Hydrogène vert : Atouts et ambitions de l’Algérie

L’Algérie, dotée d’un important potentiel solaire et éolien, figure parmi les six pays d’Afrique du Nord engagés dans le développement de l’hydrogène vert, une énergie propre appelée à transformer profondément le paysage économique et industriel dans la région.

Outre l’Algérie, on retrouve parmi les autres pays concernés l’Egypte, la Mauritanie et la Tunisie qui bénéficient d’un ensoleillement et de vitesses de vent parmi les plus élevés au monde. Ce contexte climatique unique leur confère « un avantage comparatif considérable pour produire de l’hydrogène vert à bas coût », selon la plateforme Attaqa et un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).

L’Algérie a annoncé sa volonté de devenir un acteur majeur de la transition énergétique et de répondre à la demande de l’Europe en matière d’hydrogène vert. Le pays vise à produire et exporter entre 30 et 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide d’ici à 2040, avec un mix d’hydrogène bleu et vert. L’objectif est de couvrir 10% de la demande européenne en hydrogène d’ici à 2040. 

Dans ce sens, l’Algérie compte s’appuyer sur ses accords gaziers existants pour le transport de l’hydrogène vers l’Europe, notamment à travers l’ambitieux projet South2 Corridor, dans lequel sont investis trois pays, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. D’autres pays ont exprimé leur souhait d’intégrer ce projet.

La région d’Afrique du Nord vise selon la même source, une production de 5,2 millions de tonnes d’ici à 2030, pour atteindre 25 millions de tonnes par an d’ici 2050, selon les stratégies nationales déjà publiées par les pays en question. L’objectif principal reste l’exportation vers l’Europe, via des gazoducs ou sous forme de produits dérivés tels que l’ammoniac, le méthanol ou l’acier vert, à forte valeur ajoutée.

La Mauritanie prévoit de produire 1,2 million de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, avec un bond à 4,3 millions à l’horizon 2050. Le pays ambitionne d’exporter, d’ici 2030, 6,9 millions de tonnes d’ammoniac, puis à l’horizon 2050 : 24,4 millions de tonnes d’ammoniac, 5,5 millions de tonnes de méthanol et 18,7 millions de tonnes de fer à réduction directe, selon la carte de l’hydrogène vert en Afrique du Nord présentée par IRENA pour les pays de la région.

La Tunisie, quant à elle, envisage une production plus modeste à court terme : 0,32 million de tonnes d’ici 2030, dont 0,3 million exportées. À l’horizon 2050, elle espère produire 8,3 millions de tonnes et en exporter 6,4. La même source souligne que l’Égypte se positionne comme le leader régional avec une production visée de 3,2 millions de tonnes d’ici 2030, et 9,2 millions en 2040.

Malgré les perspectives encourageantes, « plusieurs défis freinent le développement de la filière », à savoir la nécessité de former des compétences tout au long de la chaîne de valeur, du développement technique à la maintenance, des investissements importants requis dans les ports, les réseaux routiers et hydrauliques, en plus de la compétitivité jugée « encore limitée » par rapport aux énergies fossiles.

Selon le rapport, le développement de l’hydrogène vert repose sur des fondements-clés, à savoir des engagements gouvernementaux clairs, les transferts de technologies depuis l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord, avec une priorité à la fabrication locale, dont la reconversion des travailleurs du secteur fossile, outre une coopération internationale pour renforcer les capacités. Le rapport souligne également l’importance de l’implication des communautés locales, condition essentielle à une transition inclusive et socialement stable.

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