Et si Hamilton avait raison ?
Les déclarations amères de Lewis Hamilton à l’issue du Grand Prix de Hongrie n’ont surpris personne. L’homme aux sept titres mondiaux n’en est pas à son premier coup d’éclat émotionnel. Pourtant, ce week-end à l’Hungaroring semble avoir marqué un tournant. Déçu, démoralisé, le Britannique a lâché une phrase forte : « Peut-être que Ferrari devrait …

Les déclarations amères de Lewis Hamilton à l’issue du Grand Prix de Hongrie n’ont surpris personne. L’homme aux sept titres mondiaux n’en est pas à son premier coup d’éclat émotionnel. Pourtant, ce week-end à l’Hungaroring semble avoir marqué un tournant. Déçu, démoralisé, le Britannique a lâché une phrase forte : « Peut-être que Ferrari devrait chercher un autre pilote. » Ces mots, prononcés samedi, ont fait le tour du monde. Et la course du dimanche, conclue hors des points, doublé par Max Verstappen et dominé par son coéquipier Charles Leclerc, n’a rien fait pour apaiser les esprits. On pourrait croire à un simple coup de fatigue ou à une réaction à chaud. Mais si, cette fois, Hamilton disait vrai ? Si ce transfert chez Ferrari, tant attendu, tant commenté, était en réalité une erreur ? L’Anglais est une légende vivante de la F1 : recordman de victoires, de podiums, d’accessions en Q3, à égalité avec Schumacher en nombre de titres.
Depuis ses débuts en 2007, il n’a jamais quitté le sommet, toujours soutenu par des structures de pointe comme McLaren puis Mercedes. Mais depuis le fameux Grand Prix d’Abu Dhabi 2021 et le titre envolé dans les derniers instants, une courbe descendante s’est dessinée, et son adaptation aux monoplaces de la nouvelle ère réglementaire, entamée en 2022, n’a jamais été véritablement réussie. Pire encore, George Russell l’a dominé deux saisons sur trois. Et maintenant, chez Ferrari, le constat est encore plus brutal : face à un Leclerc en pleine maturité, le Britannique ne trouve ni le rythme, ni la confiance. Il faut dire que Ferrari n’a pas été tendre avec ses pilotes ces dernières années. La pression y est constante, la structure instable, et la SF-25 – bien qu’en progrès – reste une voiture capricieuse. Leclerc, formé dans l’environnement Ferrari, s’y adapte naturellement.
Hamilton, lui, semble en décalage total, tant sur le plan technique que mental. Ce transfert a été un immense coup médiatique, c’est certain. Mais si la Scuderia cherche un leader pour guider sa révolution 2026, n’a-t-elle pas déjà cet homme en interne ? Charles Leclerc, fer de lance d’un nouveau projet, épaulé par un jeune talent comme Ollie Bearman, représenterait-il un pari plus cohérent ? En face, rien n’indique que Hamilton, qui aura 41 ans en 2026, retrouvera son niveau d’antan. Dans le sport de haut niveau, certaines unions ne fonctionnent pas. Ferrari et Hamilton se sont choisis. Mais peut-être que l’honnêteté, aujourd’hui, serait de reconnaître que cela ne marche pas. Ce n’est la faute de personne, et cela ne retire rien à la grandeur du pilote comme à celle de l’écurie. Mais persister par orgueil pourrait faire plus de mal que de bien.
Djaffar KHODJA