Hommage aux mineurs algériens en Belgique : Un siècle de mémoire ravivée

Ils étaient venus pour creuser le charbon, ils ont aussi semé les graines de la liberté. Un siècle après l’arrivée des premiers mineurs algériens en Belgique, une journée d’hommage leur a été consacrée à Mons. Entre projection, exposition et débats, l’événement a permis de saluer leur rôle dans la construction industrielle belge, mais aussi dans l’histoire du combat pour l’indépendance de l’Algérie.
Le Cercle des Algériens de Belgique (CAB) a organisé, le 21 juin 2025, une journée mémorielle sous le thème « Immigration algérienne, 116 de présence ». L’événement a mis en lumière l’histoire encore peu connue de ces travailleurs venus dès 1909 d’Algérie pour contribuer à l’essor industriel de régions comme le Borinage, Charleroi, Liège ou Genk. Une histoire de labeur, d’exil et d’engagement, qui méritait d’être racontée avec force et dignité.
C’est au cinéma Imagix, en présence de nombreux invités et d’un large public issu de la diaspora algérienne établie en Europe, que cette journée a pris tout son sens. Un moment fort, au croisement de la mémoire ouvrière et de la lutte anticoloniale, rappelant que ces hommes n’ont pas seulement creusé la terre, mais aussi les sillons d’un rêve d’indépendance.
En point d’orgue, la projection en avant-première du film documentaire « Les gueules noires de l’indépendance », réalisé par Hamza Mahdi et produit par Aures Picture, avec le soutien du ministère de la Culture et des Arts. Ce film de 90 minutes explore une page méconnue de l’histoire, celle de ces hommes venus d’Algérie qui, bien avant 1962, nourrissaient l’espoir d’une patrie libérée. De l’Étoile nord-africaine à la conquête de l’indépendance, leur engagement discret mais déterminant a insufflé un souffle révolutionnaire. Un récit de courage, d’exil et de résistance restitue leur combat avec précision et force émotionnelle.

Richard Miller, ancien ministre belge de la Culture, a salué l’émotion et la rigueur historique du film. « C’est un film extrêmement bien réussi. Il fait passer l’émotion sans trahir la réalité historique. Il restitue avec force les souffrances des travailleurs algériens venus dans des conditions très dures. Mais surtout, il met en lumière leur foi dans l’indépendance, leur engagement profond pour l’Algérie libre. C’est un grand plaisir pour moi d’avoir pu vous féliciter devant tout un public algérien », a-t-il déclaré.

À l’issue de la projection, le ministre belge a été honoré par des députés de l’APN, au nom d’Ibrahim Boughali, président de la chambre basse du Parlement.
Parmi les intervenants figuraient également plusieurs personnalités historiques telles que Ali Haroun, Omar Boudaoud et Mohamed Harbi, anciens cadres du FLN en France, ainsi que les historiens Jean-René Genty, Benjamin Stora, Jack Simon et Pascal Tierce. Du côté belge, étaient présents Fouzia Hariche, première échevine de la ville de Bruxelles d’origine algérienne, ainsi que l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo, venus témoigner de l’importance d’une mémoire partagée entre les deux peuples.
En parallèle, une exposition historique retraçait la résistance algérienne de 1830 à 1962 et l’installation progressive de la communauté algérienne en Belgique. Panneaux explicatifs, photographies, lettres, outils de mine et objets du quotidien offraient aux visiteurs une plongée sensible dans un passé trop souvent relégué à l’oubli.
La journée s’est conclue sur une note festive et culturelle, avec une animation musicale traditionnelle. Un moment chaleureux, où familles, anciens et jeunes générations se sont réunis dans une même ferveur. Drapeaux algériens en main, le public a scandé « One, Two, Three, Viva l’Algérie », faisant vibrer la salle au rythme de la mémoire retrouvée.

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