Sclérose en plaques : Les spécialistes alertent sur les conséquences d’une maladie silencieuse

Maladie chronique du système nerveux central, la sclérose en plaques (SEP) évolue de manière imprévisible et peut entraîner, au fil du temps, divers types de déficiences et de handicaps, notamment moteurs. Touchant majoritairement de jeunes adultes, elle demeure encore mal connue du grand public, malgré son impact profond sur la qualité de vie des patients.

D’où l’importance cruciale d’un diagnostic précoce et du recours à des traitements modernes   permettant de freiner la progression de la maladie et de prévenir l’apparition de handicaps sévères. C’est ce qu’ont souligné les spécialistes lors du média training organisé, jeudi, par les laboratoires Roche Algérie, à l’occasion de la Journée mondiale de la sclérose en plaques, sous le thème : « Sensibilisation à l’impact humain et social de la sclérose en plaques ».

La psychologue Dr Nadia Adjamt a mis en lumière l’impact psychologique et social de cette maladie, en particulier après l’annonce du diagnostic. Elle a expliqué que beaucoup de patients s’effondrent nerveusement, voire sombrent dans des pensées suicidaires, incapables d’accepter l’idée de se retrouver dans un fauteuil roulant alors qu’ils étaient auparavant très actifs.

Selon elle, la sclérose en plaques est une maladie neurologique invalidante, nécessitant une prise en charge dès les premiers signes, un accompagnement médical constant et un soutien moral important, surtout de la part de la famille, pour éviter l’aggravation de l’état psychologique du patient. Elle a insisté sur l’importance d’apprendre à gérer l’anxiété et d’améliorer la communication avec le malade.

Le Dr Adjamt a aussi souligné que le sentiment d’isolement social et la peur de l’avenir après l’annonce du diagnostic constituent des facteurs aggravants. Le patient redoute souvent la perte de son emploi et souffre de troubles moteurs et cognitifs rendant toute activité difficile.

Elle a également plaidé pour le rôle du médecin du travail, qui peut aider à adapter l’emploi du patient à son état de santé, et pour une éducation sanitaire en coordination avec les associations, en insistant sur le rôle crucial des médias dans la sensibilisation du public.

Une maladie qui touche davantage les femmes

Le Pr Ismaïl Daoudi, chef du service de neurologie du CHU de Tizi Ouzou, a indiqué que la maladie touche trois femmes pour un homme dans le monde, et deux femmes pour un homme en Algérie. Il a expliqué cela par les changements hormonaux que subissent les femmes, notamment pendant la grossesse et la ménopause. Il a insisté sur l’importance du diagnostic précoce et des nouveaux traitements, qui permettent d’améliorer la qualité de vie des malades.

Le Pr Daoudi a indiqué que trois millions de personnes dans le monde souffrent de cette maladie, dont beaucoup présentent des troubles psychologiques graves, comme l’isolement et la dépression. Il a ajouté qu’aujourd’hui, grâce à une meilleure prise en charge et à des médicaments innovants, il est possible d’intégrer les malades dans la société et de leur garantir une meilleure qualité de vie, contrairement à ce qui se faisait par le passé

Il a expliqué que la découverte précoce de la sclérose en plaques facilite grandement le traitement, et que parfois, les symptômes peuvent disparaître sans traitement. Mais le problème réside dans le fait que cette maladie peut évoluer silencieusement, jusqu’à provoquer des handicaps moteurs, des pertes de vision, des troubles de la mémoire, du langage ou du système urinaire.

Quand la maladie atteint des stades avancés, les médicaments perdent en efficacité. C’est pourquoi, selon le professeur, il est crucial de traiter la maladie dès les premiers signes inflammatoires afin d’éviter les complications irréversibles.

Les jeunes en première ligne

Le Pr Daoudi a indiqué que la maladie touche les jeunes adultes entre 18 et 40 ans, voire jusqu’à 50 ans. Dans les pays d’Europe du Nord, elle touche une femme sur 500, en raison d’une consommation élevée de contraceptifs hormonaux et du tabagisme. En Algérie, elle affecte des jeunes en pleine activité professionnelle, sociale et économique, ce qui a des répercussions sur l’économie.

Il a aussi évoqué des facteurs de risque, comme l’environnement, les changements alimentaires, le manque d’exercice et l’obésité.

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