Insupportable

Comme dans tout type de relations, se montrer trop conciliant et laxiste peut avoir le plus néfaste des effets. C’est ce que l’on observe depuis plusieurs mois déjà dans le cas de la relation privilégiée de la nouvelle administration américaine et du gouvernement actuel israélien. Car si l’alliance entre les États-Unis et Israël a des […]

Juin 11, 2025 - 01:46
 0
Insupportable

Comme dans tout type de relations, se montrer trop conciliant et laxiste peut avoir le plus néfaste des effets. C’est ce que l’on observe depuis plusieurs mois déjà dans le cas de la relation privilégiée de la nouvelle administration américaine et du gouvernement actuel israélien. Car si l’alliance entre les États-Unis et Israël a des racines historiques, la Maison-Blanche a su souvent se montrer ferme face à Tel-Aviv lorsque cela s’est avéré nécessaire. Ce fut le cas durant les présidences de Bill Clinton, Georges W. Bush, Barack Obama ou encore de Joe Biden. Mais avec Donald Trump, l’État hébreu profite d’une complaisance absolue. Ce fut déjà le cas lors de son premier mandat. Mais aujourd’hui, avec la guerre à Ghaza, le gouvernement profite d’une indulgence coupable de la Maison-Blanche, dénoncée jusqu’en Israël. De nombreuses voix s’élèvent en effet dans le petit État du Proche-Orient pour dénoncer la «complicité» de Donald Trump, qui plutôt que de forcer la main de Netanyahu à faire preuve de mesure et de bon sens, le laisse libre de continuer sa folle entreprise de destruction. Les responsables politiques israéliens sont déjà nombreux à avoir critiqué le Premier ministre israélien et aujourd’hui c’est au tour d’un ancien Chef du gouvernement d’en appeler au président américain. Donald Trump devrait dire «Assez, c’est assez», estime l’ancien Premier ministre israélien Ehoud Olmert, dénonçant la poursuite «criminelle» de la guerre à Ghaza pour «des intérêts personnels» et plaidant pour une solution à deux États, unique garantie de paix durable selon lui. Les États-Unis ont davantage d’influence sur le gouvernement israélien que «toutes les autres puissances réunies», a plaidé Ehoud Olmert, qui fut Premier ministre d’Israël de 2006 à 2009, estimant que Donald Trump «peut faire la différence». Il s’en est pris à Netanyahu, pour avoir «totalement échoué» à protéger son peuple lors de l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 54 restent retenues à Ghaza, dont au moins 32 mortes, selon les autorités israéliennes. Plus de 54 880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne de représailles à Ghaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Pour Ehud Olmert, si la communauté internationale a soutenu au départ le droit d’Israël à se défendre, les choses ont changé depuis mars 2025 lorsque Benyamin Netanyahu, tributaire des partis d’extrême droite au sein de sa majorité, a intensifié la guerre «pour des intérêts personnels». «Si une guerre ne sauve pas les otages, ne parvient pas à éradiquer ce qu’ils ont déjà fait contre le Hamas au cours de ces 20 mois de combats incessants, et si, en conséquence, des soldats sont tués, des otages peut-être tués et des Palestiniens innocents non impliqués sont tués, alors à mon avis, c’est un crime», a-t-il asséné. «C’est quelque chose qui doit être condamné (…) c’est totalement insupportable», a ajouté Ehoud Olmert, issu du même parti, le Likoud, que son successeur et rival de longue date Benyamin Netanyahu. «Ce que nous attendons, c’est que le président Trump convoque Netanyahu (…) dans le Bureau ovale face aux caméras» et qu’il lui dise, en le surnommant, «comme il le fait habituellement : “Bibi, ça suffit”», a dit Ehoud Olmert. «Rien n’est impossible avec Trump». S’il y a quelques semaines, Donald Trump avait critiqué sèchement son «partenaire» russe Vladimir Poutine, l’accusant de ne pas vouloir mettre fin à la guerre en Ukraine et d’être «fou», après l’avoir pourtant loué à de nombreuses reprises, il est fort improbable qu’il opère la même volte-face avec son «ami» Netanyahu, qui assuré du soutien «inconditionnel» du président américain, se permet toutes les outrances, invitant à se demander si la loyauté de Trump est vouée à l’État israélien, dont l’image se détériore partout du fait de la politique de son Premier ministre, ou uniquement à Netanyahu que plus personne ne semble pouvoir arrêter dans son projet d’anéantissement.