Aujourd’hui samedi est prévu un deuxième échange de prisonniers dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Ghaza, entré en vigueur il y a une semaine avec une première vague de libérations de détenus israéliens et palestiniens. Il concernera quatre otages israéliens et quelques centaines de prisonniers palestiniens, mais à la différence du premier, il interviendra dans le contexte d’une quasi guerre déclenchée entre-temps par l’armée israélienne tant à Djénine qu’ailleurs en Cisjordanie. Il ne s’agit rien moins pour Israël que de liquider toute forme de résistance non seulement à Djénine, haut lieu de la résistance à l’occupant dans cette partie de la Palestine, mais dans l’ensemble de cette dernière. Rien d’étonnant, pour peu qu’on y pense, à ce qu’un deuxième front s’ouvre à peine le calme est-il, d’ailleurs provisoirement, revenu à Ghaza. L’opération militaire en Cisjordanie a été lancée maintenant, et pas un à un autre moment, pour donner satisfaction à une demande formulée par Belazel Smotrich, qui avait menacé de suivre l’exemple de l’autre ministre chantre de la guerre génocidaire, qui lui en effet avait démissionné du gouvernement du fait de sa ferme opposition à l’accord passé avec la résistance palestinienne de Ghaza.
Smotrich a fait dépendre sa non démission du gouvernement, qui autrement serait mis en minorité, de la nécessité de faire de l’opération en Cisjordanie un des buts de la guerre dans quoi Israël est engagé depuis le 7 octobre 2023, et qui pour l’heure est suspendue à Ghaza. On connaît les principaux buts déclarés de cette guerre : anéantissement de la résistance et libération des otages, si bien sûr mention n’est pas faite des autres, qui pour être restés implicites n’en sont pas moins poursuivis au même titre que les premiers. Un troisième objectif vient de lui être fixé : l’éradication de la résistance à première vue dans le seul camp de Djénine, en réalité dans toute la Cisjordanie. Pour sauver son gouvernement après la démission de Itamer Ben-Gvir, Benjamin Netanyahou donne le feu vert à une deuxième guerre, au risque de faire repartir la première, moins d’une semaine après l’instauration du cessez-le-feu la concernant. Interrogé sur ce qu’il pensait de ce dernier, le jour même de son investiture, Donald Trump avait répondu qu’il ne lui inspirait pas grande confiance, mais qu’à tout prendre il ne s’en préoccupait pas outre mesure, qu’il n’en faisait pas une priorité autrement dit, entendu qu’elle était une guerre étrangère, non américaine par conséquent. Des propos que son prédécesseur n’aurait jamais tenus, bien qu’il soit sage de s’en méfier venant de Trump. On ne connaît pas encore l’opinion de celui-ci sur l’attaque israélienne en Cisjordanie. Y voit-il une énième opération de police à Djénine, la sixième depuis le 7 octobre 2023, ou une véritable guerre prenant le relais de celle qui s’est arrêtée à Ghaza, et en attendant que celle-ci reprenne de plus belle ? Dans le premier cas, il aurait probablement tendance à l’ignorer, sauf évidemment si tournant au génocide, elle s’imposait à lui, comme d’ailleurs au monde entier, et dans le second, on peut penser qu’il finirait par s’en alarmer, et donc par en parler. Trump est encore dans cet état de grâce où il lui suffit de parler pour être obéi, du moins par ceux des alliés dont la sécurité dépend étroitement de l’aide américaine, comme c’est précisément le cas s’agissant d’Israël.