Mascara: Le moudjahid Saïd Stambouli se remémore son parcours militant aux côtés du martyr Ahmed Zabana
Le moudjahid Saïd Stambouli se remémore avec fierté son parcours militant aux côtés de son compagnon, le martyr-symbole Ahmed Zabana, durant la phase de préparation et de déclenchement de la glorieuse guerre de Libération nationale. Dans une déclaration à l’APS, à la veille du 69e anniversaire de l’exécution du héros Ahmed Zabana à la guillotine […]

Le moudjahid Saïd Stambouli se remémore avec fierté son parcours militant aux côtés de son compagnon, le martyr-symbole Ahmed Zabana, durant la phase de préparation et de déclenchement de la glorieuse guerre de Libération nationale. Dans une déclaration à l’APS, à la veille du 69e anniversaire de l’exécution du héros Ahmed Zabana à la guillotine par le colonisateur français (le 19 juin 1956), le moudjahid Stambouli, âgé de 92 ans, a rappelé que sa première rencontre avec le martyr eut lieu après la libération de ce dernier de prison, en août 1953. Il a souligné s’être inspiré de lui pour s’engager dans la lutte politique contre l’occupation française. Depuis la région de Zahana (wilaya de Mascara), il a indiqué avoir travaillé avec le martyr Zabana dans une usine de ciment située à «Djeniene Meskine» (Mascara), dans l’atelier de forge, témoignant du patriotisme de ce dernier et de son grand enthousiasme pour la lutte armée en vue de recouvrer la souveraineté nationale. Le moudjahid Stambouli se souvient du jour où le martyr Zabana l’a informé, en juillet 1954, de la nécessité de s’apprêter à participer à la préparation de la guerre de Libération dans la région ouest du pays. Il a ajouté que le 15 août 1954, une réunion s’est tenue dans une grotte appelée «Ghar Boudjelida», dans la commune d’El Gaâda (Mascara), en présence de 13 moudjahidine, au cours de laquelle le martyr Benabdelmalek Ramdane leur annonça les préparatifs au déclenchement de la Révolution, après la réunion historique du Groupe des 22 à Alger. Saïd Stambouli a précisé que le martyr Zabana n’avait pas pu assister à cette réunion, étant occupé à préparer des bombes artisanales dans la région de Hassi El Ghella (wilaya de Aïn Témouchent), ajoutant que Benabdelmalek Ramdane fit prêter serment aux présents de s’engager dans la Révolution et de se sacrifier, en jurant main posée sur un exemplaire du saint Coran, apporté par le moudjahid Beddida Mohamed, enseignant du Coran à Zahana. Il a indiqué également que le martyr Zabana lui ordonna, avec un groupe de moudjahidine de la première heure, de se préparer à lancer la première opération militaire, en même temps que le déclenchement de la Révolution, le 1er novembre 1954. Le martyr Zabana mena, le 4 novembre 1954, l’une des premières opérations militaires réussies dans la forêt «Moulay Smaïl» (ex-Lamardo), dans la commune de Oggaz. Après cette opération, au cours de laquelle ils réussirent à s’emparer d’armes et de bombes, le groupe de moudjahidine, dont faisait partie Stambouli, se réfugia à nouveau dans la grotte de «Ghar Boudjelida», mais l’armée coloniale repéra leur position et lança, le 8 novembre 1954, une bataille inégale qui se solda par l’arrestation d’Ahmed Zabana et de ses compagnons, dont la plupart furent blessés. Le moudjahid a noté également la mort en martyr de Abdelkader Brahmi, lors de cette confrontation. Il a indiqué qu’il ne peut oublier les conditions de son arrestation avec le martyr Zabana et d’autres moudjahidine, après la bataille de «Ghar Boudjelida». Ils furent transférés à la région de Oued Tlelat, puis à Oran, où ils subirent toutes sortes de tortures pendant plusieurs jours dans la prison militaire d’Oran. Après un simulacre de procès, il fut transféré à la prison militaire de Chlef, où il resta jusqu’à sa libération, en avril 1962, après le cessez-le-feu. Quant à Ahmed Zabana, il fut exécuté à la guillotine par le colonisateur français à la prison Barberousse (actuellement Serkadji) à Alger, le 19 juin 1956, devenant ainsi le premier martyr passé à la guillotine, lors de la glorieuse Révolution. Avant son exécution, le martyr Zabana adressa une lettre émouvante à sa mère et à ses proches, dans laquelle il écrivit : «Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière. Dieu seul le sait. Si un malheur devait m’arriver, n’abandonnez jamais l’espoir en la miséricorde divine. Ne croyez pas que c’est la fin, car mourir pour Dieu, c’est vivre éternellement. Mourir pour la patrie est un devoir, et vous avez rempli le vôtre en sacrifiant l’être qui vous est le plus cher. Ne pleurez pas ma mort, mais soyez fiers de moi». Et Il conclut : «Recevez les salutations d’un fils et d’un frère qui vous a toujours aimés, comme vous l’avez toujours aimé. Ce sont peut-être mes dernières salutations à vous, ô ma mère, mon père, à Noura, Houari, Halima, Habib, Fatima, Kheira, Salah, Diniya, et toi, mon cher frère Abdelkader, ainsi qu’à tous ceux qui partagent votre chagrin».
L. Y. /APS