Prise en charge des femmes victimes de violence  : Des mécanismes à outiller pour plus d’efficacité

À la suite des décisions prises lors du dernier Conseil des ministres, où la question de la femme a occupé une place importante, contactée par le Jeune Independent, Nadia Aït Zaï, avocate et directrice du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (CIDDEF), a salué les orientations du président de la […] The post Prise en charge des femmes victimes de violence  : Des mécanismes à outiller pour plus d’efficacité appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juin 18, 2025 - 00:34
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Prise en charge des femmes victimes de violence  :  Des mécanismes à outiller pour plus d’efficacité

À la suite des décisions prises lors du dernier Conseil des ministres, où la question de la femme a occupé une place importante, contactée par le Jeune Independent, Nadia Aït Zaï, avocate et directrice du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (CIDDEF), a salué les orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mais il a toutefois appelé les institutions à impliquer directement la société civile pour l’élaboration de mesures efficace.

Nadia Aït Zaï a, d’emblée, salué « la volonté constante et sincère du président de la République, qui œuvre à apporter des solutions ainsi que l’élaboration de mesures efficaces pour assurer la prise en charge des femmes victimes de violences et en situation de vulnérabilité ». Elle a ajouté que « le Président est cohérent dans ses positions. Il a toujours affiché une volonté politique de protéger la femme, et cela se reflète dans ses déclarations mais aussi dans sa volonté de trouver des solutions concrètes qu’il met en avant dans ces programmes ».

Toutefois, elle a estimé qu’« il est essentiel que cette volonté politique se traduise concrètement sur le terrain. Les institutions doivent maintenant prendre le relais pour mettre en œuvre des actions réelles, structurées et durables ».

C’est dans cette optique que la directrice du CIDDEF a lancé un appel au ministère de la Solidarité, de la Famille et de la Condition féminine pour que les représentants de la société civile soient « intégrés dans le processus de réflexion pour l’élaboration et la mise en place de mesures efficaces »,

Fidèle à son combat de toujours pour une approche inclusive, Mme Aït Zaï a souligné l’importance d’associer les associations et les structures de la société civile. Elle a ajouté qu’« il faut aller plus loin, inclure également les associations dans l’organigramme, leur donner une place structurelle. Car ce sont elles qui sont en contact direct avec les femmes victimes de violences, ce sont-elles qui connaissent les réalités du terrain. Leur expertise est incontournable si l’Etat veut vraiment trouver des solutions pérennes à cette problématique ».

Elle a tenu à préciser que cette démarche est « primordiale et inévitable », assurant que « c’est une condition fondamentale pour garantir que les mesures soient efficaces et adaptées à la réalité vécue par les femmes ».

Evoquant la relance du numéro d’urgence 15-15 destiné aux femmes victimes de violences, Nadia Aït Zaï a reconnu qu’il s’agit d’un pas important. « Certes, c’est une bonne chose. Mais il faudrait maintenant aller au-delà du simple numéro. Cette cellule d’écoute doit être pleinement outillée », a-t-elle souligné.

Mme Aït Zaï a ainsi relevé l’importance de la constitution d’équipes pluridisciplinaires, expliquant qu’« il faut des psychologues, des juristes, des assistantes sociales et un personnel formé à l’écoute et à l’intervention dans les situations d’urgence. Sans cela, ce dispositif risque de rester symbolique ». Elle a affirmé qu’« une simple ligne téléphonique ne suffit pas. Il faut optimiser tout le circuit de la prise en charge ».

Elle a également lancé un appel aux autorités concernées pour un autre dossier qui lui tient à cœur et pour lequel les associations se battent depuis des années, celui de la mise en place d’un guichet unique. L’avocate a martelé qu’« il faut un guichet qui centralise les services afin d’éviter aux femmes de courir entre différentes administrations. C’est indispensable pour assurer une véritable protection des femmes victimes de violences ou en situation de vulnérabilité ». Elle a expliqué que cela serait avant tout « un point d’entrée centralisé qui évite aux victimes de devoir frapper à mille portes. C’est un besoin essentiel, qui n’a que trop tardé à être mis en place », insistant sur le fait qu’il s’agit d’« un besoin urgent », pour garantir un accompagnement global, humain et efficient ».

Par ailleurs, le Conseil des ministres a également abordé le rôle de la femme dans l’économie nationale, notamment à travers le programme de la famille productive. « Ce programme doit devenir un levier de libération pour la femme algérienne, dans le respect de nos traditions », avait déclaré le chef de l’Etat, appelant à « l’émergence d’un bloc économique féminin influent dans la société ».

Sur ce point, Nadia Aït Zaï partage l’ambition présidentielle, tout en appelant à davantage de réalisme. Affirmant que « certes, il est positif de vouloir promouvoir l’indépendance économique de la femme, mais il faut prendre conscience des chiffres, seulement 3 millions de femmes travaillent, sur plus de 22 millions de personnes en âge de travailler ». En outre, tout en relevant l’importance de soutenir l’insertion professionnelle des femmes, l’avocate a insisté sur le fait que la promotion de l’indépendance économique de la femme ne peut se faire sans réformes structurelles. Elle a ainsi soutenu qu’« il faut des mesures politiques compatibles avec les réalités des femmes dans notre société ». « Le travail ne doit pas être une précarité déguisée mais un levier d’émancipation pour les femmes, surtout pour qu’elle puisse construire un véritable un projet de vie », a-t-elle conclu.

 

 

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