-respect du tracé par les motards compromet le bon fonctionnement du tramway lui-même. Le tram, censé être un moyen de transport structurant pour la ville, se retrouve mis en danger sur ses propres rails. « Conduire au centre-ville est désormais une mission presque périlleuse, sachant que l’on n’est plus à l’abri d’un accident. Je vous parle en connaissance de cause. La semaine dernière, j’ai de justesse évité une collision grave avec un deux-roues roulant à vive allure à l’intérieur même du tracé du tramway. Me hantant encore l’esprit, la scène s’est produite la nuit, sur l’intersection située à deux pas de la direction de Sonelgaz de la cité Bouaraou, où la circulation routière était dense. Il faut réagir car de nombreux conducteurs de ces deux-roues ne sont ni assurés, ni en capacité de conduire » nous confie Salim – un vieux routier marqué par la séquence. Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des mesures urgentes. Parmi elles, des citoyens lambda. Tous appellent à la mise en place de radars fixes, de caméras de surveillance, de patrouilles régulières et de sanctions exemplaires. Car en laissant faire, en fermant les yeux sur ces comportements, les responsables concernés prennent le risque de se rendre complices d’un désordre routier aux conséquences dramatiques. Il ne s’agit plus d’une simple incivilité, mais d’un phénomène prenant des proportions graves de jour en jour. Il est plus que temps de mettre un terme à ces comportements dangereux. Le respect du code de la route, la mise en place de contrôles réguliers et la sanction des contrevenants doivent redevenir une priorité. Faute de quoi, l’itinéraire du tramway continuera d’être détourné de sa vocation première, au prix de vies humaines. La rue de Constantine et l’ensemble de l’itinéraire du tramway ne doivent plus être une zone de non-droit.
Kamel Beniaiche
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