Adhésion de l’Algérie à l’ASEAN: Les nouveaux paradigmes de la diplomatie algérienne

L’Algérie met le cap sur l’Asie, un continent devenu incontournable dans l’économie mondiale, la modernisation et la gouvernance. Ce positionnement reflète, au demeurant, la volonté de l’Etat algérien à diversifier ​autant ses partenaires que ses échanges, de créer et de consolider de nouvelles passerelles ​projetées dans la durée.

C’est dans cette optique que s’inscrit la visite du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à Kuala Lumpur, en Malaisie, pour officialiser l’adhésion de l’Algérie au Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est (Asean), l’une des organisations régionales les plus dynamiques au monde.

En actant cette signature en marge de la 58e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’organisation, l’adhésion de l’Algérie ouvre la voie à d’importantes perspectives diplomatiques, politiques, économiques et culturelles, et à arrimer le pays à une région connue pour sa coopération des plus équilibrées, ouverte à la modernité, à l’innovation et au développement humain. Cela d’autant que l’avènement d’un monde multipolaire marqué par une forte polarisation a conduit l’Algérie à amorcer ce virage qui correspond à sa vision des relations internationales et conforte ses nouveaux paradigmes dans la perception des enjeux auxquels elle fait face.

C’est dans ce sens que le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères (AE) a pris part, ce mercredi, à la cérémonie d’ouverture de la 58e réunion de l’ASEAN.

Dans son communiqué, le ministère des AE souligne que cette réunion est marquée par l’adhésion officielle de l’Algérie au Traité d’amitié et de coopération (TAC) de l’ASEAN. Une étape stratégique qui témoigne de la volonté d’Alger de renforcer sa présence sur la scène asiatique et de diversifier ses partenariats internationaux.

Cette adhésion ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération multilatérale entre l’Algérie et les pays de l’Asie du Sud-Est, offrant des opportunités dans les domaines du commerce, de l’investissement, de la culture et de la sécurité.

Mais pourquoi l’Algérie a franchi le pas de l’adhésion à cette organisation asiatique ? Le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf a expliqué les motifs à l’origine de cette décision souveraine de rejoindre ce traité, réitérant les positions fermes de l’Algérie concernant le respect du droit international.

Dans son discours lors de l’ouverture de la session, M. Attaf a déclaré que l’Algérie apprécie l’ASEAN, qui a « démontré avec aptitude, par ses activités et ses actions et par les résultats et réalisations qu’elle a obtenus, comment la coopération régionale peut favoriser le changement, renforcer la stabilité et parvenir à une prospérité partagée pour tous ».

Cette organisation, a-t-il estimé, est un « modèle remarquable d’intégration régionale qui peut véritablement inspirer des efforts similaires dans le monde entier, et en Afrique en particulier ».

Selon le ministre d’Etat, l’Algérie adhère aussi à l’ASEAN car elle partage avec les Etats membres le même « engagement indéfectible » envers les principes du Traité d’amitié et de coopération, des principes qui sont les mêmes que ceux de la Charte des Nations unies.

L’Algérie, a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, partage avec les Etats membres de l’ASEAN le constat que le monde a « un besoin urgent d’un engagement renouvelé envers ces principes, en particulier à la lumière des évolutions et des tendances profondément inquiétantes qui se déroulent sous nos yeux jour après jour ».

Parmi ces évolutions « inquiétantes », le ministre des AE a cité « la tendance croissante à recourir ouvertement à la force, au mépris de toutes les normes et règles établies », « la violation délibérée du droit international, y compris des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies », et, plus préoccupant encore, « la marginalisation progressive de l’ONU, l’affaiblissement de l’ensemble du système onusien et la transformation du Conseil de sécurité lui-même en un organe impuissant et presque paralysé ».

Face à ces évolutions qui « remodèlent l’ensemble du paysage mondial », le chef de la diplomatie algérienne a exprimé l’engagement de l’Algérie à œuvrer aux côtés de l’ASEAN pour la défense des « valeurs de paix, de respect mutuel et de véritable coopération » et la promotion du respect des règles du droit international, ainsi que pour « privilégier la diplomatie à la confrontation, de faire respecter l’Etat de droit à la force et de donner la priorité au multilatéralisme à l’unilatéralisme ».

Pour la diplomatie algérienne c’est la seule façon de parvenir à un avenir de paix et de prospérité pour toute l’humanité.

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