Décès: Le géant de la littérature québécoise, Victor-Lévy Beaulieu, est mort

Il avait un côté rabelaisien et la tête d’un pêcheur, barbe touffue, tête hirsute et pipe comprises. Victor-Lévy Beaulieu était une sorte de machine à écrire faite homme et aucun genre ne lui était étranger : le roman, le théâtre, les essais critiques et polémiques, les biographies, les téléfeuilletons, le reportage, la chronique ou la […]

Juin 11, 2025 - 01:46
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Décès: Le géant de la littérature québécoise, Victor-Lévy Beaulieu, est mort

Il avait un côté rabelaisien et la tête d’un pêcheur, barbe touffue, tête hirsute et pipe comprises. Victor-Lévy Beaulieu était une sorte de machine à écrire faite homme et aucun genre ne lui était étranger : le roman, le théâtre, les essais critiques et polémiques, les biographies, les téléfeuilletons, le reportage, la chronique ou la poésie. Considéré comme un des plus grands écrivains québécois, l’homme de lettres est décédé à l’âge de 79 ans. Il aimait profondément son coin de monde, qu’il a célébré par des milliers et des milliers de pages. Il souhaitait viscéralement l’indépendance du Québec et il avait pour volonté d’ériger un pays en élevant une littérature à sa hauteur. Grand lecteur, il a consacré beaucoup de livres à ses grands prédécesseurs, en plus d’écrire plusieurs téléromans à succès pour Radio-Canada et de devenir un éditeur de choix. Grand lecteur et boulimique d’écriture, il se démarque au début de sa vingtaine, en 1967, avec un court essai sur Victor Hugo qui remporte le prix Larousse-Hachette. Le grand écrivain du XIXe siècle, dont il porte le prénom, sera aussi le sujet de son premier livre-hommage, Pour saluer Victor Hugo, en 1971. D’autres suivront pour saluer les écrivains qu’il admire Jack Kerouac (1972), Monsieur Melville (1978), Seigneur Léon Tolstoï (1992), Voltaire (1994) et puis encore James Joyce, Nietzsche et Jacques Ferron. Il adulait particulièrement ce maître québécois. Son premier roman, Mémoires d’outre-tonneau, paraît en 1969. Il en publiera bien d’autres, souvent au rythme d’une livraison par année, pour un total d’au moins 70 titres dans ce seul genre, tous écrits à la main. Sa discipline de créateur le pousse vers une de ses tables de travail (une pour chaque genre littéraire) tous les matins, selon un programme fixé d’avance. Son œuvre romanesque est décrite comme «touffue et à la première lecture assez déroutante» par un critique littéraire. Un autre parle d’un «tortionnaire du langage», puisque son style use et abuse des jeux de mots, du calembour et d’autres manipulations stylistiques. En plus, Victor-Lévy Beaulieu maintient constamment une tension dans ses récits entre une réalité québécoise et une fantaisie onirique sans bornes. Il s’adonne aussi à des mélanges inusités et audacieux : le récit (Blanche forcée), la lamentation (N’évoque plus que le désenchantement…), l’hymne (Sagamo Job J), la saga humoristique (La tête de monsieur Ferron), tous publiés en quatre années à la fin des années 1970. Aucun genre d’écriture ne le rebute. Il commence une carrière de journaliste et de chroniqueur à l’hebdomadaire Perspectives dès 1966, poste qu’il tiendra une décennie tout en travaillant pour d’autres publications. Il est aussi scripteur au poste de radio CKLM, puis auteur de nombreux textes diffusés à la radio, notamment pour les émissions Documents et La feuillaison. On lui doit aussi le scénario du Grand Voyage, réalisé par Marcel Carrière en 1975, et le téléfilm Hamlet en Québec. Il se démarque encore plus avec ses talents de scénariste pour la télé. Race de monde (1978-1981) lance sa carrière à la télévision de Radio-Canada. L’héritage suit (1987-1990) et s’avère un des plus grands succès de la télévision québécoise, suivi de manière hebdomadaire par plus de 2 millions de téléspectateurs.
D. T.