Lutte contre les trafiquants de drogue : Protection des mineurs renforcée
La protection des mineurs contre les trafiquants de drogue qui sévissent autour des établissements scolaires est l’une des mesures phares du nouveau projet de loi sur les stupéfiants et les substances psychotropes, actuellement débattu à l’Assemblée populaire nationale. Il entend muscler la réponse judiciaire, tout en renforçant les dispositifs de soins et de prévention. C’est […] The post Lutte contre les trafiquants de drogue : Protection des mineurs renforcée appeared first on Le Jeune Indépendant.

La protection des mineurs contre les trafiquants de drogue qui sévissent autour des établissements scolaires est l’une des mesures phares du nouveau projet de loi sur les stupéfiants et les substances psychotropes, actuellement débattu à l’Assemblée populaire nationale. Il entend muscler la réponse judiciaire, tout en renforçant les dispositifs de soins et de prévention. C’est ce qu’a indiqué, ce lundi, le Pr Abdelkrim Messaoudi, chef du service de psychiatrie pédiatrique à l’EHS de Chéraga.
Le Pr Messaoud a affirmé que « c’est une très bonne chose. Il fallait fixer clairement les règles de lutte, et surtout protéger les enfants et les personnes vulnérables », l’objectif étant d’éradiquer les réseaux qui ciblent délibérément les mineurs pour en faire des consommateurs ou des relais de distribution. Le texte prévoit ainsi des peines allant jusqu’à 30 ans de prison, voire la peine capitale, pour toute personne impliquée dans l’incitation, le recrutement ou l’utilisation de mineurs dans le trafic de stupéfiants. Des sanctions qui témoignent d’« un changement d’approche, désormais plus rigoureux et global », a souligné le Pr Messaoudi sur les ondes de la Radio nationale.
Alertant sur le fait que la toxicomanie est actuellement « une véritable crise de santé publique », il a affirmé que « nous faisons face à une véritable urgence sanitaire », précisant qu’« aujourd’hui, les consommateurs sont de tous âges mais surtout de plus en plus jeunes. Il ne s’agit plus d’un problème marginal, mais bien d’un enjeu national de santé publique qui exige une réponse globale ».
Ce qui inquiète le plus le spécialiste, c’est l’âge de plus en plus jeune des patients reçus. « Nous voyons arriver des adolescents accros à des drogues dures. Cela veut dire que la première consommation a eu lieu encore plus tôt, parfois dès 12 ou 13 ans », a déploré le psychiatre. Il a fait savoir que les causes sont multiples, dont notamment les vulnérabilités psychiques, un environnement familial instable, la pression sociale et le sentiment d’exclusion. « Mais le principal facteur reste la disponibilité de la drogue. Lorsqu’un produit est accessible, la tentation augmente. Et souvent, c’est une recherche de nouveauté ou de plaisir passager qui déclenche la première prise », a-t-il indiqué.
Une fois ce premier contact établi, la mémoire du plaisir ressenti s’imprime dans le cerveau. Le spécialiste a ainsi expliqué que « le circuit neurologique de la récompense est activé. Et à chaque difficulté ultérieure, l’organisme réclame à nouveau la substance. C’est le début d’un engrenage qui mène à l’addiction ».
Il a également tenu à alerter sur le fait que, dans la majorité des cas, les personnes consultent trop tardivement, souvent lorsqu’elles ont déjà développé des complications physiques, psychiques ou sociales. « La famille découvre le problème quand il est déjà trop avancé. Mais plus tôt on intervient, meilleures sont les chances de guérison », a-t-il dit, rappelant que les addictions débutent souvent à un âge jeune, alors que le cerveau est encore en développement. « Plus la consommation commence tôt, plus elle impacte durablement la personnalité de l’individu. Si on tarde à diagnostiquer, les dégâts peuvent être irréversibles », a-t-il affirmé.
En outre, l’essor des drogues de synthèse et l’évolution des modes de consommation sont une autre source de préoccupation majeure, car les produits sont plus puissants, moins chers, et parfois fabriqués localement dans des conditions incontrôlables. Le Pr Messaoud s’est dit désolé de constater qu’« aujourd’hui, nous avons des jeunes qui s’injectent des produits chimiques, sans aucune norme sanitaire. Le danger est immense, tant pour leur santé immédiate que pour les risques infectieux à long terme ».
Dépistage en milieu scolaire et professionnel
Par ailleurs, l’une des mesures envisagées dans le projet de loi consiste à l’introduction de tests de dépistage périodiques dans certains environnements sensibles, comme les lieux de travail, et, à terme, les établissements scolaires.
Une disposition qui suscite débat. Le spécialiste a estimé que « dans les secteurs sensibles, comme la santé ou les transports, il est crucial de garantir la sécurité. Les contrôles peuvent alors être justifiés. Mais dans les écoles, on devrait privilégier l’action préventive ». Il a insisté sur l’importance de renforcer la sensibilisation auprès des jeunes, notamment en impliquant les associations, les travailleurs sociaux, les éducateurs et les instances de jeunesse, affirmant que « la prévention, c’est ce qui donne les meilleurs résultats sur le long terme.
Il faut aller dans les quartiers, dans les écoles, créer du dialogue et de l’accompagnement ». Il a également appelé à renforcer les actions de prévention et d’éducation, notamment en milieu scolaire, soulignant qu’« il faut que l’enfant sache très tôt ce que sont ces produits, leurs effets et leurs dangers. La prévention commence à la maison, se poursuit à l’école et doit être relayée par tous les moyens possibles ».
En outre, sur le plan sanitaire, la loi prévoit de consolider les capacités des structures existantes, à l’image des CISA (Centres intermédiaires de soins en addictologie), qui assurent actuellement des soins en ambulatoire. Des unités d’hospitalisation spécialisées existent également pour les cures de désintoxication, mais elles restent insuffisantes face à la demande croissante. Afin d’assurer une meilleure riposte sanitaire, le Pr Messaoud plaide pour une montée en puissance de la recherche, de la formation spécialisée, mais surtout d’un investissement fort dans la prévention primaire.
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