Musique: Hachemi Guellil, la voix inoubliable de Melbou (Béjaïa)

Il y a des voix qui ne s’éteignent jamais vraiment. Elles restent suspendues dans l’air, portées par le vent qui descend des montagnes vers la mer, murmurées dans les ruelles des villages, fredonnées au détour d’une fête. Celle de Hachemi Guellil fait partie de ces voix-là. Le lundi 7 août 2017, à Tizi El-Oued, la […]

Août 15, 2025 - 20:32
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Musique: Hachemi Guellil, la voix inoubliable  de Melbou (Béjaïa)

Il y a des voix qui ne s’éteignent jamais vraiment. Elles restent suspendues dans l’air, portées par le vent qui descend des montagnes vers la mer, murmurées dans les ruelles des villages, fredonnées au détour d’une fête. Celle de Hachemi Guellil fait partie de ces voix-là. Le lundi 7 août 2017, à Tizi El-Oued, la sienne s’est tue…
mais elle continue de résonner dans le cœur de Melbou, dans la wilaya de Béjaïa

Par Hafit Zaouche

Né en 1954, Hachemi avait découvert la musique comme on découvre un secret qui change une vie. Très tôt, il s’était laissé séduire par les cordes d’une mandole, le souffle d’une flûte, les touches d’un accordéon. Sa première empreinte discographique, JSK (1983), avait la sincérité des débuts et la force des évidences. On y retrouvait l’amour, la dureté de la vie et cette tendresse infinie pour la mère – trois piliers qui allaient nourrir tout son art.
Mais Hachemi n’était pas seulement un chanteur, il était un semeur de culture. En 1984, il fonde une troupe de danse folklorique pour la jeunesse, persuadé que la musique et la danse pouvaient unir les générations. Quelques années plus tard, en 1987, il enregistre Aygher (Pourquoi)  à Azazga, entouré de jeunes choristes. La chanson franchit les frontières de sa commune et ancre son nom dans le patrimoine musical kabyle.
Au début des années 90, dans sa propre maison d’édition à Melbou, il sort Chômage, un dernier album comme un témoignage du temps qui passe et des épreuves qui marquent les hommes. Puis il consacre son énergie à la troupe Idhebalen, sillonnant l’Algérie, des villages reculés aux grandes villes, portant la joie des mariages et la beauté des traditions.
Puis vint le temps du silence forcé. La maladie, implacable, l’éloigna peu à peu des scènes. Mais jamais de son peuple. Et lorsqu’il s’éteignit ce lundi d’août, c’est toute une région qui ressentit l’absence, comme une corde brisée dans une chanson inachevée.
Le jour de ses funérailles, son village s’est couvert d’un voile de recueillement. Les proches, les amis, les artistes, les anonymes… tous étaient là, comme pour dire que l’homme, l’artiste, le frère, ne disparaîtrait pas tant que ses mélodies continueraient d’habiter les mémoires.
Hachemi Guellil laisse derrière lui cinq enfants, mais aussi une génération qu’il a inspirée. Melbou lui doit plus que des chansons : elle lui doit d’avoir cru que l’art peut être une flamme qui ne s’éteint pas. Et quelque part, entre les vagues de la Méditerranée et les collines algériennes, on entend encore sa voix… douce, fidèle, éternelle.

H. Z.