Empêchés de fouler le sol marocain, les participants à la "Marche de la Liberté" dénoncent le harcèlement du Makhzen

MADRID - Les participants à la "Marche de la Liberté", empêchés samedi de débarquer du ferry à destination de Tanger, ont dénoncé le harcèlement des autorités marocaines qui ont eu recours à "la surveillance" et à "l'intimidation", exprimant leur indignation face au traitement qui leur a été réservé alors qu'ils se trouvaient sur un bateau espagnol. "Nous avons été photographiés par les agents des services marocains dès notre montée sur le bateau. Nous avons été surveillés de près et soumis à un contrôle renforcé, notamment nos documents de voyage, et à toute une série d'intimidation", a indiqué la militante des droits de l'homme Claude Mangin qui conduit la délégation. Selon cette activiste, les membres de la délégation ne pouvaient pas circuler librement sur le bateau et ont été empêchés de prendre des photos. "Une de nos photographes a été agressée, et on lui a même arraché son téléphone", a-t-elle déploré, regrettant que tout cela se soit produit sur "un bateau espagnol" et "dans les eaux territoriales espagnoles". "Nous avons gagné la bataille parce que le Maroc avait l'occasion de soigner son image, mais il ne l'a pas saisie. Au contraire, il montre qu'il est toujours un pays dictatorial, qu'il est soutenu et qu'il peut faire ce qu'il veut, même sur un bateau espagnol et dans les eaux territoriales espagnoles". Lancée le 30 mars dernier, la "Marche de la Liberté" a traversé la France puis l'Espagne et devait arriver à Kenitra, au Maroc, pour réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles de l'occupant marocain. Au cours de deux mois de mobilisation, la marche a été l'occasion d'exiger du Maroc de "se conformer aux décisions de l'ONU" sur la libération des prisonniers sahraouis, détenus arbitrairement, et sur le droit de visite de Claude Mangin à son mari, Naâma Asfari, prisonnier politique sahraoui du groupe "Gdeim Izik", condamné à 30 ans de prison en 2013. Les participants savaient que franchir la frontière marocaine sera le plus grand défi de la marche, mais peu imaginaient le niveau de harcèlement auquel ils seraient confrontés avant même d'atteindre le territoire marocain. Alain Buch, élu de la commune française d'Ivry-sur-Seine et membre de la délégation participant à cette marche pour les prisonniers politiques sahraouis, s'est dit "choqué" de la réaction des autorités marocaines qui ont "mobilisé des forces de police en nombre considérable" pour empêcher "une poignée" d'activistes de défendre le respect des droits de l'homme. "C'était démesuré. On voit bien qu'ils veulent bâillonner tout le monde", a-t-il ajouté. Leila Bounebache, membre de l'Association des amis de la République arabe sahraouie et démocratique (AARASD), participant à la marche, a exprimé son "fort étonnement" du nombre de policiers marocains, en civil, déployés sur un bateau espagnol. "Alors que nous sommes encore sur le territoire espagnol, nous avons été filmés par des policiers marocains. C'est surprenant de voir autant de monde, de policiers marocains en service sur un bateau espagnol", a-t-elle affirmé, soulignant que la délégation a été retenue sur le bateau "sans explications". Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdulah Arabi, a condamné fermement l'interdiction d'entrer au Maroc imposée aux membres de la marche pour la libération des prisonniers politiques sahraouis. Il a dénoncé, à ce titre, "la violence grave avec laquelle cette entrée a été empêchée", affirmant que cette expulsion "ne surprend ni le Front Polisario ni les organisateurs de la marche". La Commission sahraouie des droits de l'homme a condamné, pour sa part, la décision du Makhzen d'interdire l'accès à la "Marche de la Liberté" et la violence dont ont fait preuve ses services lors de l'expulsion des participants. Exprimant sa solidarité avec les membres de la délégation, la Commission sahraouie des droits de l'homme a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à imposer le respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés.

Juin 1, 2025 - 16:49
 0
Empêchés de fouler le sol marocain, les participants à la "Marche de la Liberté" dénoncent le harcèlement du Makhzen

MADRID - Les participants à la "Marche de la Liberté", empêchés samedi de débarquer du ferry à destination de Tanger, ont dénoncé le harcèlement des autorités marocaines qui ont eu recours à "la surveillance" et à "l'intimidation", exprimant leur indignation face au traitement qui leur a été réservé alors qu'ils se trouvaient sur un bateau espagnol.

"Nous avons été photographiés par les agents des services marocains dès notre montée sur le bateau. Nous avons été surveillés de près et soumis à un contrôle renforcé, notamment nos documents de voyage, et à toute une série d'intimidation", a indiqué la militante des droits de l'homme Claude Mangin qui conduit la délégation.

Selon cette activiste, les membres de la délégation ne pouvaient pas circuler librement sur le bateau et ont été empêchés de prendre des photos.

"Une de nos photographes a été agressée, et on lui a même arraché son téléphone", a-t-elle déploré, regrettant que tout cela se soit produit sur "un bateau espagnol" et "dans les eaux territoriales espagnoles".

"Nous avons gagné la bataille parce que le Maroc avait l'occasion de soigner son image, mais il ne l'a pas saisie. Au contraire, il montre qu'il est toujours un pays dictatorial, qu'il est soutenu et qu'il peut faire ce qu'il veut, même sur un bateau espagnol et dans les eaux territoriales espagnoles".

Lancée le 30 mars dernier, la "Marche de la Liberté" a traversé la France puis l'Espagne et devait arriver à Kenitra, au Maroc, pour réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles de l'occupant marocain.

Au cours de deux mois de mobilisation, la marche a été l'occasion d'exiger du Maroc de "se conformer aux décisions de l'ONU" sur la libération des prisonniers sahraouis, détenus arbitrairement, et sur le droit de visite de Claude Mangin à son mari, Naâma Asfari, prisonnier politique sahraoui du groupe "Gdeim Izik", condamné à 30 ans de prison en 2013.

Les participants savaient que franchir la frontière marocaine sera le plus grand défi de la marche, mais peu imaginaient le niveau de harcèlement auquel ils seraient confrontés avant même d'atteindre le territoire marocain.

Alain Buch, élu de la commune française d'Ivry-sur-Seine et membre de la délégation participant à cette marche pour les prisonniers politiques sahraouis, s'est dit "choqué" de la réaction des autorités marocaines qui ont "mobilisé des forces de police en nombre considérable" pour empêcher "une poignée" d'activistes de défendre le respect des droits de l'homme. "C'était démesuré. On voit bien qu'ils veulent bâillonner tout le monde", a-t-il ajouté.

Leila Bounebache, membre de l'Association des amis de la République arabe sahraouie et démocratique (AARASD), participant à la marche, a exprimé son "fort étonnement" du nombre de policiers marocains, en civil, déployés sur un bateau espagnol.

"Alors que nous sommes encore sur le territoire espagnol, nous avons été filmés par des policiers marocains. C'est surprenant de voir autant de monde, de policiers marocains en service sur un bateau espagnol", a-t-elle affirmé, soulignant que la délégation a été retenue sur le bateau "sans explications".

Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdulah Arabi, a condamné fermement l'interdiction d'entrer au Maroc imposée aux membres de la marche pour la libération des prisonniers politiques sahraouis.

Il a dénoncé, à ce titre, "la violence grave avec laquelle cette entrée a été empêchée", affirmant que cette expulsion "ne surprend ni le Front Polisario ni les organisateurs de la marche".

La Commission sahraouie des droits de l'homme a condamné, pour sa part, la décision du Makhzen d'interdire l'accès à la "Marche de la Liberté" et la violence dont ont fait preuve ses services lors de l'expulsion des participants.

Exprimant sa solidarité avec les membres de la délégation, la Commission sahraouie des droits de l'homme a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à imposer le respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés.