Dérives en milieu scolaire : L’école dit stop !

Face à la multiplication des comportements déviants dans les établissements scolaires (jets de cahiers, destructions volontaires de matériel pédagogique…), notamment en cette fin d’année scolaire, le ministre de l’Éducation nationale, Dr Mohamed Seghir Saâdaoui, a lancé un appel à la mobilisation de la société civile pour soutenir l’école dans son rôle éducatif et citoyen. Il a qualifié ces comportements d’« étrangers à l’école algérienne ».

Lors d’une rencontre tenue au siège du ministère avec la présidente de l’Observatoire national de la société civile, Mme Ibtissem Hamlaoui, le ministre a souligné l’importance d’une collaboration étroite entre les institutions éducatives et les acteurs de la société civile, en particulier les parents d’élèves. L’objectif est d’encadrer les jeunes et de les sensibiliser aux enjeux sociaux qui influencent leur comportement et leur rapport à l’école.

Le ministre a déploré certains comportements devenus récurrents ces dernières années, comme le jet ou la destruction de cahiers devant les écoles, souvent filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. Ces actes, qui symbolisent la fin de l’année scolaire, nuisent à l’image de l’école algérienne et affaiblissent les valeurs de respect du savoir et de l’autorité enseignante.

« Ce n’est pas seulement du gaspillage, c’est une atteinte symbolique à la valeur du savoir et au respect dû aux enseignants », a dénoncé Saâdaoui. Il alerte sur la banalisation de ces gestes violents ou irrespectueux devenus viraux sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos montrent des élèves en train de jeter ou de déchirer leurs cahiers devant leur école, une manière de « fêter » la fin de l’année dans une ambiance de défi et de désinvolture.

Le ministre rappelle que ces comportements ne sont pas sans conséquences : dégradation des espaces éducatifs, incitation à l’irrespect, perte de repères pour les plus jeunes. « Il est impératif de préserver la dignité des institutions scolaires et de promouvoir une image positive de l’éducation dans notre pays », a-t-il insisté, appelant les élèves et leurs familles à faire preuve de civisme. Il a notamment encouragé la remise des cahiers usagés aux établissements, en lieu et place de leur destruction publique.

De son côté, Mme Hamlaoui a exprimé la volonté de l’Observatoire de s’impliquer activement dans des campagnes de sensibilisation, en partenariat avec des associations de proximité, telles que les Scouts musulmans algériens, le Croissant-Rouge ou encore les clubs environnementaux. Ces initiatives viseront à conscientiser les élèves et leurs parents sur l’importance du respect du matériel scolaire, de l’environnement éducatif et de l’espace public.

Un plan d’action dès le 11 mai

La rencontre a débouché sur l’élaboration d’un programme d’action commun, qui a été lancé dès le 11 mai. Ce plan prévoit une série d’activités de sensibilisation dans les établissements, en collaboration avec l’ensemble des acteurs de la société civile. Il ambitionne de lutter durablement contre les phénomènes étrangers aux valeurs de l’école algérienne.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du ministère visant à renforcer le rôle de l’école en tant qu’espace de socialisation et de formation citoyenne, dans un contexte où les dérives comportementales en milieu scolaire deviennent de plus en plus visibles.

Il faut noter que la situation de l’enseignement en Algérie interpelle de plus en plus la société civile et les autorités. Malgré les efforts du gouvernement pour améliorer le système éducatif, l’école algérienne fait face à une dégradation inquiétante du niveau scolaire et des valeurs morales, notamment chez les élèves.

C’est dans ce sens que le président de l’association de protection des consommateurs Amane, Hassan Menouar, a exprimé, sur sa page officielle, son inquiétude quant à cette situation. Il propose plusieurs solutions pour redresser le secteur et garantir un avenir meilleur aux jeunes générations.

Pour Hassan Menouar, le constat est alarmant : « Le niveau scolaire et éducatif en Algérie connaît une dégradation préoccupante. » À ses yeux, les diplômés universitaires d’aujourd’hui ne disposent plus des compétences nécessaires, ni sur le plan scientifique ni sur le plan personnel, pour assumer des responsabilités ou contribuer efficacement aux grands enjeux sociaux et économiques du pays.

Mais cette crise ne se limite pas aux seuls résultats académiques. Elle s’étend, selon lui, à la sphère morale des jeunes générations. « Une déliquescence des repères éthiques est en marche », affirme-t-il, dénonçant l’effondrement des valeurs, la banalisation des drogues, les comportements déviants chez les adolescents, ainsi que l’emprise néfaste d’internet, vecteur de contenus toxiques et de conduites destructrices.

Redonner à l’enseignant sa place centrale

Menouar regrette aussi la perte de statut de l’enseignant, désormais réduit, dans l’imaginaire collectif, à un simple exécutant administratif, loin de son rôle d’éducateur et de figure d’autorité morale. Or, rappelle-t-il, « l’enseignant devrait incarner la pierre angulaire de la formation du citoyen, un exemple de conduite et d’intégrité, bien avant d’être un simple transmetteur de savoir ». Un constat qu’il étend à l’ensemble des acteurs du système éducatif. Il souligne également le rôle crucial des parents dans cette équation éducative, précisant qu’il reviendra sur ce sujet dans une prochaine prise de parole.

Pour redresser l’école algérienne, Hassan Menouar propose une série de mesures urgentes : revaloriser le rôle de l’enseignant à travers une formation de qualité, un soutien moral et matériel, et une reconnaissance claire de sa mission ; replacer l’éducation, au sens éthique et civique, au cœur de l’enseignement ; réformer les programmes et restaurer la discipline dans les établissements.

Il préconise aussi de lutter contre les dérives scolaires par des campagnes de sensibilisation aux dangers de la drogue et par la mise en place de cellules d’écoute pour les élèves. Enfin, il alerte sur les effets toxiques du numérique, appelant à encadrer les contenus destinés aux jeunes et à former élèves et parents à un usage responsable des technologies. Menouar appelle ainsi la société algérienne à agir sans tarder pour sauver l’école et préparer un avenir digne pour la jeunesse.

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