Faillite

La crise politique en France ne semble pas près de s’apaiser, alors que le président Emmanuel Macron refuse d’accepter de faire face à la réalité de la situation, avec un pays sans gouvernement et une opposition unie sur la nécessité d’une démission du chef de l’État, ou pour le moins d’une dissolution immédiate de l’Assemblée […]

Oct 11, 2025 - 20:49
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Faillite

La crise politique en France ne semble pas près de s’apaiser, alors que le président Emmanuel Macron refuse d’accepter de faire face à la réalité de la situation, avec un pays sans gouvernement et une opposition unie sur la nécessité d’une démission du chef de l’État, ou pour le moins d’une dissolution immédiate de l’Assemblée Nationale. Mais le président centriste continu à s’arc-bouter sur ces décisions qui ne satisfont personne pour justifier son immobilisme. Même dans son propre camp, où le culte de la personnalité autour de Macron est habituellement de mise, l’on entend des voix dissonantes dénoncer l’attitude actuel du chef. Gabriel Attal a ainsi déclaré que «comme beaucoup de Français» il «ne comprend plus les décisions» du président. Lesquelles «donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main». «Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu’on peut essayer autre chose», a également estimé l’ancien premier ministre d’Emmanuel Macron, en référence aux gouvernements successifs depuis la dissolution de 2024. «Il faut maintenant partager le pouvoir», a-t-il ajouté, appelant à «un ou plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement». Mais Macron n’a pas fait ce choix et a, au contraire, emprunté la plus étrange des voies en décidant de reconduire son Premier ministre démissionnaire, qui avait présenté sa lettre de démission au lendemain de la nomination, après trois semaines de tractations, d’un gouvernement, assurant dans un discours qu’il était incapable de gouverner dans les conditions actuelles. Cinq jours plus tard, il est reconduit alors que la situation du pays et de la classe politique est exactement la même. Il semble difficile de comprendre quelle est la logique du chef de l’État alors même que sa popularité atteint des records. La cote de confiance du président chute lourdement en un mois, à 14 %, dans le baromètre politique Elabe pour «Les Echos». Il bat ainsi son propre record d’impopularité et égale celui atteint par François Hollande à l’Élysée. Quant au futur gouvernement de Lecornu, il devra se passer des anciens alliés de droite traditionnelle, Les Républicains ayant fermé la porte à toute nouvelle collaboration avec un exécutif en faillite politique. Au lendemain de la reconduction du Premier ministre démissionnaire, LR a en effet annoncé hier qu’il ne participerait pas au gouvernement. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire et président des LR, ainsi que Gérard Larcher, président du Sénat, ne veulent pas d’une participation des Républicains au gouvernement Lecornu, fermant ainsi la porte, pour le moment à une nouvelle coalition. Mais le plus difficile pour l’exécutif sera surtout d’éviter la censure au Parlement. Et après les deux gouvernements successifs, de Michel Barnier et de François Bayrou, qui ont chutés suite aux votes de défiances des députés, il semble très probable, surtout alors que l’opposition agite déjà cette carte, que le gouvernement de Lecornu subisse le même sort. Reste à voir si le gouvernement réussira à mener des tractations réussies lui évitant le couperet ou si comme ses prédécesseurs, le chef du gouvernement fraichement réinstitué subira implacablement le même sort, plongeant une nouvelle fois le pays dans l’incertitude.

F. M.