Solidarité nationale : L’autre succès du bac

Alors que les épreuves du baccalauréat 2025 se déroulaient à travers tout le pays, un formidable élan de solidarité s’est manifesté autour des candidats. Familles d’accueil, taxis bénévoles, commerces ouverts, l’Algérie s’est mobilisée pour accompagner sa jeunesse dans cette étape décisive. Une chaleur humaine d’autant plus précieuse que l’angoisse était palpable, notamment chez les parents, suspendus à chaque sortie d’épreuve.

Dans plusieurs villes du pays, des citoyens ont spontanément tendu la main aux candidats au baccalauréat, leur apportant soutien et réconfort. A Dely Brahim, Khalissa, une généreuse septuagénaire vivant seule dans une grande maison, a accueilli chez elle cinq jeunes filles venues d’autres wilayas pour passer l’examen. « Je les traite comme mes propres petites-filles », raconte-t-elle avec tendresse. Une aide rendue possible grâce à la présence renforcée de son personnel de maison, mobilisé pour l’occasion.

Sur les routes, des taxis ont aussi pris part à cet élan national. Djalil, 67 ans, conduit gratuitement des candidats depuis plusieurs années. « C’est ma manière de participer à leur réussite. J’ai toujours aimé voir leur sourire à la sortie », a-t-il confié.

A Alger, certains commerçants ont décidé d’ouvrir leurs portes aux lycéens entre deux épreuves. Cafés, salons de thé et librairies se sont transformés en refuges temporaires pour souffler, réviser ou prier. Autant de gestes simples mais essentiels, qui ont contribué à alléger un peu le poids de cette semaine tendue.

Tandis que les lycéens luttaient en silence dans les salles d’examen, une autre tension se vivait à l’extérieur : celle des parents. Devant les portails, l’angoisse se lisait dans les regards, les gestes, les silences.

Hakima, la cinquantaine, tourne en rond devant un centre d’examen à Alger, un mouchoir roulé entre les doigts. Son fils passe l’épreuve de mathématiques. « Il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Il tremblait ce matin… comment veux-tu que je sois calme ? », a-t-elle murmuré à une autre maman.

Plus discret, Slim, père d’un élève en lettres, s’isole sur un banc. Il tente de rester stoïque : « Je ne veux pas lui transmettre mon stress. Il est jeune, s’il échoue, il recommencera. Ce n’est pas un drame. »

A la sortie des centres, les interrogations fusent. Hassiba, une mère impatiente, tente d’arracher quelques informations aux premiers élèves sortis : « C’était difficile ? De quelle branche es-tu ? » Lorsqu’elle aperçoit son fils, elle l’assaille de questions… mais ne récolte qu’un long silence. Les visages sont fatigués, les regards ailleurs.

« Les parents doivent apprendre à gérer leur propre anxiété, sinon ils risquent de la transmettre à leurs enfants », explique Ania, psychologue scolaire. Elle-même attend sa fille avec un sourire, sans poser de questions, préférant l’inviter à se détendre autour d’un repas. Une enseignante, croisée à la sortie, abonde dans ce sens : « Le moindre mot, le moindre regard peut devenir une pression supplémentaire. Mieux vaut écouter que questionner. »

Cette semaine d’examen ne se résume pas à des notes ou à des copies. Elle a révélé un pays solidaire, une jeunesse sous pression, des familles à bout de souffle. Et malgré le stress, malgré les larmes parfois, le bac reste un passage chargé d’humanité. C’est dans cette chaleur collective, entre un regard bienveillant et un café offert, que l’Algérie a choisi d’accompagner ses futurs diplômés.

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