Aménagements urbains à Souk-Ahras : Les travaux suscitent inquiétudes et critiques
Les travaux d’aménagement engagés à travers la ville de Souk-Ahras, censés redonner éclat et modernité à l’espace public, soulèvent de vives critiques. Architectes, urbanistes, sinon simples riverains pointent du doigt la lenteur des chantiers, la mauvaise qualité des matériaux utilisés, l’absence de suivi technique et une perte progressive de l’identité architecturale de la ville. Les […] The post Aménagements urbains à Souk-Ahras : Les travaux suscitent inquiétudes et critiques first appeared on L'Est Républicain.

Les travaux d’aménagement engagés à travers la ville de Souk-Ahras, censés redonner éclat et modernité à l’espace public, soulèvent de vives critiques. Architectes, urbanistes, sinon simples riverains pointent du doigt la lenteur des chantiers, la mauvaise qualité des matériaux utilisés, l’absence de suivi technique et une perte progressive de l’identité architecturale de la ville. Les chantiers observés concernent principalement la réalisation de trottoirs, bordures, placettes, ronds-points et stèles, comme c’est le cas à hauteur de la place des Martyrs, où des travaux d’embellissement sont en cours et où plusieurs défaillances apparaissent. Ces malfaçons telles que relevées par des citoyens avisés concernent la faible qualité du béton et des revêtements de sol. En l’absence d’un contrôle qualifié, notamment d’un topographe chargé de vérifier les niveaux et altimétries, des défauts d’exécution sont constatés. Résultat : des aménagements fragiles, peu sécurisés et déjà marqués par des imperfections. Le contraste, par exemple, entre les trottoirs colorés avec des carreaux rouges, jaunes et gris et les façades anciennes crée une rupture visuelle jugée inadaptée, voire choquante. Signe évident, selon les personnes qui ont en fait la remarque à notre journal, d’une étude sans recherche, s’agissant surtout du choix des couleurs et des dimensions des carrelages, qui aurait gagné à être un peu plus soigné. « Cette tentative d’embellissement moderne manque d’harmonie avec le patrimoine existant », relève un expert consulté pour avoir son avis personnel sur la qualité des travaux en cours au centre-ville. « Outre la question esthétique, des problèmes fonctionnels apparaissent, en effet. À première vue, il est loisible de relever que les bordures sont trop hautes et limitent l’accessibilité aux piétons, et le carrelage bombé par endroit et glissant présente un risque patent en cas de pluie. L’éclairage public, concentré en majeure partie sur la chaussée, laisse les trottoirs dans l’ombre », regrette notre interlocuteur. L’analyse faite par ce même expert d’un autre chantier en cours sur la rue Thagaste, dans la partie est du centre-ville, révèle des erreurs de conception encore plus flagrantes : des bordures accolées aux murs laissant un espace mort de quinze centimètres et l’absence totale de trottoirs praticables contraignant les piétons à marcher sur la chaussée. « L’espace de 7,35 mètres de large de la rue aurait pourtant permis l’intégration de trottoirs confortables et sécurisés de part et d’autre de la voie. Alors qu’ici, on n’a que des voies en forme de vagues, qui montent et redescendent à chaque porte ou devanture de magasin. Cette configuration entraîne des conséquences directes, à savoir une insécurité pour les piétons, notamment les enfants, les personnes âgées ou à mobilité réduite, qui n’arrivent pas à avancer sans trébucher. À cela s’ajoute l’accumulation de déchets et d’herbes folles dans les interstices des carreaux mal joints, la création de crevasses qui se transformeront au fil du temps en mares à la moindre averse de pluie, d’où la dégradation de l’image urbaine », poursuit ce spécialiste. Ne se limitant pas au simple constat, il préconise une révision en profondeur du projet. De son point de vue, il faudra réduire la largeur de la chaussée à 5,50 – 6,00 mètres, créer de véritables trottoirs d’au moins 1,20 mètre, intégrer des bandes paysagères, prévoir un mobilier urbain adapté et assurer une meilleure gestion des eaux pluviales. Face à ces constats préoccupants, les pouvoirs publics, représentés par le wali de Souk-Ahras, affirment leur volonté d’imposer la plus grande rigueur dans le suivi technique des chantiers. Le premier responsable de la wilaya a rappelé à maintes reprises, lors des nombreuses visites d’inspection qu’il a effectuées dans les quartiers en chantier, l’importance de veiller à ce que les aménagements futurs respectent les normes d’accessibilité et de durabilité. « Le centre-ville doit évoluer sans perdre son âme et les projets doivent être pensés dans une logique d’intégration et de continuité urbaine », a pourtant insisté Abdelkrim Zinaï. Force est de constater, cependant, que les études relatives à cet immense chantier d’embellissement n’ont été que sommaires, faute d’avoir été mûrement réfléchies. Si rien n’est fait en ce sens, les aménagements actuels risquent non seulement de se dégrader rapidement, mais aussi de ternir durablement l’image de Souk-Ahras, une ville au patrimoine urbain remarquable. La balle est désormais dans le camp des autorités locales : réussir à concilier modernité et mémoire urbaine afin d’éviter que la ville ne perde son identité au profit d’aménagements sans âme.
Ahmed Allia
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