Le nucléaire, un alibi ?  : Les véritables motivations d’Israël 

Quatre jours après le déclenchement de l’agression sioniste contre l’Iran, les contours d’un conflit à grande échelle se dessinent. Derrière les frappes israéliennes se cachent des objectifs géopolitiques, celui de briser les derniers pôles de résistance régionale, détourner l’attention des crimes commis à Gaza, et sauver un pouvoir israélien en crise. Face à cette escalade, […] The post Le nucléaire, un alibi ?  : Les véritables motivations d’Israël  appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juin 17, 2025 - 01:35
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Le nucléaire, un alibi ?  : Les véritables motivations d’Israël 

Quatre jours après le déclenchement de l’agression sioniste contre l’Iran, les contours d’un conflit à grande échelle se dessinent. Derrière les frappes israéliennes se cachent des objectifs géopolitiques, celui de briser les derniers pôles de résistance régionale, détourner l’attention des crimes commis à Gaza, et sauver un pouvoir israélien en crise. Face à cette escalade, l’Iran riposte de manière graduée, dans le cadre de son droit à la légitime défense, tandis que le silence complice des puissances occidentales met une nouvelle fois à nu l’impasse du droit international.

Évidemment, Israël invoque la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Mais pour de nombreux experts, cet argument ne tient pas.  « Ce motif nucléaire est fallacieux », a expliqué ce lundi  Bessam Laaredj, dans son intervention sur les ondes de la radio nationale. « L’Iran enrichit l’uranium à 60 %, or il faudrait 90 % pour une ogive. En plus, tout cela est surveillé par l’AIEA ». Selon l’expert, la situation rappelle de façon troublante le scénario irakien de 2003, lorsque les États-Unis avaient justifié la guerre par la présence d’armes de destruction massive… qui n’existaient pas.

Pour le professeur Laaredj, l’agression actuelle s’inscrit dans une logique profondément politique, bien au-delà des seuls enjeux sécuritaires. « Le véritable objectif de cette guerre, c’est de détourner l’attention de la situation à Gaza et de sauver un gouvernement israélien d’extrême droite en grande difficulté ».

En effet, Netanyahou fait face à une crise intérieure majeure. Sa gestion de la guerre, les tensions sociales et les pressions judiciaires affaiblissent considérablement sa position. Le déclenchement d’un nouveau front pourrait lui permettre de regagner du terrain, politiquement et symboliquement. « Tant que le pays est en guerre, il est protégé. Une fois la paix revenue, c’est potentiellement la prison qui l’attend », affirme Laaredj.

Au même moment, l’Iran menait à Oman un sixième round de négociations avec les États-Unis et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans l’espoir de relancer l’accord sur le nucléaire. « L’offensive israélienne a saccagé cet effort diplomatique. Ce n’est pas un hasard, c’est une volonté claire de torpiller toute possibilité de rapprochement entre l’Iran et l’Occident », commente l’expert.

Israël frappe l’Iran alors que ce dernier n’est pas dans une posture agressive, mais plutôt en phase de concessions. D’où une première riposte iranienne mesurée, graduée, visant uniquement des cibles militaires ou économiques.

Du point de vue juridique, la situation actuelle soulève de graves questions. « Il s’agit d’un acte d’agression pur et simple. Le recours à la force armée n’est autorisé que dans deux cas : la légitime défense ou sur mandat du Conseil de sécurité. Ici, aucune de ces conditions n’est remplie », rappelle Laaredj.

Or, comme en 2003, le Conseil de sécurité reste paralysé par les vetos des grandes puissances. « On assiste à un double standard flagrant. Le droit international est appliqué de manière sélective, au gré des intérêts géopolitiques des puissances occidentales ».

Ce discrédit mine davantage la légitimité des institutions internationales et alimente le ressentiment des États du Sud, de plus en plus critiques envers ce qu’ils perçoivent comme un ordre mondial à deux vitesses.

L’élargissement du conflit est déjà en cours. Des attaques ont été signalées en Syrie, au Liban et en Irak. L’espace aérien irakien a été violé. Les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban ou encore des factions armées en Irak pourraient s’impliquer à tout moment. « Si les États-Unis interviennent directement, l’Iran ripostera contre leurs bases militaires dans la région. On passerait alors d’un conflit bilatéral à un embrasement régional. Voire mondial », alerte Laaredj.

Le système de défense israélien, bien que sophistiqué, montre ses limites face aux attaques de saturation. « Le Dôme de Fer n’est pas infaillible. Les Iraniens utilisent une tactique de surcharge pour contourner ses capacités. Et si d’autres acteurs armés rejoignent l’offensive, Israël pourrait se retrouver débordé », précise le professeur.

La diversion opère déjà. Les projecteurs se détournent peu à peu de Gaza, où les opérations militaires israéliennes continuent de faire des victimes civiles et de détruire les infrastructures. « L’objectif est aussi de reléguer au second plan le génocide en cours à Gaza. Même le sommet international sur la reconnaissance de l’État palestinien, prévu prochainement, a été reporté », regrette Laaredj.

Face à cette escalade, l’Algérie a exprimé sa solidarité avec l’Iran et dénoncé les agressions israéliennes. Mais la plupart des grandes puissances se contentent de réactions prudentes, voire silencieuses. « Il est illusoire de croire qu’Israël agit sans coordination avec les États-Unis », estime Laaredj. « Washington joue une double carte : affaiblir l’Iran, soutenir Israël, mais éviter une guerre ouverte. C’est une stratégie risquée et instable ».

Au-delà du drame humain et du péril géopolitique, cette guerre sonne comme un nouvel avertissement : le système international est à bout de souffle. « Le monde a changé, mais le Conseil de sécurité reste figé dans un modèle hérité de 1945. Tant que les cinq membres permanents et leurs alliés continueront à se protéger mutuellement, le droit international sera vidé de sa substance », conclut le professeur Laaredj.

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