Crise Alger-Paris : les entreprises françaises risquent de perdre 5 milliards d’euros d’exportations vers l’Algérie

La crise entre l’Algérie et la France risque de faire perdre 5 milliards d’euros d’exportations aux entreprises françaises vers le marché algérien, a redouté le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), Michel Bisac. Quelques jours seulement après la reprise du dialogue entre les deux pays à la suite de l’appel téléphonique le […] The post Crise Alger-Paris : les entreprises françaises risquent de perdre 5 milliards d’euros d’exportations vers l’Algérie appeared first on Algerie Eco.

Avr 19, 2025 - 13:22
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Crise Alger-Paris : les entreprises françaises risquent de perdre 5 milliards d’euros d’exportations vers l’Algérie

La crise entre l’Algérie et la France risque de faire perdre 5 milliards d’euros d’exportations aux entreprises françaises vers le marché algérien, a redouté le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), Michel Bisac.

Quelques jours seulement après la reprise du dialogue entre les deux pays à la suite de l’appel téléphonique le 31 mars dernier entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron, une nouvelle crise a été déclenchée par l’arrestation et la détention en France d’un agent consulaire algérien.

Alger a annoncé lundi 14 avril sa décision d’expulser 12 agents exerçant auprès de l’ambassade et des consulats de France. Paris a réagi mardi 15 avril et annoncé le rappel de son ambassadeur en Algérie, Stéphane Romatet, et l’expulsion de 12 agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien dans l’Hexagone.

Dans une déclaration à l’agence de presse française AFP, Michel Bisac, présent en Algérie depuis 19 ans, a mis en garde sur le fait que la crise actuelle « soit beaucoup plus forte que les autres », qui pour l’instant n’ont pas affecté les relations commerciales. Et, « si l’Algérie se fâche réellement, c’est cinq milliards d’exportations françaises qu’on perd instantanément, est-ce qu’on a les moyens? », s’est-il demandé.

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont atteint 11,1 milliards d’euros en 2024, selon la Direction générale du Trésor français, dont 4,8 milliards d’exportations de la France vers l’Algérie et 6,3 milliards d’importations françaises depuis l’Algérie, essentiellement constituées d’hydrocarbures.

Dans un communiqué publié jeudi 17 avril, la CCIAF a indiqué « la relation algéro-française a subi ces derniers jours un regain de tension qui a malheureusement affecté la collaboration économique et plus spécifiquement l’investissement et le développement d’entreprises françaises de renom en Algérie ».

« Nous déplorons fortement cette escalade relevant de la politique politicienne. Celle-ci intervient quelques jours seulement après la reprise d’un dialogue constructif entre les Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, qui ont placé l’intérêt des deux nations à la hauteur des multiples liens qui les unis », a écris la CCIAF dans son communiqué signé par Michel Bisac.

Et de souligner : « Les liens économiques constituent un enjeu majeur à préserver et à consolider car ils sous-tendent des liens humains et sociaux qui ont vocation à prémunir l’avenir quel que soit les turbulences du moment. »

Selon la CCIAF : « Les acteurs économiques doivent unir leurs efforts sur la concrétisation d’investissements créateurs de valeur ajoutée dans un esprit d’intérêts réciproquement bénéfiques à l’écart des tensions politiques actuelles.« 

« C’est pourquoi nous nous associons à l’engagement qu’a réaffirmé le Conseil du Renouveau Economique Algérien CREA en faveur de partenariats internationaux équilibrés et mutuellement respectueux », a indiqué la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française.

Et d’ajouter : « Nous appelons l’ensemble des acteurs économiques, les entreprises françaises, les entreprises algériennes ainsi que les entreprises de la diaspora à s’inscrire dans la démarche initiée par les deux Présidents afin de préserver le lien économique et à le prémunir des conséquences de dégradations relationnelles. »

La CCIAF a réaffirmé « son engagement et sa disponibilité à œuvrer dans l’intérêt des entreprises des deux pays dans le cadre de ses missions », et encourage « les entreprises impactées par cette dégradation du climat des affaires qui depuis la France travaillent avec des partenaires Algériens à se manifester auprès de ses services pour réaffirmer leur volonté de pérenniser leurs partenariats qui ne l’oublions pas, ont également vocation à maintenir des emplois stables en France », a conclu le communiqué.

Dans ce contexte, le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) a annoncé mardi 15 avril l’annulation de sa visite en France et d’une rencontre prévue avec ses homologues du Medef. Cette visite avait été annoncée par le MAE français lors de son déplacement à Alger. Il avait indiqué que le patron du Medef recevra également son homologue algérien du CREA le 9 mai prochain.

Cette décision d’annulation, a précisé le CREA, « intervient à la suite d’une mesure prise par les autorités françaises, déconseillant fortement à un dirigeant d’une entreprise française de transport maritime de se rendre en Algérie pour concrétiser un projet d’investissement ».

« Cette annulation provoquée et justifiée par les autorités françaises au motif de la « crise entre les deux pays », contredit les déclarations officielles appelant à l’apaisement et à la normalisation des relations algéro-françaises », a expliqué l’organisation patronale algérienne.

« Il est paradoxal que les mêmes autorités françaises, qui expriment des préoccupations quant à la participation limitée des entreprises françaises aux appels d’offres internationaux en Algérie, prennent des mesures qui entravent les initiatives d’investissement privés », a déploré le CREA. « Face à cette situation incohérente et aux signaux négatifs adressés aux acteurs économiques algériens », le CREA a estimé qu’il « n’est pas opportun de maintenir sa visite en France ni sa rencontre avec le MEDEF ».

Michel Bisac a confirmé qu’il s’agissait de Rodolphe Saadé, patron de l’armateur français CMA CGM, qui était attendu mardi dernier à Alger. Le patron du groupe français devait être accompagné de son équipe dirigeante, dont la vice-présidente Christine Cabau Woehrel, et de son conseiller diplomatique, Patrice Bergamini, avons-nous appris de sources proches du groupe Sogeport, selon le journal El Watan. Il devait également être reçu par le président Tebboune et le ministre des Transports, pour finaliser un vaste projet d’investissements négocié discrètement depuis près d’un an.

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