Emmanuel: Macron,  un président  en sursis

En France, les Insoumis, les écologistes et les communistes ont déposé une motion de censure visant à renverser le gouvernement Bayrou en place depuis peu, non pas pour avoir pris une mesure particulière, mais  pour ne pas avoir demandé un vote de confiance à l’issue du discours de politique générale prononcé par son chef avant-hier […]

Jan 15, 2025 - 20:37
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Emmanuel: Macron,  un président  en sursis
En France, les Insoumis, les écologistes et les communistes ont déposé une motion de censure visant à renverser le gouvernement Bayrou en place depuis peu, non pas pour avoir pris une mesure particulière, mais  pour ne pas avoir demandé un vote de confiance à l’issue du discours de politique générale prononcé par son chef avant-hier mardi.  Cette motion est débattue et mise aux voix aujourd’hui même. Si elle obtient la majorité, le gouvernement Bayrou tombera séance tenante. Il aura dans ce cas tenu trois fois moins de temps que son prédécesseur le gouvernement Barnier, qui lui a été renversé au bout de trois mois d’exercice, et seulement pour avoir recouru à l’article 49-3. Les chances qu’il en soit de même aujourd’hui sont grandes sans être, il est vrai,  tout à fait certaines. Le gouvernement Bayrou est sauvé si l’extrême droite ne vote pas la censure, à plus forte raison si les socialistes s’abstiennent eux aussi. Mais les socialistes se feront un tort probablement irrémédiable s’ils  décident eux aussi de sauver le gouvernement Bayrou, à plus forte raison si entre-temps lui ne leur aura rien concédé. Jusqu’au discours de politique générale, ils attendaient des ouvertures de sa part, dont en tout premier lieu une suspension de la réforme des retraites, sinon son abrogation immédiate.
A u bout du compte, il leur a été proposé la tenue d’un conclave sur ce thème, et seulement pour trois mois, c’est-à-dire rien, conformément d’ailleurs aux prévisions des Insoumis. Comme rien ne dit que les socialistes sont en proie à une pulsion suicidaire, parions qu’ils joindront leurs voix à celles des autres composantes du Nouveau Front Populaire. Si bien que si le gouvernement Bayrou n’est pas renversé, ce sera grâce à l’extrême droite, dont il sera alors plus que jamais le jouet. Ce n’est pourtant pas là le scénario le plus probable. Le plus probable au contraire est que l’extrême droite elle aussi vote la censure. La raison en est qu’elle ne voudrait pas compromettre ses chances d’accession au pouvoir dans les meilleurs délais en paraissant soutenir un président très impopulaire. Emmanuel Macron est un président en sursis. Tout porte à croire qu’il ne tiendra pas jusqu’à la fin de son deuxième mandat. Les Insoumis comme l’extrême droite ont intérêt à le faire tomber. Or renverser le gouvernement Bayrou dès aujourd’hui, c’est lui porter un coup dont il ne pourra pas se relever. Il ne survivrait pas à la censure quand bien même ce n’est pas contre lui personnellement qu’elle serait votée. Ce qui est en cause par conséquent ce n’est pas tant le sort du Premier ministre et de son gouvernement que le sien propre. En réalité, c’est lui qui sera aujourd’hui censuré ou qui ne le sera pas. Si au final, il ne l’est pas, par la grâce de l’extrême droite, il ne cessera pas pour autant d’être en sursis seulement. Dès la fin de ce mois en effet, une deuxième motion de censure sera déposée par les Insoumis, qui en ont déjà fait la promesse. Et alors, à nouveau, il se retrouvera dans la même situation qu’aujourd’hui, c’est-à-dire pris entre la vie et la mort. Le régime politique actuel français, celui de la 5e République, n’a pas été conçu pour permettre à un président minoritaire de se maintenir jusqu’au moment où il revient en force, mais pour qu’il ne se retrouve jamais dans la situation intenable du minoritaire. Une fois qu’il y est, point de salut pour lui.

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