Dangers sanitaires : Appel urgent aux citoyens intervenus lors du drame

Après l’accident tragique du bus survenu à Oued El Harrach, le ministère de la Santé a lancé un appel urgent aux citoyens, volontaires et mres de la Protection civile qui se sont courageusement jetés dans l’eau pour secourir les victimes. Les médecins alertent sur les dangers sanitaires liés à l’exposition directe aux eaux de l’oued, connues pour être lourdement polluées.

Le docteur Youcef Boudjelal a déclaré, ce sembamedi, au Jeune Indépendant : « Ce cours d’eau charrie depuis des années des eaux usées domestiques et industrielles. Il constitue un véritable réservoir de germes pathogènes et de substances toxiques. Bactéries, champignons, virus et métaux lourds s’y accumulent, transformant toute immersion dans l’eau en risque majeur pour la santé. »

À la suite du sauvetage héroïque qui a permis de sortir plusieurs passagers de l’autocar accidenté, certaines personnes se sont retrouvées directement exposées à cette eau contaminée. Le Dr Boudjelal les appelle à la plus grande vigilance. Toute personne ayant été en contact avec l’oued et présentant des symptômes tels qu’une fièvre soudaine, des vomissements, des diarrhées, des démangeaisons cutanées, un gonflement de la peau ou encore une rougeur des yeux doit se rendre immédiatement chez un médecin. Affirmant : « Il ne faut en aucun cas minimiser ces signes ni recourir à l’automédication. Seul un diagnostic médical permet d’éviter des complications parfois graves. » Le spécialiste a assuré que les risques sanitaires sont bien réels et les symptômes peuvent apparaître à des délais très variables.

Il a également expliqué que certaines infections se déclarent rapidement. La salmonellose, par exemple, peut provoquer des diarrhées sévères entre 8 et 72 heures après l’exposition. Le choléra, dont les premiers signes apparaissent généralement dans les 2 à 5 jours, se manifeste par une diarrhée aqueuse, abondante, accompagnée de nausées, de vomissements et d’un risque élevé de déshydratation.

Le microbiologiste a ajouté que d’autres affections sont plus lentes à se déclarer. La giardiase, due à un parasite microscopique, peut rester silencieuse mais provoquer, chez certains individus, de la fatigue, des crampes abdominales et une diarrhée persistante. Il a également précisé que les symptômes peuvent apparaître entre 7 et 21 jours après le contact. Quant à l’hépatite A, elle représente un danger différé, les premiers signes cliniques, tels que fièvre, jaunisse, troubles digestifs, surviennent en moyenne après 28 à 30 jours d’incubation.

C’est pourquoi, le spécialiste insiste sur la nécessité d’un suivi médical pendant au moins quatre semaines pour toute personne exposée, qu’il s’agisse de citoyens ayant participé au sauvetage ou de membres de la Protection civile. Une surveillance régulière de l’état de santé est indispensable afin de détecter rapidement toute infection et de permettre une prise en charge appropriée.  Soulignant qu’« à la moindre alerte, fièvre, troubles digestifs, diarrhée persistante, vomissements ou fatigue inhabituelle, il est impératif de consulter un médecin sans délai. Il ne faut surtout pas recourir à l’automédication ».

Le Dr Boudjelal a expliqué que l’automédication en traitant les symptômes peut masquer l’évolution des graves maladies précédemment citées, assurant que la prévention et la vigilance restent les meilleures armes face à ces maladies.

Il convient de noter que le drame de Oued El Harrach remet ainsi en lumière l’état préoccupant de ce fleuve qui reste, malgré de nombreux projets annoncés, un symbole de pollution chronique à Alger. Les médecins comme les riverains appellent aujourd’hui à une prise de conscience collective, estimant que seule une véritable dépollution et une gestion rigoureuse des rejets peuvent mettre fin à ce danger permanent. Dr Boudjelal a conclu en déclarant : « Nous devons honorer le courage de ceux qui ont sauvé des vies, mais aussi protéger leur santé.»

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