Reprise de la coopération entre Alger et Paris : D’égal à égal 

Le rideau est levé dans les relations algéro-françaises. Le déplacement à Alger du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, consacre le réchauffement entre les deux pays après une brouille qui a duré huit mois. Ainsi, l’Algérie et la France ont convenu d’examiner tous les dossiers à même de relancer cette coopération avec toute sa dimension stratégique. 

Cette visite répond aux principes retenus par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron lors de l’échange du 31 mars dernier afin de reprendre le dialogue établi par la Déclaration d’Alger d’août 2002. Les deux chefs d’Etats ont tracé la voie concernant l’avenir des relations bilatérales, notamment sur des questions sensibles, à l’image des segments économique et commercial, les dossiers de la migration, la coopération sécuritaire et les contentieux juridiques.

Pour le Quai d’Orsay, l’objectif de la visite de Barrot est de « définir un programme de travail bilatéral ambitieux, d’établir ses mécanismes opérationnels » et de développer des objectifs communs et un calendrier de mise en œuvre.

Lors de cette visite, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu au début d’après-midi, pendant deux heures et demi, le chef de la diplomatie française et la délégation qui l’accompagne. L’audience s’est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Boualem Boualem, du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, et du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Lounès Magramane.

Le chef de la diplomatie française a eu auparavant des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.

Jean-Noël Barrot a annoncé après sa rencontre avec le président Tebboune, la volonté des deux pays « d’entrer dans une nouvelle phase » et de « tourner la page » des tensions récentes.

« Avec le président Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau » pour « reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé », a déclaré Barrot, annonçant une reprise immédiate de la coopération dans tous les domaines.

 « Nous avons mis sur la table avec franchise l’ensemble des sujets qui nous ont préoccupé ces derniers mois afin de décliner les principes posés par les deux présidents lors de leur entretien téléphonique du 31 mars et de retrouver la dynamique et l’ambition fixée par les deux chefs d’Etat dans la déclaration d’Algérie de 2022 », a fait savoir Jean-Noël Barrot dans une déclaration à la presse.

Il a précisé que l’Algérie et la France ont « décidé de le faire avec sérieux, discrétion, efficacité, en réactivant dès aujourd’hui l’ensemble des mécanismes de coopération dans tous les secteurs ». « Nous revenons à la normale », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie française a ajouté que les « contacts entre les services de renseignement » des deux pays « reprennent ». Il a annoncé qu’une «  réunion des plus hauts responsables de la sécurité est désormais actée et de même nous aurons un dialogue stratégique sur le Sahel »

Dans le domaine judiciaire, Jean-Noël Barrot a dit avoir confirmé au président Tebboune la visite prochaine du ministre du ministre de la Justice et Garde des Sceaux Gérald Darmanin en Algérie, en précisant qu’elle « s’accompagnera d’une reprise du dialogue judiciaire entre nos deux pays ».

S’agissant de la coopération économique, Barrot a déclaré : « Nous avons beaucoup d’enjeux de coopération notamment sur l’exécution des commissions rogatoires sur le dossier sensible des biens mal acquis. J’ai évoqué, et le Garde des sceaux aura l’occasion de le préciser, l’invitation par les services en charge du parquet national financier à leurs homologues algériens des juridictions compétentes à se rendre à Paris pour étudier tous les dossiers », a-t-il dit.

Concernant le dossier de la migration et des visas, Barrot a confirmé la reprise sans délai de la coopération migratoire, précisant que « ces questions seront traitées dans le cadre des accords existants via les procédures normales et fluides de la coopération consulaire. »

Le chef de la diplomatie française a dit que le président Tebboune était « favorable à une rencontre prochaine entre les consuls algériens en France et les préfets. Nous allons maintenant l’organiser avec le ministère algérien des Affaires étrangères. Et puis nous sommes convenus de travailler au contenu des accords qui régissent notre relation sur le plan migratoire et d’identifier les enrichissements nécessaires pour les rendre plus efficaces ».

Enfin, il faut souligner que Jean-Noël Barrot a également évoqué le dossier économique. « J’ai eu l’occasion de rappeler les difficultés apparues ces derniers mois s’agissant du développement de nos échanges en particulier dans les secteurs agroalimentaire, automobile, du transport maritime. Le président Tebboune m’a assuré de sa volonté de leur donner une nouvelle impulsion », a expliqué M. Barrot.

A ce propos, une rencontre aura lieu entre le Medef et le Conseil du renouveau économique algérien (Crea).« Le président du Medef recevra son homologue algérien du CREA le 19 mai prochain. Nous avons acté la tenue avant l’été d’une réunion du Comefa », a indiqué Jean-Noël Barrot dans  sa déclaration.

Sur le plan mémoriel, les contacts  ont « repris entre les historiens français et algériens de la commission mixte », a poursuivi M. Barrot, en révélant que le président Tebboune lui a « confirmé que l’historien Benjamin Stora était invité à venir à Alger pour poursuivre le travail sur les restitutions des objets culturels. »

Le chef de la diplomatie française a conclu sa déclaration en expliquant que cette visite est une « volonté partagée de lever le rideau, d’entrer dans une nouvelle phase de notre relation. Une relation d’égal à égal entre la France et l’Algérie au bénéfice mutuel de nos deux pays et de nos deux peuples. C’est l’objectif de ma présence aujourd’hui. »

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