Perquisition

Alors que les électeurs du Rassemblement National commencent doucement à se faire à l’idée de voter pour Jordan Bardella en 2027 plutôt que pour leur candidate favorite Marine Le Pen, cette dernière ayant été condamnée à une peine d’inéligibilité de 5 ans il y a quelques mois par la justice, la situation se dégrade autour […]

Juil 9, 2025 - 23:52
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Perquisition

Alors que les électeurs du Rassemblement National commencent doucement à se faire à l’idée de voter pour Jordan Bardella en 2027 plutôt que pour leur candidate favorite Marine Le Pen, cette dernière ayant été condamnée à une peine d’inéligibilité de 5 ans il y a quelques mois par la justice, la situation se dégrade autour du parti où les affaires judiciaires se multiplient. En effet, le siège du RN, des entreprises et les domiciles de leurs dirigeants ont été perquisitionnés dans le cadre d’une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal des campagnes présidentielle et législatives en 2022 et européennes en 2024, a indiqué, hier, le parquet de Paris. Les investigations doivent «permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne», a précisé le parquet. «À ce jour, aucune personne physique ou morale n’est mise en examen dans cette procédure», a-t-il ajouté. Le président du RN, Jordan Bardella, qui a lui-même révélé hier dans la matinée la perquisition alors en cours au siège du parti à Paris, a dénoncé une «opération spectaculaire et inédite» qui s’inscrit, selon lui, «dans une nouvelle opération de harcèlement». «C’est une atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique», s’est-il indigné, estimant que «jamais aucun parti d’opposition n’a subi un tel acharnement sous la Ve République». «L’intégralité des dossiers qui concernent les dernières campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes sont aujourd’hui entre les mains de la justice», a assuré Jordan Bardella dans un message sur X, expliquant qu’«une vingtaine de policiers de la brigade financière et deux juges d’instruction» menaient la perquisition. Le président du parti à la flamme a affirmé en début d’après-midi à l’AFP que la perquisition au siège du RN était «en réalité un prétexte pour fouiller mon bureau». Le chef du parti de la droite nationale a assuré que cette perquisition avait commencé à 8h50 hier et précisé qu’elle concernait aussi «les bureaux des dirigeants». Les perquisitions ont été menées par la Brigade financière et anti-corruption (BFAC), a précisé une source proche du dossier à l’AFP. Les soupçons concernent notamment «le financement des campagnes présidentielle de 2022, législative de 2022 et européenne de 2024», selon le parquet qui ajoute que l’information judiciaire est ouverte depuis juillet 2024, entre autres pour escroquerie commise au préjudice d’une personne publique, prêt à titre habituel d’une personne physique à un parti politique, blanchiment d’escroquerie aggravée et faux et usage de faux. La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), chargée de contrôler la régularité des dépenses des candidats, qui sont plafonnées et dont une partie est remboursée par l’État, avait adressé un signalement en 2023. Selon le magazine Challenges, la CNCCFP a signalé des prêts de 23 particuliers envers le RN, pour un montant total supérieur à 2,3 millions d’euros, entre 2020 et 2023. En tout, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d’encours à rembourser «auprès de personnes physiques», le plus ancien remontant à 2007. «Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés», avait souligné Christian Charpy, le président de la CNCCFP, la semaine dernière. Toutefois, et alors que certains dans la classe politique se réjouissent des ennuis judiciaires du RN, de nombreux partis ont été visés auparavant par la justice sans que cela n’entame leur crédibilité auprès de leurs partisans ou ne fasse baisser leurs résultats lors des élections présidentielles. Ce fut le cas pour les grands partis au pouvoir par le passé, à l’instar du PS, du RPR puis de l’UMP. Reste à voir si ce sera également le cas pour le RN et si le mouvement pourra compter sur ses électeurs pour lui rester fidèles coûte que coûte.