Plan égyptien pour Ghaza vs plan américain

Aussi longtemps qu’il y aura des prisonniers à échanger, le cessez-le-feu à Ghaza pourra tenir, peut-être pas de façon absolument continue pendant toute la durée de l’accord tel que conçu à l’origine, avec ces trois phases de six semaines chacune, la première étant déjà largement entamée, mais dans l’ensemble, c’est bien à cela qu’il est […]

Fév 15, 2025 - 21:03
 0
Plan égyptien pour Ghaza vs plan américain

Aussi longtemps qu’il y aura des prisonniers à échanger, le cessez-le-feu à Ghaza pourra tenir, peut-être pas de façon absolument continue pendant toute la durée de l’accord tel que conçu à l’origine, avec ces trois phases de six semaines chacune, la première étant déjà largement entamée, mais dans l’ensemble, c’est bien à cela qu’il est le plus raisonnable de s’attendre. L’échange d’hier a failli ne pas avoir lieu, la résistance palestinienne ayant conditionné sa mise en œuvre au respect par Israël de toutes les dispositions de l’accord, en particulier à celles ayant trait à l’entrée des tentes et du préfabriqué, l’hébergement étant la première urgence dans un territoire largement détruit. Mais comme il répond à une nécessité d’une égale importance pour les deux camps, les intermédiaires ne semblent pas avoir eu beaucoup de mal à régler le différend qui a surgi. Pour autant, il n’est pas dit qu’Israël ne sera pas tenté plus tard de manquer à nouveau à ses engagements, entendu qu’il approuve le plan de Donald Trump pour Ghaza, dont le préalable n’est pas la reconstruction mais la déportation des Ghazaouis. Ce plan ayant rencontré une ferme opposition de la part des pays sollicités par le président américain pour donner refuge à la population à déplacer, qu’on estime à près de deux millions et demi, est selon toute apparence condamné, en tout cas dans un premier temps.

S’il doit revenir sur la table, ce ne sera pas avant que l’alternative avancée par l’Egypte, et vraisemblablement approuvée par les Etats arabes, une réunion étant prévue à cet effet, n’ait connu un début de réalisation et que pour une raison ou une autre elle n’ait tourné court. Si elle réussit en revanche, la prise de contrôle de Ghaza par les Etats-Unis n’aura jamais lieu, au grand dam du clan Trump. La proposition égyptienne consiste à reconstruire Ghaza, à la rendre à nouveau habitable autrement dit, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui, mais sans avoir pour ce faire à la vider de sa population. La première condition à cela est la transformation du cessez-le feu actuel en une paix durable. Tant que celle-ci n’est pas garantie, les Arabes ne financeront pas la reconstruction, étant donné que cela leur incombe de toute façon, y compris dans le plan de déportation de Trump. Que les Ghazaouis restent sur place ou qu’ils doivent s’en aller, la reconstruction échoit aux Arabes. D’autres qu’eux, les Européens par exemple, ou les Russes ou les Chinois, pourraient mettre la main à la poche, mais ce sera aux Arabes de prendre en charge le gros des dépenses. Les Israéliens et les Américains, c’est-à-dire les démolisseurs, directs et indirects, ont déjà fait savoir qu’ils s’en exemptaient pour leur part, sauf peut-être si Ghaza devenait propriété américaine. Cela dit, le plan égyptien ne concerne pas que la reconstruction de Ghaza. Tout comme le plan américain, il vise à une paix durable, tant à Ghaza que dans l’ensemble du Moyen-Orient. Le sommet arabe devant se tenir prochainement pour en discuter l’abordera sans doute dans l’ensemble de ses aspects. La reconstruction de Ghaza implique que les conditions ayant conduit à sa démolition par Israël avec l’aide des Etats-Unis ne se reproduisent pas. On l’a compris : les deux plans américain et égyptien supposent tous deux que la résistance palestinienne cesse d’exister à Ghaza, et peut-être même ailleurs en Cisjordanie. Pour l’un comme pour l’autre, là réside le véritable défi.