Pourquoi le président Tebboune devrait couper les ponts avec Macron
Une contribution de Hocine Nasser Bouabsa – Beaucoup d’Algériens ont le sentiment que le président de la République a été... L’article Pourquoi le président Tebboune devrait couper les ponts avec Macron est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Une contribution de Hocine Nasser Bouabsa – Beaucoup d’Algériens ont le sentiment que le président de la République a été trop accommodant et conciliant à l’égard du parton du régime actuel français (1). Que ces Algériens aient raison ou tort, les déclarations, démarches et géopolitiques hostiles à l’Algérie, continuellement reproduites depuis longtemps par Emmanuel Macron, son gouvernement et leurs parrains qui dominent les médias, devraient néanmoins inciter Abdelmadjid Tebboune à mettre fin à sa relation «amicale» avec le successeur de François Hollande. C’est le devoir immanquable de tout président attaché à la mémoire de nos valeureux chouhada.
Fourberie récurrente des présidents français
L’adage algérien dit : «Honte à celui qui me trompe une fois, mais honte à moi si je me laisse tromper une seconde fois.» Reconnaissons-le entre Algériens : depuis la mort du regretté Houari Boumediene – Dieu lui accorde Sa miséricorde –, la France ne nous a pas trompés seulement une ou deux fois, mais toujours, comme elle a toujours malmené l’Algérie et notre diaspora établie dans ce pays. Ceci, sans que nos dirigeants puissent mettre fin aux fourberies récurrentes, malveillantes et malintentionnées des maîtres de Paris. Cette défaillance de nos dirigeants successifs depuis le début des années 1980 mérite bien d’être éclairée, mais je m’abstiendrai à le faire aujourd’hui en raison de son poids et sa sensibilité, pour me focaliser sur le sujet lié au titre de mon article.
Presque tous les présidents algériens ont été dupés par leurs homologues français depuis presque cinquante ans (les psychanalystes et les psychologues ont certainement leurs théories et avis sur ce sujet ; le lecteur intéressé peut donc trouver dans la littérature spécialisée les raisons de cette situation indésirable qui impacte profondément le peuple algérien. Un article intéressant sur ce sujet fut d’ailleurs publié le 13 avril 2025 dans les colonnes d’Algeriepatriotique (2).
En effet, Chadli avait son ami Mitterrand, qui le guidait comme un enfant aveugle vers la ruine de l’Algérie. Bouteflika, lui, n’avait pas qu’un seul, mais quatre amis : Chirac, Sarkozy, Hollande et finalement Macron. Le natif d’Oujda aimait tellement la France et ses présidents qu’il ne trouva pas mieux que d’élire un hôpital militaire français comme domicile pendant plusieurs mois.
Lorsque Macron quémandait auprès de l’Algérie
Lorsque Tebboune est arrivé au pouvoir fin 2019, les relations entre les deux pays étaient tellement glaciales que le locataire de l’Elysée prendra tout son temps pour féliciter le Président algérien fraîchement élu. En effet, pour les décideurs français, Tebboune était étroitement lié au défunt ex-patron de l’ANP, Gaïd Salah, classé par les Français dans la catégorie des indésirables et infréquentables à éliminer, parce qu’il privilégiait l’approfondissement de la coopération stratégique avec la Russie et essayait de contrecarrer les intérêts français en Algérie.
Plus tard, le président algérien, conciliant, ne repoussa pas la main tendue par le locataire de l’Elysée qui cherchait désespérément dans l’obscurité de ses insomnies, d’une part, une solution pour le guêpier sahélien, croyant la trouver dans le soutien de l’armée algérienne, et, d’autre part, à sécuriser la mainmise de la France sur une partie des ressources hydrocarbures en Algérie (3). Ainsi commença derrière les coulisses le travail des diplomates et conseillers français pour gagner les faveurs des nouveaux dirigeants algériens, qui, hélas, finirent par succomber aux mensonges et chimères des diplomates parisiens diplômés dans l’arnaque et la fourberie.
Macron : le manipulateur notoire
Au début, anxieux et hésitant, plus tard, gagnant de l’assurance et croyant au fur et à mesure avancer sur un terrain conquis, Macron finira par montrer son vrai visage en optant pour la même approche condescendante et néocolonialiste de ses prédécesseurs : dire des généralités ou reconnaître des vérités historiques avérées qui ne lui coûtent rien, afin de flatter gratuitement l’égo des Algériens. Et, après, vomir ses profondes et condescendantes convictions destinées à offenser toute notre nation, afin de se faire applaudir par les partisans de l’Algérie française, qui aujourd’hui font en France la pluie et le beau temps.
En effet, les Algériens se rappellent encore vivement ses injures en septembre 2021 vis-à-vis de la nation algérienne, à laquelle il dénia l’existence avant que les hordes de Bugeaud ne viennent assassiner, brûler, bannir et exproprier des millions d’Algériens – voir l’article paru dans Algeriepatriotique le 3 octobre 2021(4). Cette sortie fut préméditée, bien étudiée et pesée, pour signifier à Tebboune et aux autres dirigeants algériens qu’il n’a cure des sensibilités algériennes et qu’il jouera seulement suivant ses conditions et celles de ses parrains qui contrôlent la France.
En manipulateur notoire, il se mettra néanmoins immédiatement à l’œuvre pour faire semblant de vouloir apaiser – mais sans se rétracter d’un iota –, en expliquant machiavéliquement par téléphone à son interlocuteur algérien qu’il ne faut pas interpréter les mots comme il les dit, mais en les passant par le prisme de l’électorat d’extrême-droite français. Tebboune et les autres dirigeants algériens le prennent au mot et acceptent, après quelques semaines, de renvoyer à Paris l’ambassadeur algérien rappelé pour consultations. Ils contribueront même à travers leurs réseaux en France à le faire réélire au second tour des présidentielles françaises, en avril 2022, face à la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen, qui partage avec lui les mêmes positions néocolonialistes vis-à-vis de l’Algérie. Autant dire donc, que lorsqu’il s’agit de notre pays, extrême-droite, droite, centre ou gauche (à l’exception d’une partie des Verts et des Insoumis), c’est kif-kif, Moussa Hadj, Hadj Moussa.
L’interview accordée par Macron au renégat Daoud
Je ne m’attarderai pas sur le voyage scandaleux – surtout du point de vue protocolaire – de Macron à Alger avec les embrassades et les accolades avec Tebboune, exposées à la télévision – ceci fait partie de la stratégie de communication de l’Elysée pour gagner le vote des Algéro-Français –, en renvoyant le lecteur à l’article paru dans Algeriepatriotique en date du 2 septembre 2022 (5) pour filer sur l’interview commandé en janvier 2023 par Macron au journal Le Point. Un journal de l’extrême-droite ambivalente pour lequel travaille le renégat Kamel Daoud, couronné par Gallimard, alors que réellement il ignore le sens du subjonctif. C’est justement ce collabo Daoud que Macron a choisi pour lancer au cours de cette interview ses flèches assassines contre la nation algérienne, signifiant à cette dernière qu’elle n’est pas digne de recevoir les excuses de l’Etat qui a commis les plus affreux et atroces crimes contre l’humanité au détriment des Algériens.
Nul besoin d’être prophète pour deviner le malaise qu’ont provoqué de telles déclarations à Alger. Quelques jours après cette interview, et comme si de rien n’était, égal à lui-même, l’enfant du système Rothschild eut même l’outrecuidance d’appeler au téléphone le Président algérien, qu’il a pourtant implicitement humilié par le contenu de cet entretien. En effet, une semaine auparavant, Tebboune désignait Macron comme son ami et ne s’attendait point à ce que cet «ami» évoque négativement, avec des termes condescendants, la question des excuses et de la mémoire, alors qu’il n’y avait aucun besoin contraignant.
Ces deux événements – l’interview et l’appel téléphonique – ne sont surement pas le fruit du hasard, mais ont bien été synchronisés du côté français. En effet, le calendrier d’un chef d’Etat est préparé minutieusement à l’avance. Les spin doctors parisiens ont donc volontairement programmé et tricoté l’interview avant la communication téléphonique avec Alger. L’objectif insidieux de l’interview du Président français au journal Le Point était donc prémédité : provoquer le peuple algérien et ses institutions pour connaître leur résilience.
Algérophobie chronique et difficilement guérissable
Le fait que Tebboune ait accepté, après l’affront de Macron, de lui répondre au téléphone a surpris beaucoup d’Algériens. Mais qu’il accepta, par ailleurs, l’invitation d’une visite à Paris les a profondément choqués. Ceci fut interprété, d’une part, comme un signe qu’à Alger on n’a pas encore intériorisé à sa juste valeur l’algérophobie chronique et difficilement guérissable qui caractérise l’âme et le corps des détendeurs du pouvoir réel en France et, d’autre part, comme un manque de volonté des institutions algériennes à dénoncer avec force l’ignominie marconienne. Ceci a raffermi davantage la conviction de Macron que la résilience algérienne serait faible et que dorénavant il peut aller plus loin. C’est ce qui est arrivé la première semaine de février 2023 avec l’exfiltration par les services secrets français de l’agent de la DGSE, la Franco-Algérienne Amira Bouraoui, poursuivie par la justice algérienne et soumise à une ISTN. Bouraoui n’étant qu’un agent de troisième grade, se pose alors la question de savoir pourquoi cette action belliqueuse. La réponse est simple : Macron voulait tester davantage, s’il peut pousser le bouchon davantage dans la guerre silencieuse, dont il a été mandaté contre l’Algérie. En tout cas, le message de Macron était clair : «Au diable l’amitié avec l’Algérie !»
Les réseaux sociaux algériens, en tant que plateformes qui reflètent réellement l’opinion des citoyens, étaient unanimes : d’une manière générale, mettre un terme aux agissements belliqueux et néocolonialistes français vis-à-vis de l’Algérie, une fois pour toutes – c’est la moindre des choses qu’on doit à nos vaillants martyrs –, et d’une manière particulière, réduire le canal de communication avec la Présidence française au strict minimum.
Dans la seconde partie de mon article, j’analyserai le développement des relations algéro-françaises – chroniquement infectées par le virus xénophobe et agressif des héritiers de l’OAS – de mars 2023 à avril 2025, pour tirer la conclusion si celles-ci sont guérissables ou si la rupture serait la meilleure solution pour l’Algérie. Par rupture, l’auteur entend la banalisation de ces relations, en les réduisant à des relations mécaniques d’intérêts et en les extirpant des qualificatifs hypocrites «exceptionnelles», «historiques», «humaines» et tutti quanti, dont se sont servis les présidents français pour nous berner.
H.-N. B.
1) Le terme est volontairement choisi, car Macron est réellement à la tête d’un régime et non d’une démocratie réelle. Si, d’ailleurs, les médias français désignent le gouvernement algérien comme un «régime», les médias algériens ne devraient pas se gêner de leur rendre la monnaie de leur pièce.
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