La désillusion
Par Anouar Macta – Les accords d’Abraham n’ont jamais été pensés comme une base commune d’égalité et de coopération. Ils sont le rappel d’une hiérarchie imposée : Israël commande. L’article La désillusion est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par Anouar Macta – Lorsque les accords d’Abraham ont été signés entre Israël et plusieurs pays arabes, on les a présentés comme une nouvelle ère de coopération économique, industrielle et culturelle. Mais aujourd’hui, après les frappes israéliennes contre le Qatar, un constat amer émerge : ces accords n’étaient pas une ouverture vers le partage et l’échange, mais bien l’acceptation implicite d’Israël comme maître régional.
Les Etats qui ont normalisé avaient cru à un pacte tacite : la protection américaine en échange de relations apaisées et de bénéfices commerciaux avec Israël. Or, la réalité est tout autre. Israël ne se positionne pas en partenaire, mais en puissance dominante. Washington paraît en retrait, pendant que Tel-Aviv impose sa loi par la force et rappelle que toute politique contraire à ses intérêts sera sanctionnée. Le message est clair : demain, si l’Arabie Saoudite venait à se rapprocher de l’Iran, Israël s’estime légitime à frapper.
Plus encore, Israël a noué des contacts avec diverses oppositions politiques et communautaires de la région – maronites au Liban, druzes en Syrie, Kurdes en Turquie, etc. Autant de leviers prêts à être actionnés pour déstabiliser ou faire pression sur les Etats signataires. En cela, Israël n’a jamais signé un «chèque en blanc» : sa stratégie vise à verrouiller son influence et à prévenir tout contrepoids régional.
Les dirigeants arabes n’ont pas perçu le sens réel de ces accords. Même le choix du nom – «accords d’Abraham» – porte une charge symbolique lourde. Dans la tradition juive, Isaac est considéré comme le fils légitime, tandis qu’Ismaël, ancêtre des Arabes, est présenté comme le fils d’une servante. Ce n’est donc pas une tentative de réconciliation fraternelle, mais une affirmation d’autorité et de légitimité historique.
Au fond, les accords d’Abraham n’ont jamais été pensés comme une base commune d’égalité et de coopération. Ils sont le rappel d’une hiérarchie imposée : Israël commande, les autres doivent exécuter. Et peut-être, ironie de l’histoire, que ce calcul israélien finira par renforcer l’Iran, en soudant autour de lui une véritable coalition régionale. Un renversement d’alliances qui rappellerait que l’histoire, souvent, a le goût du retour.
A. M.
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