Scandale d’espionnage au Sahel : Niamey rompt sa coopération sécuritaire avec Rabat

La découverte d’une collaboration opaque entre le Maroc « makhzaniste » et une société privée française, suspectée d’être un paravent des services de renseignement français, pousse le Niger à mettre fin à un partenariat sécuritaire jugé compromis. Un nouvel épisode qui expose les manœuvres du tandem franco-marocain dans la région Un coup de théâtre diplomatique et sécuritaire […]

Août 13, 2025 - 12:50
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Scandale d’espionnage au Sahel : Niamey rompt sa coopération sécuritaire avec Rabat

La découverte d’une collaboration opaque entre le Maroc « makhzaniste » et une société privée française, suspectée d’être un paravent des services de renseignement français, pousse le Niger à mettre fin à un partenariat sécuritaire jugé compromis. Un nouvel épisode qui expose les manœuvres du tandem franco-marocain dans la région

Un coup de théâtre diplomatique et sécuritaire vient de frapper le Sahel. Selon des sources concordantes proches des autorités de transition à Niamey, le Niger a décidé de suspendre avec effet immédiat toute coopération en matière de renseignement et de sécurité avec le Royaume du Maroc.

La raison invoquée est d’une extrême gravité : la mise au jour d’une « collaboration scandaleuse » entre l’entité marocaine partenaire et une société de sécurité privée française, qui aurait servi de canal pour une ingérence étrangère.

Cette décision radicale, qui rebat les cartes des alliances sécuritaires dans une région en pleine effervescence, met en lumière ce que de nombreux observateurs qualifient de « double jeu » marocain et de plan machiavélique de la France pour maintenir son influence au Sahel par des voies détournées.

La « collaboration de la trahison »

Au cœur de l’affaire se trouve un partenariat qui devait, en théorie, s’inscrire dans un cadre de coopération Sud-Sud pour lutter contre les groupes terroristes.

Cependant, les services nigériens auraient découvert que les informations sensibles partagées avec leur partenaire marocain faisaient l’objet d’une analyse et d’un traitement conjoints avec une société privée française.

Cette dernière, bien que se présentant comme un acteur commercial indépendant, a rapidement soulevé des soupçons. Des vérifications approfondies auraient révélé des liens étroits entre ses dirigeants et les services de renseignement extérieur français (DGSE).

Pour Niamey, le constat est sans appel : le Maroc aurait agi comme un cheval de Troie, permettant à la France, dont l’armée a été chassée du territoire nigérien, de conserver un accès indirect à des renseignements stratégiques sur le Sahel.

« C’est une violation flagrante de la confiance et de la souveraineté nationale », a confié une source sécuritaire nigérienne sous couvert d’anonymat. « Nous pensions collaborer avec un pays africain frère, nous découvrons qu’il servait de relais pour des intérêts néocoloniaux que notre peuple a rejetés. »

L’Étonnante Naïveté Nigérienne ?

Si la découverte est choquante, une question s’impose : comment les autorités nigériennes ont-elles pu s’engager dans une coopération aussi sensible avec le Maroc ? Pour de nombreux analystes régionaux, la surprise n’est pas tant le scandale lui-même que le choix initial de Niamey.

Le passif du Maroc dans la région est lourd. Son agenda politique, souvent déconnecté des dynamiques purement africaines, est historiquement et profondément aligné sur des puissances occidentales, en premier lieu la France et les États-Unis.

Le Makhzen n’a jamais été un champion de la solidarité Sud-Sud authentique, privilégiant des initiatives de façade qui servent avant tout ses propres ambitions hégémoniques et ses alliances extérieures.

Sa diplomatie agressive, son rôle trouble dans certaines déstabilisations régionales et son faible ancrage dans les nouvelles dynamiques de souveraineté prônées par l’Alliance des États du Sahel (AES) auraient dû constituer autant de signaux d’alarme.

Pour la France, c’est un échec cuisant. L’affaire démontre sa difficulté à accepter la nouvelle réalité sahélienne et sa persistance à vouloir contourner la volonté souveraine des peuples par des manœuvres opaques, impliquant des sociétés privées et des partenaires régionaux complaisants. Cette stratégie du « renseignement par procuration » est désormais exposée au grand jour.