Interview – Leopoldo Destro : «La collaboration entre l’industrie italienne et algérienne peut jouer un rôle stratégique»

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Mars 3, 2025 - 11:20
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Interview – Leopoldo Destro : «La collaboration entre l’industrie italienne et algérienne peut jouer un rôle stratégique»

Faisant partie de la délégation du patronat italien qui participe au Business Forum qui débute aujourd’hui à Alger, Leopoldo Destro, délégué du président de Confindustria, en charge de l’industrie des transports, des infrastructures et de la logistique, a bien voulu répondre aux questions d’Algeriepatriotique sur les objectifs de cet important rendez-vous, qui s’inscrit résolument dans le cadre du programme ambitieux du partenariat stratégique algéro-italien.

Algeriepatriotique : Le partenariat italo-algérien connaît un grand essor qui ne se limite plus à l’important secteur de l’énergie. Dans quels autres secteurs entrevoyez-vous des opportunités de croissance des échanges bilatéraux ?

Leopoldo Destro : L’Italie est le troisième partenaire commercial mondial de l’Algérie – premier client et troisième fournisseur – après la Chine et la France, tandis qu’Alger est notre premier partenaire commercial en Afrique et dans le monde arabe, et notre plus grand fournisseur de gaz naturel – plus de 40% des besoins italiens. Aujourd’hui, le commerce reste concentré principalement dans le secteur de l’énergie, mais nous sommes ici, aujourd’hui, pour identifier d’autres opportunités de partenariat industriel, à la lumière des plans de diversification économique voulus par l’Algérie.

Les relations entre nos communautés d’affaires sont basées sur des collaborations mutuellement bénéfiques avantageuses et durables, un atout qu’il faut soutenir et nourrir davantage. Le système entrepreneurial italien, reconnu pour sa capacité de transformation industrielle et pour son dynamisme avant-gardiste et technologique, fait de nous des partenaires idéaux pour les entreprises algériennes dans de nombreux secteurs.

Notre objectif est lié aussi au potentiel inexploité des exportations italiennes vers le pays, et qui s’élève à environ 900 millions d’euros, plaçant l’Algérie comme la quatrième destination des exportations italiennes vers les pays du monde arabe, avec un grand potentiel de croissance. Plus d’échanges permettra sans aucun doute le renforcement de nos exportations – déjà positives avec +2,2% en 2024 par rapport à 2023 – et une différenciation de la gamme de produits exportés vers l’Algérie.

Nous voyons également des opportunités de collaboration dans les domaines d’intérêt commun. Les énergies renouvelables, à commencer par le photovoltaïque, le solaire thermique et l’éolien, la biomasse, la cogénération et la géothermie, les machines à haute valeur ajoutée, importantes pour les chaînes de production algériennes, ainsi que des solutions de connectivité et des technologies habilitantes pour la transformation numérique, pour la productivité et la compétitivité. Ce, dans un cadre de développement de plus en plus attentif à la durabilité des processus de production.

Ce sont là quelques exemples pour vous étayer les atouts de cette nouvelle saison de synergie industrielle, mais nous sommes ouverts à l’expansion de notre horizon bilatéral, pour saisir pleinement les opportunités de croissance commune. La coopération public-privé est évidemment nécessaire pour mieux enclencher les actions qui peuvent faciliter les investissements, supprimer les obstacles à l’accès au marché algérien et promouvoir l’innovation conjointe dans divers domaines d’intérêt commun.

Je suis donc sûr qu’avec le précieux soutien des acteurs institutionnels algériens et du système économique de notre pays, nous pourrons lancer des actions ciblées pour transformer le potentiel en projets industriels tangibles et créer de réels avantages pour les entreprises des deux pays.

Votre mission se veut le reflet d’une intégration économique entre les deux rives de la Méditerranée. Quels objectifs se fixe-t-elle, compte tenu des potentialités du marché en Algérie, qui vit une embellie et qui continue de croître ?

La table ronde qui se tiendra aujourd’hui, en présence du ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, et du ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, est une nouvelle opportunité, non seulement pour consolider la coopération stratégique bilatérale, mais aussi pour renforcer le rapprochement des deux rives de la Méditerranée, avec l’Italie et l’Algérie comme protagonistes de cet ambitieux processus.

Notre mission d’aujourd’hui s’inscrit dans le contexte d’un développement économique croissant de l’Algérie, qui entend investir massivement, non seulement dans le secteur énergétique, mais aussi dans les infrastructures et l’industrie, et ce, dans le but de créer un environnement favorable à la présence des entreprises étrangères, notamment italiennes.

L’espoir est d’amener les entreprises italiennes à devenir des partenaires privilégiés de la communauté d’affaires algérienne, en élargissant leur présence, ainsi qu’en renforçant celle des grands groupes déjà actifs dans le pays, des grandes sociétés étatiques et privées, aux PME-PMI, qui représentent un point fort de nos deux tissus industriels.

Dans ce chantier dynamique, les collaborations algériennes dans les projets d’infrastructures sont certainement d’importants catalyseurs du développement économique et des moteurs de croissance dans tous les grands secteurs productifs.

C’est certainement une opportunité pour les entreprises italiennes de consolider leur rôle dans un marché en expansion, privilégiant l’intégration économique qui favorise également un développement commun, basé sur le partage de compétences, du savoir-faire et de la recherche de qualité. La table ronde est donc une opportunité stratégique pour définir une feuille de route pour une coopération stable et à long terme entre l’Italie et l’Algérie.

Avec le plan Mattei, les deux gouvernements travaillent à long terme, appuyés sur les accords bilatéraux déjà signés ces dernières années. Quel rôle devrait échoir au secteur privé et, en particulier, aux entreprises opérant dans le domaine des infrastructures ?

Le plan Mattei lancé par notre gouvernement est une initiative stratégique visant à renforcer la coopération avec les pays africains, en insistant sur la promotion des investissements dans les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et le développement durable. Avec ce plan, nous avons une occasion extraordinaire d’ouvrir la voie à de nombreux domaines de collaboration. L’objectif est de les élargir, de les approfondir et de les renforcer en les plaçant au centre des relations euro-méditerranéennes, qui se prolonge également vers l’Afrique subsaharienne.

Dans ce contexte, l’Algérie est un point d’arrivée, mais aussi un pont et une porte d’entrée, en direction d’autres pays du continent africain. La collaboration entre l’industrie italienne et algérienne peut jouer un rôle stratégique.

Le secteur est dans un moment de grandes transformations et d’opportunités, soutenues par la croissance rapide de l’utilisation des technologies avancées – la numérisation des chantiers de construction, l’utilisation de matériaux innovants – et l’attention croissante portée au thème de la durabilité. Le secteur italien des constructions et des infrastructures affiche une performance positive en 2023, consolidant la croissance exceptionnelle enregistrée au cours des deux années précédentes.

Le marché italien a atteint une valeur de 338,4 milliards de dollars en 2023 et devrait croître à un rythme rapide avec un taux de croissance annuel moyen (TCAC) de 2,72 % jusqu’en 2032, date à laquelle il devrait atteindre 433,88 milliards de dollars. En outre, l’Italie possède la troisième plus grande industrie de construction d’Europe en termes absolus.

Certaines entreprises italiennes figurent dans le classement des plus grandes entreprises de construction au monde en 2023. A cela s’ajoute une solide présence des entreprises italiennes en Algérie, avec une forte réputation d’expertise et de qualité. Les compétences et l’expérience peuvent contribuer de manière concrète au développement des infrastructures algériennes, favorisant la croissance économique des liens durables et renforcés entre les deux pays.

Par conséquent, toutes les conditions sont réunies pour qu’une collaboration efficace entre l’Algérie et l’Italie dans les projets d’infrastructures puisse se renforcer, dans le cadre d’initiatives stratégiques, comme le plan Mattei.

Propos recueillis par Mourad Rouighi

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