ES Sétif : L’Entente, le défi d’un nouveau départ sans repères
La formation sétifienne vient de clôturer son stage de préparation d’Aïn Draham (Tunisie), mettant ainsi un terme à une phase préparatoire entamée à la mi-juillet à Alger. Après quatre semaines de travail, de tests et de remaniements, les choses sérieuses commencent désormais pour le coach allemand, Antoine Hey, et pour une troupe « remodelée » […] The post ES Sétif : L’Entente, le défi d’un nouveau départ sans repères first appeared on L'Est Républicain.

La formation sétifienne vient de clôturer son stage de préparation d’Aïn Draham (Tunisie), mettant ainsi un terme à une phase préparatoire entamée à la mi-juillet à Alger. Après quatre semaines de travail, de tests et de remaniements, les choses sérieuses commencent désormais pour le coach allemand, Antoine Hey, et pour une troupe « remodelée » à plus de 80 %.Pour la deuxième saison consécutive, l’Aigle noir est appelé à donner le coup d’envoi du nouvel exercice loin de ses bases. C’est à Khenchela, face à une redoutable formation de l’USMK, que l’Entente de Sétif devra lancer sa campagne. La mission ne s’annonce pas simple : l’USMK est connue pour sa solidité à domicile et sa capacité à dominer ses adversaires. À cela s’ajoute une donnée préoccupante : la rupture de banc avec les supporters. Ces derniers, tenus à carreau par les « gestionnaires » d’un club qui navigue à vue, ne pourront une fois encore jouer leur rôle de douzième homme. L’ESS se retrouve donc isolée, privée de l’élan populaire qui a toujours constitué l’une de ses plus grandes forces. Les raisons de craindre une saison difficile sont multiples. Le coach allemand ne dispose évidemment pas d’une baguette magique. Il ne réglera pas la cohésion et les automatismes en un simple claquement de doigts. Sa tâche est d’autant plus compliquée que la préparation a été amputée de deux précieuses semaines. Résultat : à peine un mois de travail, bien trop insuffisant pour une équipe bouleversée par des changements aussi profonds. Car à l’intersaison, l’Entente a perdu pas moins de 17 joueurs. Parmi eux, six défenseurs (Chaâbi, Mohra, Chikhi, Diarra, Reguieg et Gouttal), sept milieux (Nouri Amir, Oladapo, Kossi, Benkhelifa, Mechaar, Pitroipa et Ferdjioui), ainsi que trois attaquants (Bacha, Eduwo et Bouhemidi). Un contingent d’importance, parti sans que ses départs ne soient véritablement compensés. La cellule de recrutement, restée opaque et méconnue, a bien tenté de colmater les brèches. Mais sans la présence d’anciens joueurs de renom comme Zorgane ou Bourahli, elle semble avoir perdu toute ligne directrice. Résultat : l’arrivée de 12 nouveaux éléments – cinq défenseurs (Boudchicha, Derder, Bouziane, Hamidi et Bekakchi), trois milieux (Daibèche, Mudasiru Salifu et Toual) et quatre attaquants (Lakdja, Djibril Sillah, Zerrouki et Abeddy Biramahire). À Sétif, ce recrutement n’a rien de ciblé ni de stratégique. Basé essentiellement sur des joueurs libres, parfois en fin de parcours, il n’a pas convaincu les supporters. Le maintien de Ferhani (32 ans) et le retour de Bekakchi (33 ans) suscitent des critiques virulentes. Les fans estiment que l’ESS a besoin de sang neuf et non d’un recyclage de vétérans. Pour Antoine Hey, qui n’a eu aucune responsabilité directe dans le choix des recrues, les difficultés s’accumulent. Après seulement quatre matches amicaux – deux victoires, un nul et une défaite – il est encore loin d’avoir cerné le véritable potentiel de son groupe. Plus inquiétant : sa ligne défensive a montré d’inquiétantes failles, encaissant six buts en seulement trois rencontres contre des adversaires modestes. L’arrivée tardive de certains joueurs – à l’image de Bouchama, Zerrouki ou Toual – n’a fait qu’aggraver la situation. Ces éléments accusent un retard considérable dans la préparation physique, retard qu’il faudra combler en pleine compétition. L’absence du gardien Bousder, qui espérait rejoindre le MCA, complique davantage les plans du staff technique. Au lieu de le laisser partir au doyen contre la coquette somme de 5 milliards de centimes, l’administration n’a fait mieux avec Bouchama convoité par un club égyptien contre 10 milliards de centimes a raté une grande aubaine pour renflouer ses caisses et récupérer une grande partie de l’argent « versé » aux joueurs libérés dans le cadre de la résiliation du contrat à l’ « amiable ». Cette énigmatique démarche reflète le désordre structurel du club. Les gestionnaires, englués dans des calculs obscurs, n’ont toujours pas désigné ni directeur sportif ni coordinateur général. Pire, ils semblent peu enclins à autoriser leur entraîneur à animer une conférence de presse pour dresser un bilan clair de la préparation. Pas plus qu’ils ne jugent utile de présenter officiellement à leurs socios l’effectif de la nouvelle saison. En empruntant le raccourci du déni, ils feignent d’ignorer une réalité pourtant implacable : aucun club de haut niveau ne peut espérer rivaliser sans transparence, sans stratégie et sans lien avec ses supporters. Et encore moins un club prestigieux comme l’Entente de Sétif, dont l’histoire et le palmarès imposent l’exigence. À l’aube de cette nouvelle saison, l’ESS apparaît donc comme un géant aux pieds d’argile. Le défi est immense pour Antoine Hey, qui devra composer avec un effectif profondément chamboulé, une direction absente et une atmosphère de méfiance généralisée. Son véritable exploit, cette année, serait sans doute de parvenir à redonner une âme collective à une équipe déconnectée de son public et privée de ses repères. Car au-delà des questions de recrutement ou de préparation, le problème de fond reste celui de la gouvernance. Tant que les gestionnaires du club persisteront à ignorer la voix de leurs supporters, tant qu’ils refuseront d’associer transparence et rigueur, l’Entente continuera de tourner en rond. L’Aigle noir risque alors de rester cloué au sol, quand ses rivaux prendront leur envol.
Kamel Beniaiche
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