Visite à Damas d’Annalena Baerbock et de Jean-Noël Barrot

La visite à Damas des chefs de la diplomatie française et allemande a été placée, côté allemand notamment, sous le signe d’un nouveau départ entre la Syrie et l’Union européenne, bien qu’elle n’ait débouché sur rien de concret. Cela est d’autant plus étonnant que Annalena Baerbock et Jean-Noël Barrot ne se sont pas exprimés à […]

Jan 4, 2025 - 21:38
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Visite à Damas d’Annalena Baerbock et de Jean-Noël Barrot

La visite à Damas des chefs de la diplomatie française et allemande a été placée, côté allemand notamment, sous le signe d’un nouveau départ entre la Syrie et l’Union européenne, bien qu’elle n’ait débouché sur rien de concret. Cela est d’autant plus étonnant que Annalena Baerbock et Jean-Noël Barrot ne se sont pas exprimés à cette occasion au nom de leurs pays propres mais à celui de l’Europe dans son ensemble. D’ailleurs leur seule présence dans la capitale syrienne, à moins d’un mois de la chute du régime de Bachar Al Assad, et alors que les affrontements se poursuivent entre les factions pro-turques et les Forces démocratiques syriennes, à Menbaj et Kobani en particulier, est un gage de soutien aux nouvelles autorités syriennes. Nul responsable européen ne se serait donné cette peine si ces dernières étaient considérées comme des alliés de l’Iran ou de la Russie. Toutefois, comme les Européens ont applaudi au renversement de l’ancien régime, on se serait attendu à ce que cette visite conforte le nouvel ordre en train de prendre forme en Syrie, par des décisions appropriées, les plus importantes d’entre elles étant un début de levée des sanctions économiques européennes prises à l’encontre d’un régime qui n’existe plus.

Le langage tenu par les deux visiteurs était tout différent, encore qu’il ait paru plus marqué chez la ministre allemande que chez son homologue français. Il a consisté à bien faire comprendre aux Syriens à quelles conditions ces sanctions seraient levées. Elles ne le seraient pas si pour une raison quelconque des minorités étaient marginalisées dans le système politique en construction, si aucun arrangement politique n’était trouvé avec les Forces démocratiques syriennes, si un système politique pluraliste n’était pas mis en place, si les libertés démocratiques n’étaient pas accordées à tous les Syriens par-delà leur diversité culturelle et confessionnelle, si des élections n’étaient pas organisées, et, the last but not the least, si les femmes ne jouissaient pas des mêmes droits politiques et civiques que les hommes. La ministre allemande y est allée d’un avertissement inattendu : l’Europe n’apportera aucun soutien d’aucune sorte à nul projet qui soit purement islamique. L’entretien avec Ahmed Al Sharaa devant être suivi par une conférence de presse à trois qui finalement n’a pas eu lieu, on ne sait pas dans quel ordre ce chapelet de conditions a été égrené, ni même si c’est celui qui vient d’être donné est complet, ou s’il y en a eu d’autres, ni si dans le tas l’accent a été mis davantage sur les unes plutôt que sur d’autres. Eu égard à la teneur de l’entretien, on se demande si du moins les échanges étaient courtois. Tout ce que l’on sait, c’est que les deux envoyés européens n’ont pas fait le déplacement pour annoncer la levée prochaine des sanctions, mais pour dire à quelles conditions sine qua non celle-ci pourrait éventuellement se produire. Si les Européens s’y tenaient vraiment, il n’y aurait jamais levée des sanctions, pour la bonne raison que seuls des démocrates purs et durs auraient à cœur de remplir les conditions qu’ils posent. Les islamistes de Haïat Tahrir Echam ont peut-être beaucoup évolué depuis qu’ils ont rompu avec al Qaïda et Daech, mais probablement pas jusqu’à se transformer en démocrates libéraux.

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