Vacances d’été : La Tunisie toujours en tête, mais à quel prix ?

Chaque été, les routes et les airs reliant l’Algérie à la Tunisie connaissent un flux massif de vacanciers algériens en quête de soleil, de farniente et d’un dépaysement sans tracas. Si ce pays voisin séduit autant, il y a une raison derrière cela… La Tunisie coche peut-être toutes les cases d’une destination parfaite pour les […] The post Vacances d’été : La Tunisie toujours en tête, mais à quel prix ? appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 19, 2025 - 01:17
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Vacances d’été : La Tunisie toujours en tête, mais à quel prix ?

Chaque été, les routes et les airs reliant l’Algérie à la Tunisie connaissent un flux massif de vacanciers algériens en quête de soleil, de farniente et d’un dépaysement sans tracas. Si ce pays voisin séduit autant, il y a une raison derrière cela… La Tunisie coche peut-être toutes les cases d’une destination parfaite pour les vacances estivales. Mais attention, pour certains vacanciers, le rêve tunisien pourrait rencontrer des obstacles.

Cette année, des touristes sont parfois désagréablement surpris face à des factures hôtelières salées, notamment dans des villes comme Hammamet, Sousse ou Djerba, où les prix flambent à coup de zéros supplémentaires. Une destination de cœur et de raison, la Tunisie, malgré quelques turbulences économiques et sociales, continue de séduire ses voisins de l’Ouest. Plages animées, services accessibles, proximité culturelle, les raisons de cet engouement sont multiples. Pourtant, derrière le sable doré et l’accueil chaleureux, certains vacanciers découvrent aussi les revers d’un rêve touristique parfois idéalisé.

Pour Mélissa, 29 ans, originaire d’Alger, la Tunisie est devenue une destination quasi rituelle. « Chaque année, on choisit Hammamet ou Sousse pour nos vacances. C’est abordable, les gens sont accueillants, et on se sent presque comme chez nous ». Comme elle, de nombreux Algériens apprécient le peu de formalités nécessaires pour entrer en Tunisie, la langue quasi commune et une cuisine qui rappelle, dans une certaine mesure, les saveurs du pays natal.

Selon elle, le secteur touristique tunisien s’est d’ailleurs adapté à cette clientèle fidèle. De nombreux hôtels affichent des chaînes algériennes à la télévision, et les personnels hôteliers sont habitués à interagir avec les touristes algériens dans une langue et un ton qui leur sont familiers.

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Plage à El Hamamat en Tuinise.

 

Si l’engouement est si fort, c’est aussi pour une raison très pragmatique, le rapport qualité-prix. Samir, 42 ans, parti d’Oran avec sa famille, témoigne : « En Algérie, pour une semaine dans un hôtel de standing, on paie parfois le double. En Tunisie, avec le même budget, on a la mer, les piscines, l’animation pour les enfants, et le tout en pension complète. » La dépréciation du dinar tunisien face aux autres monnaies de la région, indique-t-il, à doper l’attractivité du pays, surtout pour les vacanciers algériens qui profitent d’un pouvoir d’achat renforcé.

Une expérience pas toujours parfaite, car tout n’est pas idyllique pour autant. Yasmine, 27 ans, originaire d’Alger, garde un souvenir mitigé de son dernier séjour en Tunisie. « L’hôtel était plein à craquer. On sent que certains établissements sont débordés en haute saison », fait-elle savoir. Des critiques qui reviennent régulièrement, surtout dans les structures à prix bas ou moyens. Le tourisme de masse, s’il est vital pour l’économie tunisienne, met parfois à rude épreuve la qualité des prestations.

 

Des prix quasiment doublés !

Pour sa part, Samia, 42 ans, fonctionnaire, estime que « ces vacances sont devenues un luxe pour les familles algériennes. Cela fait plus de dix ans que je pars chaque été en Tunisie avec mes enfants. C’était notre petite tradition familiale. Plages, ambiance conviviale, et surtout des prix abordables. Cette année, j’ai été choquée. Les prix ont quasiment doublé, même pour des hôtels moyens. Une semaine à Hammamet me revient plus cher qu’un séjour à Barcelone, c’est du jamais-vu ! Je comprends que le secteur touristique tunisien veuille se relever après la pandémie, mais à ce rythme, il va perdre sa clientèle algérienne fidèle. Nous ne sommes pas tous des touristes européens… », souligne-t-elle.

Pour Karim, 29 ans, jeune entrepreneur « la Tunisie était notre échappatoire, elle devient aujourd’hui inaccessible ». « L’année dernière, j’ai passé dix jours à Sousse avec des amis pour moins de 80 000 DA. Cette année, pour la même période et dans le même hôtel, on me demande presque le double. Et encore, c’est sans compter les repas ou les activités. On a fini par renoncer et passer nos vacances à Béjaïa. Le rapport qualité-prix n’y est plus. On dirait que les hôtels tunisiens ciblent exclusivement les touristes étrangers en euros. Pourtant, nous, les Algériens, on représentait une grande partie de leur tourisme estival », ajoute-t-il désolé.

Malgré ces couacs, l’attachement reste fort. « C’est un pays frère », insiste Ghilas, 57 ans, originaire de Tizi Ouzou. « Même si tout n’est pas parfait, on s’y sent bien. On aime flâner dans les souks, discuter avec les Tunisiens, partager un bon couscous… Ce sont des vacances avec du sens », confie-t-il.

Il convient de souligner que le budget global pour un voyage en Tunisie dépend du mode de transport choisi, de la durée du séjour, du standing de l’hébergement, du type de repas, et des loisirs sélectionnés. En solo, un séjour bien géré peut coûter entre 50 000 DZD et 120 000 DZD tout compris, tandis qu’un voyage en famille nécessitera une enveloppe plus large, à ajuster en fonction des prestations.

Histoire de faire de chaque voyage une expérience inoubliable, les habitués pensent qu’il serait préférable d’éviter les périodes de très haute affluence et de profiter des promotions, cela pourrait faire baisser significativement les tarifs.

 

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 Plage Larbi Ben M’hidi à Skikda.

 

Des vacances 100% Dz qui ont conquis des familles

Beaucoup d’Algériens ont donc préféré rester dans le pays et profiter de la richesse touristique locale. C’est le cas de Fayçal, parti d’Alger, 36 ans, père de deux enfants, qui a choisi Skikda cette année. « On a passé une semaine dans un appartement à Jeanne d’Arc. Mer turquoise, forêt, barbecue en famille… et aucune mauvaise surprise à l’arrivée. Les enfants ont adoré. On a même fait un petit tour en bateau. Pour nous, on soutient le tourisme local », fait-il savoir.

Pour Marwan et sa famille, l’un des moments les plus marquants du séjour à Jijel a été sans aucun doute la visite de la célèbre et merveilleuse grotte  Ghar El Baz, à Ziama Mansouriah. « Les enfants en ont gardé des étoiles plein les yeux, c’était tout simplement magique ! Ensuite, ils ont longé la magnifique corniche de Jijel, profitant de panoramas à couper le souffle entre mer et montagne. Et pour couronner le tout, une balade en bateau est venue compléter cette belle aventure, un instant suspendu, inoubliable, gravé dans les souvenirs de toute la famille », rapporte-t-il.

Sabrina, enseignante à Alger, raconte avoir découvert Tipasa pour la première fois en mode « vacances ». « On a loué une petite maison en famille avec mes frères et sœurs. La ville est propre, les plages accessibles. On a mangé du poisson frais chaque jour, pour moins de 2 000 DA par personne. C’était simple, mais authentique », raconte-t-elle.

Même son de cloche chez Fouad, retraité originaire de Bouira. Pour lui « cette année, on a misé sur la Kabylie : Béjaïa, Tichy, Aokas. Les prix sont raisonnables si l’on s’organise tôt. Ce qui est bien, c’est qu’on reste dans notre pays, on parle notre langue, on mange ce qu’on aime. Et en plus, les enfants ont appris plein de choses sur notre patrimoine ».

Enfin, certains ont fait le choix de ne pas voyager du tout, par souci d’économie. C’est le cas de Mourad, 45 ans, fonctionnaire à El-Harrach et père de quatre enfants. « Franchement, avec les prix qui explosent partout, j’ai préféré rester à la maison. On a fait quelques sorties à la plage de la capitale et au parc des Sablettes. Les enfants étaient contents et moi j’étais plus serein. J’ai mis de l’argent de côté pour les fournitures scolaires, les cartables, les livres… La rentrée approche, et je ne peux pas tout faire. Des vacances simples mais utiles ».

Rabah, 39 ans, père de famille résidant à Salembier (El-Madania), témoigne : « Je suis marié et père de trois enfants. On habite dans un petit appartement hérité de mon père. Je travaille comme technicien dans une entreprise de maintenance électrique et ma femme est au foyer. Chaque été, quand je vois les gens partir en vacances, je ressens un pincement au cœur. Pas par jalousie, mais pour mes enfants et ma femme.

J’aimerais tant leur offrir un voyage, leur faire découvrir autre chose que les rues de notre quartier. Mais avec les prix qui augmentent chaque année et les salaires qui ne suivent pas, c’est devenu impossible », déplore-t-il. « Même aller passer quelques jours à la mer, à Tipasa ou Béjaïa, s’avère être un luxe. Entre le transport, la location, la nourriture… on dépasse vite ce qu’on peut se permettre. Alors, on reste ici. On va parfois à la plage à Saint Eugène en transport en commun, mais c’est rare et fatigant avec les enfants. On fait ce qu’on peut pour garder le moral. On sort en famille le soir, on va prendre une glace sur le front de mer, on regarde des films à la maison. Mais ce n’est pas pareil. Voyager, changer d’air, ça fait du bien à l’esprit. Et mes enfants ne comprennent pas toujours pourquoi leurs camarades partent en vacances et pas eux. J’espère qu’un jour, les choses s’amélioreront. Qu’on pourra, nous aussi, nous permettre de rêver un peu plus loin que les limites de notre quartier », confie-t-il.

 

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