Le risque de récession de l’économie mondiale 2025 : tirer les leçons de la crise de 1929 et celle de 2008
Professeur des universités, expert international docteur d’Etat en sciences économiques 1974 – Abderrahmane MEBTOUL Impactant la majorité des pays surtout l’Afrique, le 08 avril 2025, comme effet de l’annonce de la hausse des tarifs douaniers décidés par le président Trump, il y a eu panique au niveau de toutes les bourses mondiales , les indices […] The post Le risque de récession de l’économie mondiale 2025 : tirer les leçons de la crise de 1929 et celle de 2008 appeared first on Le Jeune Indépendant.
Professeur des universités, expert international docteur d’Etat en sciences économiques 1974 – Abderrahmane MEBTOUL Impactant la majorité des pays surtout l’Afrique, le 08 avril 2025, comme effet de l’annonce de la hausse des tarifs douaniers décidés par le président Trump, il y a eu panique au niveau de toutes les bourses mondiales , les indices de la bourse de Paris baissant de 4,7%, -4,1%, pour la bourse de Francfort, pour les bourses asiatiques où Shanghai s’est effondrée de 11%.et depuis le 2 avril 2O25 , l’indice élargi S&P 500, le principal à Wall Street, a chuté de près de 11% et a effacé plus de 5.300 milliards de dollars de capitalisation boursière, les investisseurs anticipant alors des hausses de prix dans quasiment tous les secteurs et comme valeur refuge l’once d’or atteint un niveau historique 3O25 dollars l’once.
Cela a eu un impact à la fois sur les épargnes des épargnes placés en actions ou obligations et sur les hydrocarbures, le 09/04/2O25 durant la matinée, le pétrole ayant été côté les 9 avril 2O25 à 61,62 dollars le Brent 57,79 dollars le Wit, une première depuis avril 2021, dans un marché inquiet pour la demande mondiale en raison de la guerre commerciale, surtout si le droit de la Chine de 1O4% est appliqué et pour gaz 36,54 dollars le mégawattheure apres avoir dépassé les 5O dollars. Je rappelle que les USA sont devenus le premier producteur mondial avec plus de 13 millions de barils jour devant la Russie et l’Arabie Saoudite avec entre 1O et 11 millions barils et exportateur important de GN, l’OPEP représentant 33% de la production commercialisée mondiale et l’OPEP+ avec le rôle déterminant de la Russie et de l’Arabie Saoudite, les autres pays étant marginaux, environ 5O% et donc 5O% se faisant hors OPEP. D’où l’importance du devoir de mémoire devant tirer les leçons du passé et donc de comprendre l’essence tant de la crise de 1929 que celles de 2008/2OO9, tenant compte des nouveaux rapports sociaux et des bouleversements mondiaux. (Pour les crises de 1929 et 2OO8 – extrait d’un séminaire de doctorat donné en 2O18 par le professeur Abderrahmane Mebtoul et de plusieurs conférences internationales)
Comprendre l’essence de la crise de 1929
Le krach de 1929 est consécutif à une bulle spéculative, dont la genèse remonte à 1927. La bulle fut amplifiée par le nouveau système d’achat à crédit d’actions, les investisseurs pouvant acheter des titres avec une couverture de seulement 10%. Le taux d’emprunt dépend du taux d’intérêt à court terme ; la pérennité de ce système dépend donc de la différence entre le taux d’appréciation des actions et ce taux d’emprunt. C’est le 24 octobre 1929 que la fameuse crise se déclencha aux Etats-Unis ; on appela ce jour le «jeudi noir» ou Black Thursday ? Le krach boursier de Wall Street plongeant l’économie américaine et l’économie mondiale dans la tourmente et ce, malgré l’apparente santé de l’économie américaine dont les bases de sa croissance étaient pourtant faibles.
A la mi-octobre 1929 l’annonce de la baisse des bénéfices des industries poussa les spéculateurs à vendre leurs actions pendant que le cours de Wall Street était encore élevé. Cette vente entraîne une chute encore plus rapide des actions, plus de 16 millions de titres seront bradés sur le marché, sans trouver toutefois preneur. Les épargnants paniquent et se précipitent auprès de leur banque pour retirer leur argent. Bientôt des centaines de milliers d’actionnaires se trouvèrent ruinés ; les banques ne purent se faire rembourser leurs crédits et les épargnants retirent leur argent de leurs comptes.
Un grand nombre de banques n’ayant pas les moyens de rembourser, leurs clients furent faillites. Pour s’en sortir le seul moyen des banques furent de stopper les prêts à l’étranger et de réclamer le remboursement de ceux déjà effectués. De plus les capitaux américains cessent de circuler autour de la planète, la conséquence inévitable fut l’expansion de la crise à l’ensemble des pays industrialisés. Entre le 22 octobre et le 13 novembre 2009, l’indice Dow Jones passe de 326,51 à 198,69 (39%), ce qui correspond à une perte virtuelle de 30 milliards de dollars, dix fois le budget de l’État fédéral américain de cette époque. Par un effet de dominos, c’est l’ensemble de la Bourse qui s’effondre, et la chute de 1930 à 1932 est supérieure à celle de l’année 1929.
Le 8 juillet 1932, le Dow Jones tombe à 41,22, son plus bas niveau depuis sa création en 1896. La baisse des prix fut générale et atteignit environ 30% de 1929 à 1932. Suite à la hausse des taux d’intérêt en avril 1929, lorsque survient la première stagnation des cours, le remboursement des intérêts devient supérieur aux gains boursiers et l’économie réelle montre des signes de faiblesses : ainsi, la production automobile chute de 622 000 véhicules à 416 000 entre mars et septembre et la production industrielle recule de 7% entre mai et octobre. Ce ralentissement est en partie dû à un phénomène d’asphyxie : les capitaux disponibles accourent à la bourse plutôt que vers l’économie «réelle» La perte de confiance due à la crise boursière affecte la consommation et les investissements lors des mois suivant le krach.
Les crédits se tarissant, la consommation, l’investissement et la production continuent de chuter, le chômage explose (de 1,5 millions à 15 millions en 1933), et la crise bancaire devient une crise économique en 1931. Les mesures protectionnistes telles que la loi Hawley-Smoot de 1930 sur les droits de douane, favorisent la propagation de la crise à toutes les économies occidentales à partir de 1931. Début 1933 les profondes crises sociales et économiques favorisent les interventions publiques et la naissance de différents fascismes européens. Début 1933 la crise était au plus haut aux Etats-Unis, le nouveau président, fraîchement élu, Franklin D. Roosevelt, lança le New Deal (intervention accrue de l’Etat, infrastructure pour lutter contre le chômage, assainissement des finances).
La dépression recula un peu, mais c’est surtout l’entrée en guerre des Etats-Unis grâce aux dépenses militaires qui la fit disparaître en 1941. En Allemagne et en France on adopta aussi les théories de Keynes : les dépenses publiques devaient compenser le manque d’investissements privés. En 1934 le gouvernement de Laval décida le blocage du salaire des fonctionnaires ; les résultats économiques furent infimes, mais l’agitation sociale s’en trouva renforcée. L’extrême droite française s’était aussi renforcée, mais le Front populaire face à cette crise remporte les élections en 1936. En Allemagne la crise avait permis à un homme de parvenir au pouvoir : Adolf Hitler et en Italie Mussolini.
2 – Qu’en est-il de la crise d’octobre 2008 ?
Entre le 02 janvier et le 20 novembre 2008 les plus grandes places financières ont perdu presque la moitié de leur capitalisation soit environ 35.000 milliards de dollars soit plus de deux fois le produit intérieur brut américain de 2007, touchant presque tous les pays puisque Moscou pour la même période a perdu 72% de sa capitalisation et les dirigeants asiatiques japonais, chinois, indiens disent ouvertement maintenant que la crise les atteint. Existent bon nombre de similitudes entre la crise d’octobre 1929 et celle d’octobre 2008 : boom économique précédent la crise, endettement croissant et divorce entre la sphère réelle et financière, répercussion sur la sphère réelle avec la chute des valeurs technologiques (idem pour le parc transport, notamment le segment automobiles. Ainsi en octobre 2008, les ventes de voitures ont dégringolé aux USA de 32% par rapport à la même période de 2007.
Les volumes sont passés sous la barre des 900 000 véhicules pour la première fois depuis 1993, le constructeur américain Ford ayant annoncé une réduction supplémentaire de 10% de sa masse salariale aux Etats-Unis en même temps qu’une perte de 129 millions de dollars au troisième trimestre. Au quatrième trimestre 2008, le sidérurgiste va diminuer l’ensemble de sa production de 35%. L’Europe, où la situation est généralement «plus difficile» qu’ailleurs, est particulièrement touchée. Il s’ensuit une baisse du niveau de consommation des ménages et un signe inquiétant du début de licenciement.
Mais à la différence de 1929 existe une nette volonté de régulation des Etats, comme en témoigne, pour juguler la crise de 2OO8/2OO9 la socialisation des pertes de certaines banques la rapidité des interventions des banques centrales que ce soit la FED américaine, la banque centrale européenne, la banque d’Angleterre, japonaise, russe, chinoise et indienne de coordination pour briser le cercle vicieux du manque de confiance, prêts interbancaires bloqués qui constitue l’élément vital de fonctionnement de l’économie mondiale. Car, la FED américaine avait avant la crise récente de 2OO9 avait un taux directeur de (2%) et le 8 octobre 2008 à 1,5% et ramené le 31 octobre 2008 à 1% ; idem pour le taux européen, (BCE) il était de 4,50%, a baissé de 4,25%, venant d’être ramené à 3,75% depuis le 8 octobre 2008 et le taux de la banque d’Angleterre qui était de 5% et a été ramenée depuis le 8 octobre 2008 à 4,50% et à 3% le 6 novembre 2008.
Le taux directeur de la banque centrale du Japon (BoJ) est resté inchangé depuis février 2002 avec un taux directeur à 0,50%, et a été ramené depuis le 31 octobre 2008 à 0,30%. Aussi , à la différence de 1929, nous avons une interconnexion de plus en plus poussée des différents pays à l’économie mondiale supposant paradoxalement une propagation plus rapide de la crise, mais également sa résolution progressive.
3 – Les leçons de la crise de 2OO8
Durant cette période, avec les banqueroutes répétées, le crédit interbancaire source de l’expansion de l’économie mondiale a eu tendance à s’assécher surtout au niveau des banques d’affaires qui ont connu une expansion inégalée. Car , à la différence d’une banque universelle, une banque d’affaires n’a pas la possibilité, en cas de conditions de marché difficiles, de s’appuyer sur les dépôts des particuliers pour lever des fonds pour le court terme, bien qu’elles continuent à émettre des dettes à court terme pour financer leur activité. Or, de plus en plus les établissements financiers auprès desquels les banques d’affaires se refinancent, refusent en période de crise de prêter par manque de confiance dans la capacité de remboursement de ces banques. C
‘est cette situation qui a poussé le FMI a adoucir sa position monétariste et la FED à injecter plusieurs centaines de milliards de dollars de liquidités sur les marchés et à étendre les accords de «swaps» avec ses homologues européens, japonais, britannique et suisse. C’est que l’accord swap permet aux banques centrales de se prêter réciproquement des liquidités à court terme pour stabiliser le système financier de son pays. Au niveau des marchés financiers nous avons deux types de détention d’actions.
La détention directe (ceux qui les détiennent en propres) et la détention indirecte (ceux qui les détiennent par le biais d’un intermédiaire : organismes de gestion, sociétés d’assurances-vie, caisses de retraite, SICAV). Le fait nouveau réside dans la modification rapide et importante du type d’actions détenues par les ménages. La détention directe d’actions devient minoritaire, pendant que la détention indirecte s’est fortement développée avec le développement des fonds de pension contrôlant une partie de Wall Street .
Mais ce système financier accuse bon nombre de dysfonctionnements qui ont été concrétisées à travers la crise des prêts hypothécaires (subprimes ) en août 2007, crise qui s’est propagée à l’ensemble des bourses mondiales avec des pertes estimées à plusieurs milliers de milliards de dollars que je résume en cinq étapes : les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties, à des taux d’intérêts élevés ; diffusion des mauvaises créances dans le marché : pour évacuer les risques, les banques «titrisent» leurs créances, c’est-à-dire qu’elles découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché. La mondialisation a fait le reste, en diffusant ces titres à risque dans les portefeuilles d’investisseurs de toute la planète.
Les fonds spéculatifs (hedge funds) ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements (jusqu’à 30% par an), et faire jouer l’effet de levier, les hedge funds empruntant jusqu’à 90% des sommes nécessaires ; retournement du marché immobilier américain : vers fin 2005, les taux d’intérêts américains ont commencé à remonter alors que le marché financier s’essoufflait.
Des milliers de ménages ont été incapables d’honorer leurs remboursements entraînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont achetés les titres obligataires ont vu leur valeur s’effondrer d’où la crise de confiance : les banques se sont retrouvées dans une situation ou comme dans un jeu de poker, elles savent ce qu’elles ont dans leur bilan, mais pas ce qui se trouve dans celui des autres car ces mauvais crédits immobiliers ont été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait quelle est la répartition du risque d’où une grave crise de confiance et depuis juillet 2007, cette situation a fait chuter les bourses et paralysé le marché interbancaire, les banques ne se prêtant plus o craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge et en dernier lieu , intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché, les banque centrales en injectant plusieurs centaines de milliards de dollars et d’euros de liquidités.
En conclusion, comprendre les crises périodiques qui secoue le système mondial implique de les replacer dans leur contexte historique et d’analyser les stratégies d’adaptation notamment pour la période contemporaine avec l’entrée en puissance des nouvelles technologies à travers Facebook qui contribuent à refaçonner les relations sociales, les relations entre les citoyens et l’Etat, par la manipulation des foules, pouvant être positif ou négatif lorsqu’elle tend à vouloir faire des sociétés un Tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des Nations à travers leur histoire.
Ces nouvelles dictatures peuvent conduire à effacer tout esprit de citoyenneté à travers le virtuel, l’imaginaire et la diffusion d’images avec pour conséquence une méfiance accrue vis-à-vis des discours officiels. Le monde ne sera plus jamais comme avant confronté à des évènements futurs, les cyberattaques, supposant la maîtrise de la transition numérique, le réchauffement climatique, avec la crise de l’eau enjeu du XXIème siècle pouvant conduire à des conflits.
Espérons le dialogue, au lieu des conflits, dans toutes les contrées du monde, afin de promouvoir l’esprit de paix et de tolérance. Tout cela nécessite en ce XXIe siècle la promotion de la culture, celle-ci étant le fondement du dialogue des civilisations, source d’enrichissement mutuel, où chaque Nation devra concilier la modernité et ses traditions. C’est que l’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémistes ont prévalu. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique, que de défense, actions liées, se posent, l’urgence d’une coordination qui devrait être internationale et régionale, le but étant d’agir efficacement sur les événements majeurs afin de faire de notre monde, un lac de paix et de prospérité partagée. ademmebtoul@gmail.com
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