Xénophobes

Après des semaines d’émeutes et de manifestations à Los Angeles, en Californie, pour protester contre la politique anti immigration de Donald Trump, la situation a fini par doucement se tasser, même si des incidents isolés continuent à se pro-duire pour dénoncer les agissements de l’agence fédérale char-gée des expulsions de sans-papiers et du gouvernement. Souvent […]

Juil 6, 2025 - 21:48
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Xénophobes

Après des semaines d’émeutes et de manifestations à Los Angeles, en Californie, pour protester contre la politique anti immigration de Donald Trump, la situation a fini par doucement se tasser, même si des incidents isolés continuent à se pro-duire pour dénoncer les agissements de l’agence fédérale char-gée des expulsions de sans-papiers et du gouvernement. Souvent vus brandissant le drapeau mexicain, les protestants ont dénoncé durant des semaines la politique «xénophobe» de Trump et de ses partisans. Néanmoins, de l’autre côté de la frontière, au Mexique, des manifestations se tiennent en ce moment pour demander au gouvernement mexicain de «chasser les étrangers». En effet, des centaines de personnes ont manifesté vendredi à Mexico aux cris de «Dehors les gringos» pour dénoncer l’augmentation des loyers dans certains quartiers de la capitale mexicaine, provoquée selon elles par l’afflux de résidents étrangers. «Le Mexique aux Mexicains» est l’un des slogans que l’on pouvait entendre à Mexico, à l’occasion d’une grande manifestation contre la vie chère et plus particulièrement contre la hausse des loyers dans certains quartiers, qui serait, selon les habitants, provoquée par l’afflux de résidents étrangers. Selon les derniers chiffres officiels, la ville accueillerait environ 20 % des expatriés du pays. «Le loge-ment est un droit, pas une marchandise», ont clamé les protesta-taires, en majorité des jeunes gens, brandissant des pancartes. Depuis la pandémie de Covid en 2020, plusieurs quartiers de la capitale, tels que le très bohème Roma-Condesa, ont vu s’installer de nombreux étrangers, notamment venus des États-Unis, pour travailler à distance dans une ville plus abordable. Mais leur arrivée a tiré les loyers vers le haut, poussant les locaux à déménager dans des zones moins chères. «Le Mexique aux Mexicains», «Paie tes impôts, apprends l’espagnol, respecte ma culture», «Dehors les gringos», ont encore scandé les manifestants, utilisant un terme péjoratif pour désigner les étrangers blancs, en particulier des États-Unis. En fin de mobilisation, des hommes cagoulés ont brisé des vitrines, cassé du mobilier de restaurants et pillé une boutique de vêtements, en plus d’avoir recouvert les murs de tags. Selon le secrétaire du gouvernement de la ville, César Cravioto, 15 com-merces et quelques infrastructures publiques ont été endomma-gées. Sur la chaîne Milenio, il a condamné des actes et discours «xénophobes», semblables à ceux subis par les Mexicains dans d’autres pays. «Nous sommes une ville aux bras ouverts», a-t-il affir-mé, assurant qu’«il y a toujours moyen de négocier». Il s’agit du plus important rassemblement contre la «gentrification» dans la capitale du Mexique, pays qui accueille 20 % des expatriés recen-sés en 2023 par l’Association des Américains de l’étranger. Et il intervient alors que, du côté États-Unis, le président américain Donald Trump a encore durci ces dernières semaines sa rhéto-rique contre les migrants et engagé une politique d’expulsion mas-sive de personnes sans-papiers. Visiblement plus que des poli-tiques ou des opinions «xénophobes», les protestations au Mexique et la politique anti-immigration américaine viennent d’un besoin réel et naturel de contrôle des frontières. Tout pays et toute population ayant le besoin indiscutable d’affirmer sa souveraineté sur son territoire et le droit de décider qui a le droit d’y entrer et de s’y établir. Reste à voir, toutefois, si le gouvernement mexicain et surtout la présidente du pays, Claudia Sheinbaum, qui s’est mon-trée particulièrement critique ces derniers mois vis-à-vis de la poli-tique du président américain sur la question, réagira pour mettre fin à ces revendications ou laissera continuer ces rassemblements anti-étrangers.