La lettre de Macron, une supercherie diplomatique : Paris « mauvais élève » plus que jamais
Nouvel épisode conflictuel entre Alger et Paris, et comme à l’accoutumé, c’est la partie française qui a ouvert les hostilités. La lettre qu’a transmise le chef de l’Etat français à son Premier ministre est en réalité une succession de contre-vérités distillés par un Emmanuel Macron, visiblement à l’offensive pour déborder plus à droite son ministre […] The post La lettre de Macron, une supercherie diplomatique : Paris « mauvais élève » plus que jamais appeared first on Le Jeune Indépendant.

Nouvel épisode conflictuel entre Alger et Paris, et comme à l’accoutumé, c’est la partie française qui a ouvert les hostilités. La lettre qu’a transmise le chef de l’Etat français à son Premier ministre est en réalité une succession de contre-vérités distillés par un Emmanuel Macron, visiblement à l’offensive pour déborder plus à droite son ministre de l’Intérieur.
Parce que c’est de cette tentative de se maintenir au cœur d’une équation politique de plus en plus xénophobe, populiste et raciste, qu’il s’agit. D’emblée, Macron plante le décor « compte tenu des difficultés croissantes que nous rencontrons en matière migratoire et sécuritaire avec l’Algérie, je souhaite que vous puissiez prendre des décisions supplémentaires ».
L’accent mis sur les questions migratoires et sécuritaires est en lui-même une supercherie politique qui parle uniquement à ses compatriotes les plus sensibles au discours extrémiste. Arriver à dire que l’Algérie ne respecte pas ses obligations relatives aux accords de 1994 et de 2013 est un mensonge patenté.
Pourquoi ? Emmanuel Macron, en fin de mandat, utilise ici les mêmes arguments que son ministre de l’Intérieur, en accentuant le trait sur la responsabilité supposée de l’Algérie, sur les questions d’OQTF et de réadmission. Les soi-disant mesures de rétentions à l’encontre des diplomates français n’étant qu’une réaction d’application du principe de réciprocité par Alger afin de répondre aux mesures vexatoires et contraires aux dispositions de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires. Mais le président français feint ignorer ces questions pour se concentrer sur une pseudo-fermeté pour caresser dans le sens du poil un électorat de plus sensible au discours extrémiste et raciste anti-algérien.
La réponse ferme des autorités algériennes a été distillé par le biais de deux communiqués du ministère des Affaires étrangères. Dans le premier, il est précisé que lettre de Macron à Bayrou « exonère la France de l’intégralité de ses responsabilités et fait porter tous les torts à la partie algérienne. Rien n’est plus loin de la vérité et de la réalité. Dans toutes ses phases, la crise actuelle a régulièrement donné lieu à des communiqués officiels du ministère algérien des Affaires étrangères.
Ces communiqués ont systématiquement établi les responsabilités dans l’escalade et révèlent que les réactions et les contre-mesures que les autorités algériennes ont pu adopter s’inscrivaient strictement et rigoureusement dans le cadre de l’application du principe de réciprocité ».
Avec précision et minutie, le communiqué algérien rétabli les faits. « C’est la France qui a contrevenu à sa propre législation interne. C’est la France, également, qui a manqué au respect de ses engagements au triple titre de l’accord algéro-français de 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles, de la convention consulaire algéro-française de 1974 et de l’accord algéro-français de 2013 relatif à l’exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service.
Les contre-vérités de l’Elysée
C’est la France, en outre, qui s’est donné pour seule et unique objet de fixation l’accord algéro-français de 1994 relatif à la réadmission des ressortissants algériens vivants en situation irrégulière en France, accord dont elle a dénaturé la raison d’être et détourné les objectifs véritables. C’est la France, enfin, qui s’est affranchie de ses devoirs contractés au titre de la convention européenne des droits de l’homme de 1950 ».
La supercherie macronienne est on ne peut plus claire ! Les contre-vérités du gouvernement français ne sont qu’un mensonge éhonté destiné à consommation interne. Ce que la lettre de Macron omet de préciser, c’est que l’accord de 2013 sur l’exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques a été signé sur insistance de la partie française, donc, nul besoin de faire de la surenchère ou du chantage sur les autorités algériennes.
La fuite en avant de Paris oublie également les dispositions de l’article 6 de cet accord, un article qui stipule que « les difficultés d’interprétation et d’application du présent Accord sont réglées par la voie diplomatique ». Ce que la partie française ne mentionne pas. Le but manifeste est d’accabler les autorités algériennes sur ce dossier
Le second communiqué des Affaires étrangères algériennes revient quant à lui sur les notifications verbales faites au chargé d’affaires français convoqué jeudi dernier. « La première note verbale a eu pour objet de notifier formellement la dénonciation par la partie algérienne de l’Accord algéro-français de 2013 relatif à l’exemption réciproque des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. Cette dénonciation va plus loin que la simple suspension notifiée par la partie française et met définitivement un terme à l’existence même de cet accord ».
Autrement dit, si la France pensait tenir la dragée haute aux Algériens par rapport à certains privilèges liés à l’exemption des visas pour les diplomates, la partie algérienne fait savoir aux Français que souverainement, l’Algérie a décidé de « dénoncer » purement et simplement cet accord, manière de dire à Paris que ce n’est pas le centre de l’univers et que les visas fussent-ils de type Schengen ne dépendent pas uniquement du bon vouloir de la France, malgré les menaces de Macron dans sa lettre.
Il semble que les Français sont plus que jamais de « mauvais élèves » pour reprendre la célèbre sentence du général Giap. Ils sont tellement mauvais et indisciplinés qu’ils ne retiennent pas les leçons du passé.
L’histoire a conforté l’Algérie dans sa marche vers la dignité, la souveraineté et l’indépendance. Ni Macron, et encore moins Retailleau, Bardella, Zemmour ou Le Pen n’ont compris la leçon, encore moins compris les paroles de Kassaman : « Ô France ! le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! voici venu le jour où il te faut rendre des comptes ». A fortiori , nous y sommes !
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