A Munich, Vance vole la vedette à Zelensky
A la conférence de Munich sur la sécurité, toutes les puissances ont été représentées à un niveau ou à un autre, mais pas la Russie, pour la bonne raison qu’elle n’a pas été invitée. Le président ukrainien évidement lui y était, mais à la différence des dernières éditions, la vedette ce n’était pas lui, mais […]
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A la conférence de Munich sur la sécurité, toutes les puissances ont été représentées à un niveau ou à un autre, mais pas la Russie, pour la bonne raison qu’elle n’a pas été invitée. Le président ukrainien évidement lui y était, mais à la différence des dernières éditions, la vedette ce n’était pas lui, mais JD Vance, le nouveau vice-président américain, dont le discours a au bas mot estomaqué les Européens, et d’abord les Allemands, qui y ont d’ailleurs réagi plutôt vivement, contrairement à leur habitude. A se demander si les officiels allemands, qui sont à la veille d’une échéance électorale susceptible de mal tourner pour eux, ne se sont pas déjà convaincus qu’il n’y a rien de bon pour eux à attendre de la nouvelle administration américaine, qu’ils seraient même fort avisés de se mettre sans plus attendre à se défendre contre elle. S’ils conservaient des doutes à cet égard, le discours de Vance a dû achever de les leur faire abandonner. Après Elon Musk, qui a apporté un soutien appuyé à l’AFD, le parti d’extrême-droite, Vance a mis en garde la classe dirigeante allemande, il est vrai l’air de ne pas y toucher, contre la tentation «roumaine» d’annuler des élections dont les résultats seraient ceux qu’elle craindrait le plus.
En décembre de l’année dernière la Cour constitutionnelle de Roumanie s’est opposée à la tenue du deuxième tour de la présidentielle car le premier a été remporté par un candidat d’extrême-droite, pro-russe par-dessus le marché. «Si vous en êtes au point de craindre les choix de votre peuple, il n’y a plus rien que les Etats-Unis puissent pour vous», a dit par contre sans ambages le vice-président américain. Volodymyr Zelensky, qui n’a toujours pas assuré sa place dans les prochaines négociations de paix avec la Russie, a confié à un grand média américain son rejet du marché proposé par l’administration Trump, qui de réserver aux Etats-Unis la moitié de la production de métaux rares de son pays, à titre de paiement de ce qu’ils ont déjà donné à celui-ci mais aussi de ce qu’ils lui donneront à l’avenir. Zelensky n’a pas refusé parce qu’on lui demandait quelque chose d’excessif mais parce qu’en l’occurrence il n’était pas question de garanties de sécurité. Par garanties de sécurité, il faut entendre l’indispensable présence de l’armée américaine sur le sol ukrainien, aux côtés des forces européennes, une éventualité déjà écartée par les Etats-Unis, pour qui désormais il appartient aux Européens d’assurer leur propre défense, eux-mêmes étant requis sur d’autres fronts. Or la nouvelle administration ne refuse pas seulement d’envoyer ses propres troupes en Ukraine, elle ne veut pas non plus que celles qui le seront le soient sous la bannière de l’Otan, bien que par la force des choses ou de la géographie elles en procèdent toutes. Ce qui se comprend très bien du reste : si elle ne veut pas d’une guerre avec la Russie, une position qui était déjà celle de celle qui l’a précédée, ce n’est pas ensuite pour aller la provoquer en déployant l’Otan à ses frontières. Pour Zelensky, aussi importante que soit par le nombre et le matériel une force de garantie européenne, elle ne garantira rien si les Américains n’en sont pas. C’est ce qu’il s’en est allé dire et répéter à Munich, au grand déplaisir des Européens.