La première phase de l’accord de cessez-le-feu à Ghaza a formellement pris fin il y a deux jours. Il était prévu qu’elle soit suivie par une deuxième de même durée, au cours de laquelle les échanges de prisonniers seraient menés à leur terme, dans le même temps que l’armée israélienne achèverait son retrait de Ghaza. Après quoi devrait commencer la troisième phase, consacrée quant à elle à la reconstruction de Ghaza, ce qui suppose le rétablissement préalable de la paix. C’est en tout cas ce qui avait été convenu lors des négociations entre Israël et les intermédiaires arabes et américains, après des mois de guerre et de massacres incessants de la population civile. A noter que les termes de cet accord, présenté en son temps comme celui de Biden, découlaient en réalité d’une proposition israélienne, de l’aveu même de l’administration américaine de l’époque. Si bien qu’on pouvait déjà dire qu’Israël n’a fait en l’acceptant que s’approuver lui-même. Il devait savoir dès ce moment qu’il ne s’engagerait pas dans une deuxième phase, en tout cas pas une du genre de celle qui était convenue au départ, mais tout au plus dans une qui serait un simple prolongement de la première, qui vient de prendre fin.
Restait à trouver la forme, le justificatif, le prétexte pour sortir de l’accord. Voilà qui est fait, d’autant plus facilement qu’il s’est agi pour lui de faire ce qu’il a déjà fait : consentir à une proposition à l’origine conçue par lui mais dont il prête volontiers la paternité aux Américains. Il se dit donc d’accord avec l’offre de Witkoff d’une nouvelle trêve pour cause de ramadhan et de Pâque juive, qui dès son premier jour verrait la libération de la moitié des otages israéliens encore vivants, une trentaine, contre bien sûr un nombre donné de prisonniers palestiniens. Le cas de l’autre moitié ferait l’objet de négociations devant conduire à un accord sur la deuxième phase, celle-là même à laquelle s’oppose maintenant par principe le gouvernement Israël. Demain se réunit la Ligue arabe pour discuter du plan égyptien de reconstruction de Ghaza. Sans préjuger des conclusions de cette rencontre d’exception, puisqu’il ne s’agit rien de moins que de s’accorder sur l’avenir de Ghaza, sur les modalités de sa reconstruction matérielle et politique, ne serait-ce que pour empêcher qu’elle ne soit prise par les Etats-Unis, on peut dire d’ores et déjà que rien ne serait possible dans cette perspective si Israël ne s’en retirait pas complètement. Or, il y a seulement quelques heures, et comme à la veille du sommet du Caire, le ministre israélien de la Défense a déclaré que jamais Israël n’abandonnerait l’axe de Philadelphie, qu’il y resterait pour toujours. Israël a conservé des positions au Sud-Liban, il en a pris de nouvelles en territoire syrien, car son obsession reste entière d’un nouvel 7-octobre. Pas un mètre de ses frontières avec ses voisins arabes ne doit échapper à sa constante vigilance. La Cisjordanie elle-même est à garder désormais sous surveillance étroite, pointilleuse, ce qui implique qu’elle soit occupée intra-muros. Tout indique qu’Israël ne se contentera pas de moins que du démantèlement du Hamas et des autres groupes de la résistance, et qu’il dispose à cet effet de tout le soutien de l’administration Trump. Le plus probable donc est qu’il reprendra la guerre dès après la récupération de son dernier otage.