Silence de cathédrale

Par Khider Mesloub – Si le nouveau souverain pontife peut être qualifié d’adepte de la pensée saint-augustine, en revanche, il ne semble pas avoir acquis l’humanisme algérien et le sens de la justice de l’évêque d’Hippone.

Sep 25, 2025 - 07:18
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Silence de cathédrale

Par Khider Mesloub – Si le nouveau souverain pontife peut être qualifié d’adepte de la pensée saint-augustine, en revanche, il ne semble pas avoir acquis l’humanisme algérien et le sens de la justice de l’évêque d’Hippone. Et pour cause. Robert Francis Prevost est américain. Aussi n’est-il pas surprenant de constater le refus de ce pape de reconnaître le génocide à Gaza. Cette position marque une rupture avec la ligne vaticane engagée de son prédécesseur, le pape François, qui avait ouvertement dénoncé ce génocide perpétré par l’Etat nazi d’Israël.

A rebours de la posture du pape François qui condamnait publiquement les crimes perpétrés contre les Palestiniens, Léon XIV choisit d’adopter un silence assourdissant, qui confine à l’insensibilité et à l’indifférence face à la souffrance du peuple palestinien. Ce silence coupable du nouveau pape américain trahit les valeurs humaines de l’Eglise catholique, et de l’Algérien Saint Augustin.

Par son silence de cathédrale, qui confine à la complicité du génocide du peuple palestinien, le pape américain Léon XIV contribue au renforcement de l’impunité du régime génocidaire d’Israël. En tout cas, le pape donne l’impression de s’aligner sur la politique de soutien inconditionnel d’Israël défendu par son pays, les Etats-Unis.

Tout porte à croire que ce pape américain est désavoué par les membres de l’Eglise catholique, notamment italiens, à observer les manifestations de soutien apporté ouvertement au peuple palestinien martyr. Et, surtout, à considérer la fondation depuis fin août du groupe «Prêtres contre le génocide» par plus de mille ecclésiastiques, dont plusieurs évêques. Parmi les membres du groupe, se trouvent également des personnes influentes dans l’Eglise catholique, comme l’archevêque italien Giovanni Ricchiuti, le cardinal Cristóbal López Romeroou ou encore l’évêque de Naples Tonio Dell’Olio.

Parce que «nous sommes indignés et nous ne pouvons rester silencieux face à la tragédie humanitaire qui frappe la population civile palestinienne dans la bande de Gaza et dans les autres territoires palestiniens occupés», écrivent-ils dans leur formulaire d’adhésion.

Dénoncer le «génocide» en cours à Gaza et «l’apartheid» depuis plus de 70 ans dans tous les territoires palestiniens occupés, demander le respect du droit international et des décisions de la Cour pénale internationale ou encore promouvoir une culture de réconciliation, sont les objectifs du groupe «Prêtres contre le génocide». Et, surtout, en bons catholiques, prier pour «une paix désarmée et désarmante», proclament-ils.

Ironie de l’histoire, la position coupable, voire complice, du pape américain Léon XIV face au génocide du peuple palestinien, rappelle l’attitude très controversée du pape Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale, face au nazisme, et plus précisément face à la shoah. Le Pape Pie XII écrit en pleine guerre exterminatrice mondiale : «S’il est un pays, en ces temps de guerre, que nous avons souhaité traiter avec une considération particulière, c’est bien l’Allemagne.» Ainsi, le pontificat de Pie XII aura été marqué par le silence complice face à la barbarie nazie. Et la neutralité coupable de Pie XII lui vaudra le surnom de «pape d’Hitler».

Certes, ce dimanche 21 septembre, le pape Léon XIV a exprimé la solidarité de l’Eglise, à l’issue de la prière dominicale de l’Angelus, place Saint-Pierre. Mais sans nommer les Palestiniens. Ni Gaza. «Toute l’Eglise exprime sa solidarité avec les frères et sœurs qui souffrent dans cette terre martyrisée», a déclaré le pape. Quels frères et sœurs ? Palestiniens ou juifs sionistes israéliens ? Quelle terre martyrisée ? Gaza et la Cisjordanie ou Israël ?

Il est vrai que la semaine dernière, le pape s’est fendu d’un communiqué dans lequel il dénonce, en nommant cette fois les Palestiniens, leur déplacement forcé. «J’exprime ma profonde solidarité avec le peuple palestinien à Gaza, qui continue de vivre dans la peur et de survivre dans des conditions inacceptables, contraint une fois de plus par la force de quitter ses terres», a souligné le pape américain.

«Peuple palestinien déplacé». Par qui et pourquoi» ? A cause d’une catastrophe naturelle ? D’une sécheresse ? «Le peuple palestinien vit dans la peur et des conditions inacceptables.» A cause de qui et de quoi ? On ne le saura pas. Ce pape américain refuse de nommer les coupables, les génocidaires israéliens. D’évoquer la guerre d’extermination menée depuis deux ans par l’Etat nazi d’Israël, responsable du déplacement forcé, de la «peur» et des «conditions inacceptables» du peuple palestinien martyr.

Désormais, le pontificat de Léon XIV sera qualifié de pontificat du mutisme coupable face aux crimes du régime nazi israélien. C’est l’image que l’opinion internationale retiendra aujourd’hui de Léon XIV à l’âme tiède et au cœur froid.

Notre ancêtre algérien, Saint Augustin, connu pour sa grandeur d’âme, son humanisme et son sens de la justice, doit se retourner dans sa tombe devant un tel reniement de ses enseignements par un de ses prétendus adeptes, intronisé souverain pontife de surcroît.

«Satan a séduit le pape en lui offrant le pouvoir.»

K. M.