Intermédiaires

Alors que Donald Trump doit affronter la colère de ses opposants sortis dans les rues cette en cette fin de semaine, pour protester contre ses nombreuses mesures jugées inadaptées ou même illégales, il doit également affronter sur le plan international l’hostilité de ses adversaires. L’Iran, ennemi des États-Unis depuis plus de quarante-cinq ans, a rejeté […]

Avr 6, 2025 - 22:39
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Intermédiaires

Alors que Donald Trump doit affronter la colère de ses opposants sortis dans les rues cette en cette fin de semaine, pour protester contre ses nombreuses mesures jugées inadaptées ou même illégales, il doit également affronter sur le plan international l’hostilité de ses adversaires. L’Iran, ennemi des États-Unis depuis plus de quarante-cinq ans, a rejeté hier tout dialogue direct avec la Maison-Blanche estimant que cela « n’aurait aucun sens » au moment où le président américain suggère des pourparlers sans intermédiaire et menace de bombarder le pays en cas d’échec de la diplomatie. Les pays occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. L’Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire n’existent qu’à des fins civiles, notamment pour l’énergie. Le président Trump a adressé le mois dernier une lettre aux dirigeants iraniens appelant à des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur pétrolier iranien. « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (…) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n’auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, selon des propos rapportés hier par son ministère. « Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté Araghchi. L’Iran et les États-Unis, proches alliés durant la monarchie Pahlavi, n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d’otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique. Les deux pays échangent toutefois indirectement par le biais de l’ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d’Oman a également joué un rôle de médiateur dans le passé, et le Qatar dans une moindre mesure. La lettre de Donald Trump a été remise à l’Iran par le biais des Émirats arabes unis. Le président américain a affirmé jeudi qu’il préférerait tenir des « négociations directes » avec l’Iran. « Cela va plus vite et vous comprenez beaucoup mieux l’autre camp qu’en passant par des intermédiaires », a argué le président américain. Les Iraniens « voulaient des intermédiaires » mais « je ne pense pas que ce soit encore le cas », avait ajouté Donald Trump à bord de l’avion présidentiel Air Force One. « Si l’on veut négocier, à quoi bon menacer ? », s’est interrogé samedi le président iranien Massoud Pezeshkian, élu l’an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l’Occident afin d’obtenir un allègement des sanctions pour relancer l’économie. L’Iran a conclu en 2015 un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l’Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires. Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes. En 2018, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l’accord durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En représailles, l’Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire. L’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire mais « n’aura d’autre choix que de le faire » en cas d’attaque contre le pays, a mis en garde lundi dernier Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Si personne ne pensait que les rapports entre Washington et Téhéran iraient en s’améliorant après l’élection de Trump, beaucoup espéraient que la situation ne dégénère pas entre les deux pays. Mais la mise en place de nouvelles sanctions économiques et le début d’un nouveau rapport de force entre les deux nations ne présage pas d’une résolution prochaine et semblent même indiquer que les relations entre l’Iran et les États-Unis iront de mal en pis au cours des prochaines semaines et des prochains mois.