Antirusses et anti-Trump exclus des négociations de Riyad

Au bout de trois heures d’une réunion de crise, les dix Européens les plus importants du continent, pas tous des chefs d’Etat ou de gouvernement, ni non plus tous membres de l’Union, se sont entendus… à vrai dire sur rien, pas même sur une déclaration commune, ni même sur la nécessité de se revoir. La […]

Fév 18, 2025 - 19:55
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Antirusses et anti-Trump exclus des négociations de Riyad

Au bout de trois heures d’une réunion de crise, les dix Européens les plus importants du continent, pas tous des chefs d’Etat ou de gouvernement, ni non plus tous membres de l’Union, se sont entendus… à vrai dire sur rien, pas même sur une déclaration commune, ni même sur la nécessité de se revoir. La moindre des choses pour eux, c’est pourtant de faire savoir à ceux qui vont négocier sans eux du retour de la paix en Europe, qu’ils ne reconnaîtront rien de ce qui sera décidé sans eux. C’est la position prise par Volodymyr Zelensky, qui s’est invité à Riyad, où depuis hier tout se passe, et pour ce qui concerne l’avenir de l’Ukraine, et le sien personnel, et l’Europe, sauf que venant de lui, plus rien ne compte, si bien qu’il peut encore se permettre de faire le bravache. Le temps des «standing ovations» où il lui plaisait de paraître appartient au passé. Il n’est plus assuré de rester président de l’Ukraine, les officiels américains ne se donnant plus la peine de s’afficher avec lui, comme on a pu le constater à Munich.

Une page se tourne, qui ne s’est pas ouverte en février 2022, mais au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, il y a 80 ans. Des présents à la réunion de Paris, seuls les Britanniques sont d’ores et déjà pour l’envoi de troupes pour le maintien de la paix. Ce qui veut dire qu’eux du moins sont pour la paix. D’habitude on attend qu’il y ait d’abord la paix, avant de décider de l’envoi ou non de forces en vue de son maintien. Les Britanniques, qui ont quitté l’UE, viennent de se trouver une nouvelle et passionnante mission : servir de pont entre l’Europe et l’Amérique, les rapprocher quand ils auraient tendance à diverger. Les Etats-Unis veulent faire du Canada leur 51e Etat, alors qu’ils en ont déjà un, et même plusieurs à travers le monde, à qui ils pourraient faire la même offre d’intégration. La Grande-Bretagne en tout cas n’en aurait pas moins droit. La réunion organisée par Emmanuel Macron à peine terminée qu’il en faisait déjà le rapport au président américain, qui lui au contraire ne l’a tenu au courant de rien. Le monde avait hier les yeux tournés vers Riyad, ville arabe choisie pour abriter la première rencontre russo-américaine de haut niveau, en l’occurrence entre leurs chefs de la diplomatie, Marc Rubio et Sergueï Lavrov. A se demander où est l’événement principal, dans ce premier pas vers la normalisation entre les deux puissances, après une rupture complète de trois ans, ou dans l’amorce des pourparlers pour la paix en Ukraine. Cette première rencontre en annonce une autre, plus importante et plus décisive encore, celle des deux présidents, de Donald Trump et de Vladimir Poutine, un coup bien plus dur à encaisser pour les Européens, sur lesquels il en tombe dru ces derniers jours. Keith Kellogg, l’émissaire américain pour l’Ukraine, a dit que les Européens ne prendraient pas part aux négociations pour la bonne raison qu’il ne serait pas réaliste de les y inviter, le but recherché étant de conclure la paix non pas de la prolonger la guerre. Les déclarations désobligeantes des Américains mais aussi des Russes n’ont pas manqué à l’endroit des Européens, mais aucune ne l’a été autant que celle-là. Ces dernières années, les Européens se sont montrés autant anti-Trump que anti-Poutine. Leur héros, leur président américain idéal, c’était Joe Biden, qui partageait leur détestation à la fois de Poutine et de Trump, mais qui lui n’est plus là. Les voilà maintenant exposés aux représailles de deux puissances communiant dans le même désir de se venger d’eux. M. H.