Grève générale au Maroc: la puissante organisation syndicale espagnole UGT apporte son soutien aux syndicats marocains

MADRID - L'Union Générale des Travailleurs (UGT), l'une des principales représentations des Travailleurs en Espagne, a apporté mercredi son "soutien" aux organisations syndicales marocaines qui ont décrété une grève générale nationale mercredi et jeudi pour protester contre les politiques "impopulaires" du gouvernement marocain, dont la réforme de la loi sur la grève elle-même, l'augmentation de l'âge de la retraite de 63 à 65 ans et la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs. "L'UGT désire manifester son plein soutien et sa solidarité avec les syndicats frères CDT et UMT dans cette grève générale plus que justifiée", a-t-elle écrit dans un message de soutien. Le 3 février, la Chambre des conseillers (la chambre haute du Parlement marocain) a adopté un projet de loi organique qui porte sur le droit de grève, un mois après un vote favorable de la Chambre basse. La loi a été approuvée par 41 voix contre 7. Ce vote a suscité le retrait des membres du groupe de l'Union marocaine du travail (UMT), qui entendaient ainsi protester contre la dernière version de ce texte. Un autre syndicat, la Confédération démocratique du travail (CDT), a, lui, dénoncé une "restriction" au droit constitutionnel et universel à la grève. Pour exprimer leur mécontentement, la CDT, l'UMT, ainsi que l'Union nationale du travail au Maroc (UNMT), l'Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) ont appelé à une grève générale les 5 et 6 février. "Le gouvernement continue de porter atteinte aux acquis sociaux des travailleurs en gelant le dialogue social pendant deux sessions successives et en adoptant le projet de loi sur le droit de grève avec des méthodes sournoises", a dénoncé Younes Firachine, membre du bureau exécutif de la CDT. La CDT reproche à l'exécutif d'exploiter sa majorité parlementaire pour accélérer l'adoption de la loi, sans prêter suffisamment d'attention aux revendications ouvrières. De son côté, l'UNMT pointe un défaut de dialogue et s'inquiète d'une approche qu'elle qualifie de +coercitive", défavorable à l'expression syndicale. L'ODT va jusqu'à qualifier le procédé d'"anticonstitutionnel" et se dit prête à saisir la Cour constitutionnelle et l'Organisation internationale du travail. Si les organisations syndicales marocaines expriment des points de vue différents, elles partagent le même rejet de la démarche gouvernementale. La FSD insiste, pour sa part, sur les dangers que ce texte fait courir aux acquis sociaux, notamment dans l'éducation et la santé. L'UMT, quant à elle, justifie son appel à une grève de 48heures par la nécessité d'un réel dialogue social et par l'absence de tout consensus sur un texte si sensible. Au-delà de ce projet de loi, les syndicats critiquent l'attitude générale du gouvernement sur plusieurs dossiers. Ils l'accusent d'ignorer le pouvoir d'achat en laissant les prix monter en flèche, de recourir à des réformes unilatérales, ou encore de geler le dialogue social lors de plusieurs sessions successives, alors qu'ils jugent impératif de négocier sur les salaires et les retraites. Soulignant que le projet de loi sur le droit de grève "a été élaboré sans consultation des organisations syndicales du pays et sans prendre en compte leurs revendications", l'UGT affirme qu'"adopter une loi sur les grèves, l'une des grandes revendications historiques du syndicalisme marocain, sans utiliser les canaux du dialogue social, est un véritable affront à la classe ouvrière marocaine et à ses représentants légitimes". Elle rappelle, dans ce contexte, que "la grève générale est un outil légitime du mouvement syndical qui relève de sa propre liberté d'action", estimant qu'"en ignorant l'avis des organisations syndicales, la loi perd sa force juridique". Relevant le contexte économique "de plus en plus précaire" auquel sont confrontés les travailleurs marocains, l'organisation syndicale espagnole (UGT) a déploré le manque de réaction des autorités marocaines qui n'ont "pas mis en œuvre de mesures efficaces pour améliorer les conditions de vie des citoyens ou assurer une répartition équitable des richesses". "Pour toutes ces raisons, le syndicat salue et préconise que les confédérations marocaines profitent également de cette journée de grève pour exiger des changements immédiats afin d'améliorer la situation de la classe ouvrière dans le pays", a-t-elle plaidé, exprimant sa "solidarité avec les travailleurs marocains et les organisations syndicales UMT et CDT dans leur lutte pour des conditions de travail décentes, des salaires équitables et une législation du travail respectueuse des principes démocratiques et des droits fondamentaux". L'UGT a jugé, à ce titre, "essentiel" que le gouvernement marocain écoute les revendications légitimes des syndicats et garantisse un véritable processus de dialogue social qui place le bien-être de la classe ouvrière au centre de ses intérêts. "La justice sociale et le respect des droits du travail ne sont pas négociables", a

Fév 5, 2025 - 20:09
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Grève générale au Maroc: la puissante organisation syndicale espagnole UGT apporte son soutien aux syndicats marocains

MADRID - L'Union Générale des Travailleurs (UGT), l'une des principales représentations des Travailleurs en Espagne, a apporté mercredi son "soutien" aux organisations syndicales marocaines qui ont décrété une grève générale nationale mercredi et jeudi pour protester contre les politiques "impopulaires" du gouvernement marocain, dont la réforme de la loi sur la grève elle-même, l'augmentation de l'âge de la retraite de 63 à 65 ans et la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs.

"L'UGT désire manifester son plein soutien et sa solidarité avec les syndicats frères CDT et UMT dans cette grève générale plus que justifiée", a-t-elle écrit dans un message de soutien.

Le 3 février, la Chambre des conseillers (la chambre haute du Parlement marocain) a adopté un projet de loi organique qui porte sur le droit de grève, un mois après un vote favorable de la Chambre basse. La loi a été approuvée par 41 voix contre 7.

Ce vote a suscité le retrait des membres du groupe de l'Union marocaine du travail (UMT), qui entendaient ainsi protester contre la dernière version de ce texte. Un autre syndicat, la Confédération démocratique du travail (CDT), a, lui, dénoncé une "restriction" au droit constitutionnel et universel à la grève.

Pour exprimer leur mécontentement, la CDT, l'UMT, ainsi que l'Union nationale du travail au Maroc (UNMT), l'Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) ont appelé à une grève générale les 5 et 6 février.

"Le gouvernement continue de porter atteinte aux acquis sociaux des travailleurs en gelant le dialogue social pendant deux sessions successives et en adoptant le projet de loi sur le droit de grève avec des méthodes sournoises", a dénoncé Younes Firachine, membre du bureau exécutif de la CDT.

La CDT reproche à l'exécutif d'exploiter sa majorité parlementaire pour accélérer l'adoption de la loi, sans prêter suffisamment d'attention aux revendications ouvrières. De son côté, l'UNMT pointe un défaut de dialogue et s'inquiète d'une approche qu'elle qualifie de +coercitive", défavorable à l'expression syndicale. L'ODT va jusqu'à qualifier le procédé d'"anticonstitutionnel" et se dit prête à saisir la Cour constitutionnelle et l'Organisation internationale du travail. Si les organisations syndicales marocaines expriment des points de vue différents, elles partagent le même rejet de la démarche gouvernementale.

La FSD insiste, pour sa part, sur les dangers que ce texte fait courir aux acquis sociaux, notamment dans l'éducation et la santé. L'UMT, quant à elle, justifie son appel à une grève de 48heures par la nécessité d'un réel dialogue social et par l'absence de tout consensus sur un texte si sensible.

Au-delà de ce projet de loi, les syndicats critiquent l'attitude générale du gouvernement sur plusieurs dossiers. Ils l'accusent d'ignorer le pouvoir d'achat en laissant les prix monter en flèche, de recourir à des réformes unilatérales, ou encore de geler le dialogue social lors de plusieurs sessions successives, alors qu'ils jugent impératif de négocier sur les salaires et les retraites.

Soulignant que le projet de loi sur le droit de grève "a été élaboré sans consultation des organisations syndicales du pays et sans prendre en compte leurs revendications", l'UGT affirme qu'"adopter une loi sur les grèves, l'une des grandes revendications historiques du syndicalisme marocain, sans utiliser les canaux du dialogue social, est un véritable affront à la classe ouvrière marocaine et à ses représentants légitimes".

Elle rappelle, dans ce contexte, que "la grève générale est un outil légitime du mouvement syndical qui relève de sa propre liberté d'action", estimant qu'"en ignorant l'avis des organisations syndicales, la loi perd sa force juridique".

Relevant le contexte économique "de plus en plus précaire" auquel sont confrontés les travailleurs marocains, l'organisation syndicale espagnole (UGT) a déploré le manque de réaction des autorités marocaines qui n'ont "pas mis en œuvre de mesures efficaces pour améliorer les conditions de vie des citoyens ou assurer une répartition équitable des richesses".

"Pour toutes ces raisons, le syndicat salue et préconise que les confédérations marocaines profitent également de cette journée de grève pour exiger des changements immédiats afin d'améliorer la situation de la classe ouvrière dans le pays", a-t-elle plaidé, exprimant sa "solidarité avec les travailleurs marocains et les organisations syndicales UMT et CDT dans leur lutte pour des conditions de travail décentes, des salaires équitables et une législation du travail respectueuse des principes démocratiques et des droits fondamentaux".

L'UGT a jugé, à ce titre, "essentiel" que le gouvernement marocain écoute les revendications légitimes des syndicats et garantisse un véritable processus de dialogue social qui place le bien-être de la classe ouvrière au centre de ses intérêts.

"La justice sociale et le respect des droits du travail ne sont pas négociables", a-t-elle conclu.