Illusions de Donald Trump : stopper l’infernale dette américaine et faire plier la Chine
Une contribution d’Ali Akika – Voilà le type d’idée qui peut provoquer le contraire du but recherché. Décidément, avec Trump,... L’article Illusions de Donald Trump : stopper l’infernale dette américaine et faire plier la Chine est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Une contribution d’Ali Akika – Voilà le type d’idée qui peut provoquer le contraire du but recherché. Décidément, avec Trump, chaque jour amène son lot de surprises. On comprend pourquoi il a dit sans rire que le plus beau mot de la langue anglaise est «taxe». Ainsi, avec ce président américain, le monde est entré dans une époque formidable. «Formidable» pour ses concitoyens à qui il avait promis de renouer avec le rêve américain. Mais qui va payer la facture ? Le monde entier pardi ! On est en droit de douter de telles promesses quand on l’a vu à l’œuvre en Palestine quand il s’engagea, avec un verbiage qui lui est propre, de transformer Gaza en «paradis».
Mais, avant de cerner l’idée ubuesque que Trump suggère pour résoudre la dette américaine à la fois abyssale et unique dans l’histoire des pays. Faire les poches du monde entier par le biais de taxes et se mettre le monde sur le dos, c’est à la fois être dans le déni et hériter du nom de prédateur peu reluisant. A propos du mot prédateur et autre impérialisme, beaucoup d’entre nous ne doivent plus se sentir seuls, puisque nous avons reçu des renforts en la personne d’«experts» et autres journaleux qui se moquaient des militants qui l’utilisaient tout en les bassinant de leur connerie et verbiage. De plus, cette faune n’hésite pas à changer de costume selon la direction du vent du moment. Ainsi, quand Trump taxa les produits européens et couvrit d’insultes l’Europe qui ne paie pas un dollar pour le parapluie nucléaire qui la protégeait, Trump fut traité de tous les noms.
Mais, quand toujours la même faune apprit que le marché américain allait se fermer aux Chinois, lesquels allaient inonder les marchés de l’Europe avec comme conséquence la fermeture d’usines qui ne pouvaient résister à la concurrence chinoise, Trump devient un héros et la Chine retrouva son statut de forteresse de la dictature et d’utilisatrice «d’esclaves» ouïghours. Comme si la Chine «opprime» les Ouïghours. Il est vrai que c’est plus rentable de noircir le tableau d’un ennemi que de mettre en lumière la production d’un logiciel chinois qui mit en faillite de prestigieuses entreprises américaines. Bref, comme nous sommes en face de gens imbus de leur «supériorité» qui les rend insensibles au séisme qui frappe l’économie mondiale, qui serait passagère, comme tant d’autres auparavant.
Pourtant, une simple lecture de l’histoire sur le passage d’une économie à une autre explique le bouleversement économique que le monde est en train de vivre. La cohabitation d’une économie, qui devient un frein au développement, est balayée au profit d’une autre qui crée précisément du profit dont une partie sera investie pour augmenter la richesse et le profit et ainsi de suite. Cette économie a un nom, le capitalisme qui a «tué» l’économie féodale des seigneurs et des serfs. Inutile d’aller plus loin, la catégorie de journaleux qui nous irrite le sait. En revanche, ces journaleux ignorent les raisons qui ont poussé Trump à provoquer le chaos dans lequel le monde est en train de patauger. La théorie du chaos est une invention d’une idéologie dont les partisans, forts de leur puissance et pressés par le temps, assurent que leur dite théorie règle les problèmes. On l’applique en économie, c’est le cas de Trump et c’est le cas du célèbre Kissinger dans sa politique au Moyen-Orient.
On aura remarqué que la puissance conjuguée à la pression du temps (time is money), seule l’Amérique les «possède» et peut donc en disposer avec arrogance et mépris. Sauf quand l’Oncle Sam a devant lui, comme en Ukraine, quelqu’un qui connaît le jeu de poker de son adversaire et surtout maîtrise et pratique avec succès le jeu d’échecs dans les relations internationales. Voyons la situation actuelle et comment Trump compte la résoudre. Bien avant le tintamarre actuel, j’ai noté dans Algeriepatriotique (1) que Trump était préoccupé par la dédollarisation dans l’économie mondiale et se montre menaçant contre les BRICS. Le plan mis en œuvre par Trump est axé sur plusieurs leviers.
L’Amérique connaissant sans doute une crise de liquidités, d’où la nécessité pour Trump de trouver des dollars ailleurs. Et cet ailleurs, ce sont les taxes de douanes disponibles immédiatement et qui peuvent servir d’éviers dans d’autres domaines. Technique à la portée de la puissance américaine qui peut se permettre de taxer le monde entier pour faire entrer des dollars et répondre ainsi aux promesses de son électorat. Trump pense que les taxes de douane engrangées éviteraient aussi aux Etats-Unis d’emprunter, les taux d’intérêt étant très élevés.
Le plan de Trump est simple : réindustrialiser le pays en attirant les investisseurs étrangers qui seraient exemptés de taxes. En vérité, derrière cette histoire de taxes, il y a la Chine à abattre qui est dans la stratégie des Américains depuis Barak Obama. Car la Chine est le seul adversaire capable de détrôner l’Amérique de la première place dans l’économie. Etrangler donc ce pays par le commerce serait pour Trump plus efficace et sans le risque d’une guerre potentiellement nucléaire. La seule question qui occupe et préoccupe Trump, c’est l’inconnue qui entoure les capacités de résistance de la Chine. Mon petit doigt me dit que la double ignorance de l’Occident sur la profondeur de la vieille civilisation de la Chine qui se conjugue avec la connaissance de l’économie moderne par le pouvoir politique chinois (les dirigeants n’ont pas appris l’économie à Science Po) font de la Chine un pays qui a de grandes capacités de résistance.
La Chine possède un considérable stock de bons de Trésor américain, une arme connue de tout le monde, que la Chine peut sortir à tout moment, mais quand la nécessité devient une règle pour punir l’adversaire sans se tirer une balle dans le pied. Le rapport au temps pour Trump est conditionné par le dollar, alors que les Chinois font plutôt confiance aux milliers de kilomètres de la muraille de leur pays qui régulent le temps insaisissable et qui avance inlassablement. Du reste, on suspecte que la Chine, grâce à ses bons de Trésor américain, serait à l’origine de la démarche d’investisseurs et d’Etats qui, craignant une riposte chinoise, vendent leurs bons américains avant que ceux-ci ne chutent, vu la tempête qui secoue les Bourses du monde. On a remarqué que l’Allemagne a réimporté son or déposé dans les sous-sols de la Banque fédérale américaine. La muraille de Chine déjà citée symbolise et protège le mode de vie de leur société. La Chine a construit une économie de marché qui n’a pas submergé le pouvoir politique comme on le voit en Occident. La Chine a créé ses milliardaires, les tolèrent mais empêche que l’enflure de leur ego ne nuise à la primauté des intérêts collectifs de la société.
En guise de conclusion, il n’est pas inutile de constater que la crise actuelle, qui touche toutes les économies du monde, a été créée, impulsée par une autorité étatique en vue d’atteindre deux objectifs politiques propres aux Etats-Unis. Les crises de 1929 et de 2008 résultaient de considérations propres aux dérèglements des économies de marché et des erreurs des politiques des gouvernements. La particularité de la crise répond à un impératif des Etats-Unis de se débarrasser d’un concurrent, dont ils sentent qu’ils ne peuvent pas vaincre ni même affaiblir à cause de sa puissance économique solidement établie, reposant sur des avancées scientifiques et technologiques indéniables. Le recours à la guerre par les Américains, à l’heure du nucléaire, est trop risqué pour jouer avec le feu. En vérité, ce n’est pas la première fois que le monde connaît une cohabitation entre deux types d’économies, un pied dans le passé et l’autre dans le présent/futur (passage de l’économie féodale à l’économie de marché devenant capitaliste).
De nos jours, nous sommes face à deux économies, celle de l’Occident où l’économie aux mains de la finance a réduit le pouvoir du politique, alors que la Chine et même la Russie maintiennent une tradition héritée de leurs révolutions de 1917 et 1949, à savoir la primauté du politique dans les décisions économiques. Voilà pourquoi les sanctions contre la Russie et même contre l’Iran gênent l’économie de ces pays mais ne les paralysent pas. Ainsi, les contradictions de ce face-à-face ne vont pas disparaître mais trouveront une issue dont seule l’histoire détient le secret.
Un mot sur l’Algérie. Je ne connais pas la nature et le taux de l’import/export entre l’Algérie et les Etats-Unis. Si des lecteurs d’Algeriepatriotique ont ce genre d’informations et les partagent, cela aidera pour que nous puissions nous faire une idée sur les conséquences économiques des décisions américaines sur le pays.
A. A.
1) Article paru dans Algeriepatriotique le 5 février 2025.
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