Sécurité au Sahel  : Le Cemoc aux abonnés absents !

Après la destruction la semaine dernière d’un drone armé ayant violé l’espace aérien au sud du pays, le directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globales (Inesg), Abdelaziz Medjahed, dénonce un grave manquement à la coordination régionale. Il alerte sur les dérives géopolitiques au Sahel, met en cause certains partenaires du Cemoc, et fustige […] The post Sécurité au Sahel  : Le Cemoc aux abonnés absents ! appeared first on Le Jeune Indépendant.

Avr 15, 2025 - 00:43
 0
Sécurité au Sahel  :  Le Cemoc aux abonnés absents !

Après la destruction la semaine dernière d’un drone armé ayant violé l’espace aérien au sud du pays, le directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globales (Inesg), Abdelaziz Medjahed, dénonce un grave manquement à la coordination régionale. Il alerte sur les dérives géopolitiques au Sahel, met en cause certains partenaires du Cemoc, et fustige les campagnes de désinformation visant l’Algérie dans un climat de plus en plus tendu.

Abdelaziz Medjahed a affirmé, ce lundi, sur les ondes de la radio algérienne, que l’engin, dont l’origine exacte reste floue, portait les insignes d’un pays non précisé et avait une « approche hostile ». C’est la troisième incursion de ce type en trois mois. « Les drones ont aujourd’hui une capacité d’action sur des milliers de kilomètres. Il était délicat de l’identifier, surtout en pleine nuit », a-t-il expliqué.

Face à cette incursion, l’Algérie a jugé nécessaire de neutraliser l’appareil, invoquant la souveraineté nationale et la sécurité du territoire, mais cette opération soulève une question centrale : où était le Cemoc, ce Comité d’état-major opérationnel conjoint censé coordonner les actions de sécurité dans la région entre pays membres, dont le Mali ?

« Comment le Mali, membre du Cemoc, n’a pas averti les autres membres qu’une opération de ce type allait se dérouler dans la région ? », s’est interrogé le directeur de l’Inesg. Pour lui, le silence de Bamako laisse penser qu’il s’agissait peut-être d’une opération étrangère, menée à l’insu du comité. « C’est une faille grave dans le dispositif de coopération régionale », insiste-t-il.

La multiplication de ces incidents démontre, selon lui, une détérioration inquiétante des mécanismes de coordination entre États sahéliens, alors même que la région fait face à une instabilité chronique alimentée par le terrorisme, les trafics de drogue, et des jeux d’influence géopolitiques.

« La crise au Sahel dure depuis plus de 50 ans », rappelle M. Medjahed. Pour lui, les raisons sont multiples : conflits d’intérêts, diplomatie de connivence, ingérences étrangères, et alliances parfois troubles entre certains acteurs locaux et puissances extérieures.

 

Le Maroc, vrai fournisseur du chaos

Malgré cela, l’Algérie affirme tenir une ligne diplomatique cohérente. « Nous avons toujours respecté les lois et les accords régionaux. Nos positions sont conformes aux règles internationales », assure le responsable. Il dénonce toutefois une campagne de désinformation et de manipulation visant à ternir l’image de son pays.

Sans détour, M. Medjahed s’est attaqué au Maroc, qu’il accuse de vouloir détourner l’attention des véritables enjeux dans la région. « Quand un représentant marocain à l’ONU accuse l’Algérie d’être le parrain du terrorisme, on est dans le grotesque », déclare-t-il. Il rappelle que le Maroc a par le passé sollicité son intégration à l’Union européenne et aurait demandé le protectorat. « Comment peut-on prendre au sérieux de telles accusations de la part d’un pays qui est le principal fournisseur de drogue dans la région, drogue qui alimente justement le terrorisme ? », tonne-t-il.

Selon lui, le Maroc mène une stratégie de diversion visant à semer la confusion. « Il y a falsification des faits, déformation des positions. L’Histoire est pourtant claire : l’Algérie a toujours œuvré pour l’émancipation de l’Afrique », rappelle-t-il, citant les figures historiques, comme Massinissa, Jugurtha, Frantz Fanon ou Mohamed Seddik Benyahia.

Loin de se limiter à une simple mise au point, Medjahed lance un appel : « Il est temps que les instances internationales prennent leurs responsabilités. Le deux poids deux mesures, qu’on observe face au génocide en cours à Gaza, n’est plus tenable ».

Pour lui, seule une coopération régionale sincère et une solidarité internationale active permettront d’enrayer la spirale de violences dans le Sahel. Dans un contexte où 22 États opèrent dans la région, dont cinq membres permanents du Conseil de sécurité, six des BRICS et dix-neuf membres de l’OTAN, il insiste sur la nécessité d’une coordination réelle et efficace.

L’Algérie, conclut-il, continuera à défendre ses frontières, mais aussi ses principes. « Nous sommes dans une région sensible. Le rôle du Cemoc est justement de prévenir ce genre d’incident. Si chacun joue son rôle, cela n’arriverait pas. Sinon, c’est l’avenir de toute la région qui est en jeu. »

 

The post Sécurité au Sahel  : Le Cemoc aux abonnés absents ! appeared first on Le Jeune Indépendant.