Prudence
Quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, n’avait pas hésité à se mettre en scène avec plusieurs membres de son état-major pour menacer les Occidentaux qui osaient tenir des propos belliqueux à l’encontre de son pays. Cette mise en scène intervenait, notamment, après un discours d’Emmanuel Macron […]

Quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, n’avait pas hésité à se mettre en scène avec plusieurs membres de son état-major pour menacer les Occidentaux qui osaient tenir des propos belliqueux à l’encontre de son pays. Cette mise en scène intervenait, notamment, après un discours d’Emmanuel Macron qui
n’omettait pas la possibilité de faire intervenir son pays militairement dans le conflit opposant Moscou à Kiev. Des déclarations prises très au sérieux par le Kremlin qui assurait ainsi à son tour que l’utilisation d’armement nucléaire n’était pas exclue, poussant alors rapidement d’autres alliés de l’Ukraine à se désolidariser des propos du président français. Aujourd’hui, c’est au tour du président américain de susciter la colère de Moscou, d’abord en menaçant la Russie, puis en postant des sous-marins nucléaires aux abords des côtes russes. Le Kremlin, après quelques jours, a déclaré hier vouloir faire preuve d’une «grande prudence» concernant les menaces nucléaires des États-Unis. Le président américain avait alors réagi aux «déclarations hautement provocatrices» de l’ex-chef d’État russe, Dmitri Medvedev, qui avait brandi la menace nucléaire contre les États-Unis. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part minimisé, hier, l’importance des déclarations de Donald Trump, déclarant qu’il était clair que les sous-marins américains étaient de toute façon déjà opérationnels. «D’une manière générale, nous ne souhaitons évidemment pas nous impliquer dans une telle controverse et nous ne voulons pas faire le moindre commentaire à ce sujet», a-t-il déclaré aux journalistes. «Bien sûr, nous pensons que chacun doit être très, très prudent avec la rhétorique nucléaire». «Nous ne pensons pas qu’il soit question d’une quelconque escalade. Il est clair que des questions très complexes et très sensibles sont abordées, qui, bien sûr, suscitent une vive émotion chez de nombreuses personnes», a ajouté Dmitri Peskov, soulignant que la politique étrangère de la Russie relevait du président Vladimir Poutine. Donald Trump a, par ailleurs, déclaré dimanche que l’émissaire américain, Steve Witkoff, pourrait se rendre en Russie demain ou jeudi, répétant qu’il imposerait des sanctions si Moscou ne montrait d’ici vendredi aucun progrès vers une fin à la guerre en Ukraine, qui dure depuis bientôt trois ans et demi. «Ce sont des personnages rusés et ils sont plutôt doués pour éviter les sanctions, donc nous verrons ce qui se passe», a indiqué le locataire de la Maison-Blanche. De son côté, le Kremlin a déclaré hier que Vladimir Poutine pourrait rencontrer Steve Witkoff dans le courant de la semaine. Il semble difficile d’imaginer qu’il y a six mois encore le président américain semblait favoriser la Russie face à l’Ukraine dans le processus de paix, accusant le président ukrainien de mauvaise volonté tout en assurant que la Russie était un partenaire pour Washington et que l’exclusion de Moscou des affaires du monde était non seulement une mauvaise stratégie de la part des Occidentaux, mais surtout une erreur diplomatique. Reste à voir si le Kremlin choisira l’escalade ou le dialogue, Donald Trump semblant bien décidé à mettre fin à la guerre en Ukraine, quoi qu’il en coûte.