Libération d’otages contre prolongation de la trêve
Les négociateurs américains et ceux du Hamas poursuivent leurs discussions à Doha en l’absence d’Israël, à la recherche d’un accord donnant lieu le cas échéant à un échange de prisonniers, mais pas nécessairement à une prolongation du cessez-le-feu censé être en cours depuis plusieurs semaines, qu’Israël toutefois est loin de respecter scrupuleusement. Quasi-quotidiennement, en effet, […]

Les négociateurs américains et ceux du Hamas poursuivent leurs discussions à Doha en l’absence d’Israël, à la recherche d’un accord donnant lieu le cas échéant à un échange de prisonniers, mais pas nécessairement à une prolongation du cessez-le-feu censé être en cours depuis plusieurs semaines, qu’Israël toutefois est loin de respecter scrupuleusement. Quasi-quotidiennement, en effet, ses drones tirent comme au hasard sur de petits groupes de civils, où qu’ils soient, dans le seul but de faire parmi eux des morts et des blessés, et de la sorte entretenir le climat d’insécurité propre à persuader à plus ou moins longue échéance les habitants de déserter le pays. Pour Israël comme pour l’administration Trump, c’est d’ailleurs ce qu’ils auraient déjà fait si on leur en avait laissé le choix. A Doha, ce qui serait désormais sur la table de négociation, une donnée cependant non encore recoupée par ailleurs, c’est la libération de dix otages vivants contre une rallonge de deux mois du cessez-le-feu. Dix otages et non plus seulement six, nombre supposé de prisonniers possédant la nationalité américaine.
On sait d’avance quelle sera la réponse du Hamas, ce sera un non catégorique. Mas le seul fait que les termes de l’échange se présentent sous cette forme prouve déjà que le plan arabe de reconstruction de Ghaza sans transfert de sa population est lettre morte. Il ne pèse d’aucun poids dans les discussions en cours, ni non plus, vraisemblablement, dans celles qui reprendraient peut-être entre les pays intermédiaires et les représentants d’Israël, discussions censées s’inscrire dans le cadre de l’accord à trois phases déjà conclu et en partie mis en œuvre. Si ce plan ne dépendait pour sa concrétisation que de la volonté de ceux qui l’ont adopté, il n’y aurait pas de doute à avoir à cet égard, les Arabes faisant bloc relativement à lui. Le hic, c’est qu’il faut que l’adversaire soit disposé à l’accepter. Or il l’a repoussé d’un revers de main, comme quelque chose d’irréalisable car en soi irréaliste. Il ne reste plus aux Arabes qu’à refuser à leur tour le plan reposant sur le transfert de la population, appelé aussi le plan de Trump. Le décor est planté pour une reprise de la guerre, à laquelle d’ailleurs Israël se prépare d’ores et déjà, au travers d’exercices ordonnés par son tout nouveau chef d’état-major, le général Eyal Zamir. Les deux plans, au fond, ne s’accordent que sur un point : la disparition du Hamas, et avec lui, de toute forme de résistance armée dans Ghaza. On pourrait croire que si le Hamas acceptait de déposer les armes, une solution moyenne pourrait prendre forme, qui tiendrait des deux plans. Cela n’est pas possible, pour la bonne raison qu’il n’y a aucune composition possible entre la déportation et la non-déportation, deux notions absolument exclusives l’une de l’autre. Les Israéliens veulent transférer la population de Ghaza, toute la population de Ghaza, dans les pays arabes voisins, qui eux y sont totalement opposés. Les Arabes ne peuvent à la fois vouloir la reconstruction sans déportation et le démantèlement de la résistance. La seule solution possible est dans le soutien à cette dernière. Or s’il y en a parmi eux qui sont déjà sur cette position, d’autres sont encore d’avis que la résistance est le cœur du problème.