Crimes odieux de l’OAS: Alger, ‘’capitale de la République algérienne’’, n’a pas brulé !

   « L’OAS frappe quand elle veut et où elle veut » ; « L’OAS châtiera » ; « l’OAS vaincra » ;  « l’Algérie est française et le restera » ! Il y a soixante-trois ans, le sigle de sinistre mémoire et les menaces terroristes s’affichaient sur les murs d’Alger et d’autres villes du pays dont Oran. Désespérée depuis le 18 mars 1962 et la signature […] The post Crimes odieux de l’OAS: Alger, ‘’capitale de la République algérienne’’, n’a pas brulé ! appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 4, 2025 - 12:39
 0
Crimes odieux de l’OAS: Alger, ‘’capitale de la République algérienne’’, n’a pas brulé !

 

 « L’OAS frappe quand elle veut et où elle veut » ; « L’OAS châtiera » ; « l’OAS vaincra » ;  « l’Algérie est française et le restera » ! Il y a soixante-trois ans, le sigle de sinistre mémoire et les menaces terroristes s’affichaient sur les murs d’Alger et d’autres villes du pays dont Oran. Désespérée depuis le 18 mars 1962 et la signature des accords d’Evian, déstabilisée par l’inévitable indépendance du ‘’paradis perdu’’, l’’’Hydre à deux corps’’ (OAS-Algérie et OAS-France), le bras armé de la ‘’nostAlgérie’’ s’est lancée dans une sanglante ‘’politique de la terre brulée’’. Opérationnelle depuis le printemps 1961 et le putsch avorté des généraux, elle a allumé « Les Feux du désespoir », dixit le titre du tome 4 de la somme du journaliste-écrivain Yves Courrière sur la guerre d’Algérie.  

‘’Soldats perdus’’ et sans honneur, ses tueurs ne lésinent pas sur les atrocités. Ils assassinent sans compter, sabotent et incendient. L’OAS a endeuillé l’Algérie à l’heure de sa sortie du plus sanglant des conflits de décolonisation. Mais sa ‘’politique de la terre brûlée’’ et du ‘’tirer sur tout ce qui bouge’’ a essuyé un échec retentissant. Elle a été vaincue. Alger, ‘’capitale de la République algérienne’’, n’a pas brûlé. Au contraire ! Le 5 juillet 1962, elle a chanté, dansé et célébré l’indépendance retrouvée. Chef de la Zone autonome d’Alger de janvier 1962 jusqu’à la proclamation de la République algérienne, le commandant Azzedine a été chargé par le GPRA de diriger la lutte finale contre les derniers et sanguinaires résidus du colonialisme génocidaire.

A la tête de l’Organisation, Tonton, « aâmou » comme l’appellent les Algériens, s’est acquitté de la mission avec bravoure. C’était à Alger à un moment dramatique et cruciale de la longue histoire de la ville. ‘’Ici, par de courses au fond des oueds ou sur les crêtes, de combats épiques ni d’embusc ades…Je reviens à Alger, à la guérilla urbaine, à ses mobiles, à ses effets’’, rappelait-t-il dans l’épisode 2 de ses Mémoires. De janvier à l’été 1962, il a vécu une ‘’histoire en complète osmose avec le peuple d’Alger’’. C’était il y a soixante-trois ans. Et c’étaient ‘’l’ultime phase de notre Révolution armée’’.

 Alger, mars 1980. Comme il le fait souvent quand le ciel algérois est au rendez-vous avec le bleu printanier, Rabah Zerari — commandant Azzedine à l’épreuve du combat libérateur — aime s’offrir un bol d’air dans son balcon, rue Didouche Mourad. À force de se répéter, son moment ‘’azur’’ avec vue dégagée sur la rade d’Alger est devenu un rituel. À l’aube de ce printemps, Azzedine observe la ‘’noria des bateaux dans le port’’ et prend la température de ‘’ma ville redevenue si jeune et si blanche’’.

Ça tombe bien, l’ancien chef du commando de choc Ali Khodja y trouve matière à inspiration pour rédiger le prologue de son deuxième livre et lui trouver un titre. « Et Alger ne brûla pas » (1), tranche-t-il, le regard porté sur une artère effervescente, colorée, bruyante et à l’ambiance bon enfant. Une ville bien différente d’Alger d’avant l’été 1962, celle de la période dramatique qui va du 7 mars 1961 – date à laquelle le sigle OAS apparait pour la première fois sur les murs d’Alger – à la délivrance festive de juillet 1962.

ALN contre OAS
Le titre « Et Alger ne brûla pas », c’est son dernier choix. Inutile de le changer. Quatre mots et un nom propre, ça résume fidèlement le feeling du commandant Azzedine à la vue du port en pleine activité économique et à la vue d’Alger si jeune et si blanche. Ça donne écho à l’état d’esprit du chef de la Zone autonome d’Alger et ça rappelle le ‘’ouf de soulagement’’ poussé,  le 3 juillet 1962, quand il avait accueilli à l’aéroport de « Maison Blanche » le président du GPRA, Benyoucef Benkhedda. Mars 1980, cela fait des mois que, de Diar El Mahçoul à Climat de France, de Bab D’zira à El Harrach, de Abdelwahab (le chef du réseau ‘’faux papiers’’) à Omar Oussedik, sa mémoire le fait revenir dix-ans en arrière et le fait voyager à travers les quartiers de la capitale.

Azzedine consigne sur un gros cahier à spirale ce qu’ont été les éphémérides d’un des épisodes les plus cruciaux de la guerre de libération nationale : le combat courageux et salutaire du FLN et de l’ALN contre l’OAS, ‘’sigle de la haine et du terrorisme’’, selon la formule imagée de l’historien Alain Ruscio (2). Au fil des pages, des faits, des lieux, des noms, des dates ressurgissent, des angoisses, des peurs, des émotions s’activent dans la mémoire du membre du Conseil nationale de la Révolution algérienne (CNRA) et l’adjoint au chef d’état-major de l’ALN.

Après « On nous appelait fellaghas » en 1976 (3), le commandant Azzedine – le maquisard blessé treize fois — s’est lancé dans l’acte II de ‘’l’entreprise’’ d’écriture et d’éclairage sur des faits précis et importants de la guerre d’indépendance. Une tâche – ‘’l’entreprise’’ en l’occurrence – dont la portée a été soulignée à grand trait par son compagnon d’armes à la wilaya IV, l’historien Mohamed Teguia, dans « L’Algérie en guerre » (4).

Du haut de son balcon, à l’aube du printemps 1980, le commandant Azzedine emprunte à El Hadj M’hamed El Anka et se réjouit de ce moment heureux, juillet 1962. L’OAS n’a pas transformé Alger en brasier à ciel ouvert. Si la ‘’politique de la terre brûlée’’ a provoqué énormément beaucoup de dégâts et fait d’innombrables victimes dont l’écrivain Mouloud Feraoun et ses compagnons des Centres sociaux, ‘’l’hydre à deux corps’’ – OAS-Algérie et OAS-Métropole – comme la qualifie l’historien Pierre Montagnon n’a pas réalisé son rêve. Les accords d’Evian n’ont pas volé en éclats et la marche irréversible vers l’indépendance n’a pas été entravée par la terrorisme.

Le commandant Azzedine n’est pas du genre à tourner la page sans en léguer le récit aux jeunes générations. À ses yeux, refuser de tourner la page ne signifie nullement faire jouer les prolongations à la plus sanglante des guerres de colonisation. Le commandant Azzedine ne continue pas de souffler sur « les feux mal éteints de la guerre d’Algérie », pour reprendre l’expression du journaliste-écrivain Philippe Labro. Ceux qui soufflent sur le brasier, ce sont les ‘’nostalgériques’’, ceux qui n’ont jamais cessé de pleurer le ‘’paradis perdu’’. Médiatisés par « Valeurs actuelles », « CNews », « Le Journal du Dimanche », « Europe 1 » et « Le Point » version 2023-2025 et d’autres, ils s’illustrent de plus bel– eux et leurs ‘’héritiers’’ – depuis l’automne 2024.

Ikhwani la tan’saw chouhadas

Toujours à pied d’œuvre sur les lieux de mémoire et à l’heure des commémorations, le commandant Azzedine se soumet au rituel sans éprouver le besoin de battre le rappel des caméras et des photographes. Il le fait par devoir de mémoire et rien pour que cela. Ne pas succomber à l’amnésie et à l’oubli : telle est sa devise depuis l’indépendance.

Au plus fort des combats à la wilaya IV et à Alger en butte aux assassins de l’OAS, il arrivait au guerrier qu’il a toujours été — entre deux ‘’instants-repos’’ — d’entonner des chants comme « La Complainte du partisan » version Mouloudji et les chants patriotiques au rang desquels « Ikhwani la tan’saw chouhahas, Frères, n’oubliez pas les martyrs ». Quand il fait œuvre de mémoire en noircissant des manuscrits, sa pensée va en premier lieu – dédicaces à l’appui — à ceux parmi ses compagnons d’armes qui, en juillet 1962, n’étaient plus du monde de l’Algérie indépendante le 5 juillet 1962.

‘’Est-il nécessaire de rappeler ces temps lointains, de réveiller le passé quand la turbulence du monde nous soumet, au présent, d’angoissantes questions ?’’, s’interroge-t-il dans « Et Alger ne brûla pas ». Et de répondre sans la moindre hésitation. ‘’Je le pense’’, confirme-t-il. « Et Alger ne brûla pas », se réjouit-il en parlant d’une ville qu’il a défendue et protégée contre la plus sanglante des organisations terroristes. Une machine à tuer et à faire exploser qui, plus que toute autre organisation terroriste, a usé de tous les crimes et de toutes les saloperies pour bloquer le cours de l’Histoire. Azzedine n’oublie pas.

‘’Chaque jour, chaque heure, me reporte en 1962, quand nous nous demandions ce qu’il allait advenir d’Alger, noire de fumée, rouge de sang’’. Ce propos, il l’a tenu voici quatre-cinq ans dans le prologue de son second livre. Il le répète – sans changer un mot – aujourd’hui à un petit mois de son 91e anniversaire. Un rendez-vous ‘’bonheur’’ qu’il fêtera le 8 août prochain au milieu des siens et de ses ami(e)s. Joyeux anniversaire Commandant ! S’nine dayma, Al hamoudlilah mab’katch l’OAS fi b’ladna !

 

(1) « Et Alger ne brûla pas » (éditions Stock, 1980)

(2) « Nostalgérie, l’interminable histoire de l’OAS » ((éditions La Découverte, 2015).

(3 « On nous appelait  fellaghas » (éditions Stock, 1976)

(4) Thèse de troisième cycle soutenue en 1976 à Paris 8 devant un jury présidé par Jacques Berque

The post Crimes odieux de l’OAS: Alger, ‘’capitale de la République algérienne’’, n’a pas brulé ! appeared first on Le Jeune Indépendant.