Suspension
Durant ces dernières années, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) maintenait l’un des derniers liens entre l’Iran et une agence officielle internationale, alors que le pays est depuis 2018 isolé plus que jamais. En 2015, le pays pensait enfin sortir de l’isolement après avoir signé l’Accord de Vienne sur le nucléaire avec les grandes puissances […]

Durant ces dernières années, l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA) maintenait l’un des derniers liens entre l’Iran et une agence officielle internationale, alors que le pays est depuis 2018 isolé plus que jamais. En 2015, le pays pensait enfin sortir de l’isolement après avoir signé l’Accord de Vienne sur le nucléaire avec les grandes puissances du monde, et pendant trois années le pays a connu une prospérité rapidement remplacée par une terrible crise économique. En 2018, la décision de Donald Trump de mettre fin à l’Accord sur le nucléaire iranien mis au point par son prédécesseur Barack Obama, sera un coup terrible porté à Téhéran, qui doit également depuis subir de lourdes sanctions financières infligées par les Américains, poussant le pays aux abois. Depuis, par défiance, le régime des mollahs multiplie les provocations. Et le sujet brûlant du nucléaire iranien, avec le dernier épisode de guerre éclair qui a opposé les États-Unis et Israël au régime islamique, continue d’être au centre de l’attention des Occidentaux. C’est dans ce contexte que l’Iran a officiellement suspendu hier sa coopération avec l’AIEA, après avoir multiplié les accusations à son encontre depuis la récente guerre avec l’État hébreu. Le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu qui a mis fin à 12 jours de guerre, le Parlement iranien avait voté massivement un projet de loi qui suspend la coopération entre la République islamique et cette agence de l’ONU. La loi a ensuite été approuvée par le Conseil des Gardiens, l’organe chargé d’examiner la législation en Iran, avant d’être ratifiée par le président iranien, Massoud Pezeshkian, et d’entrer ainsi en vigueur. «Le président a promulgué la loi suspendant la coopération avec l’AIEA», a annoncé hier la télévision publique. Des responsables iraniens avaient vivement dénoncé ce qu’ils appellent le «silence» de l’AIEA face aux bombardements israéliens et américains sur les sites nucléaires de l’Iran. Téhéran avait aussi critiqué l’Agence pour une résolution adoptée le 12 juin, à la veille des premières frappes israéliennes, qui accusait l’Iran de non-respect de ses obligations dans le domaine nucléaire. Des responsables iraniens avaient affirmé que cette résolution était l’une des «excuses» pour l’attaque israélienne. L’Iran a en outre rejeté une demande du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, de visiter ses installations nucléaires bombardées pendant la guerre, afin de pouvoir établir ce qu’il est advenu du stock d’uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d’une bombe atomique dont dispose l’Iran. Fin juin, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait dénoncé les «intentions malveillantes» de Rafael Grossi. Affirmant que l’Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, une ambition maintes fois démentie par Téhéran, Israël avait lancé le 13 juin des frappes sur les installations nucléaires et militaires iraniennes, qui ont entraîné la mort de hauts gradés et de scientifiques développant le programme nucléaire. Le président américain, Donald Trump, avait envoyé dans la nuit du 21 et 22 juin des bombardiers frapper le site souterrain d’enrichissement d’uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz, dans le centre de l’Iran. Toutefois, la décision de chasser l’AIEA de son territoire, seule organisation qui supervise et qui a rassuré ces dernières années les Occidentaux en crédibilisant les déclarations de l’Iran affirmant qu’il ne compte pas se doter de l’arme atomique, pourrait dans le futur avoir un effet néfaste. Sans ces supervisions onusiennes, les Américains, comme les Israéliens, pourraient dans le futur utiliser le manque d’informations officielles d’un organe comme l’AIEA pour accuser l’Iran de toutes sortes de dépassements et procéder à des attaques encore plus intensives, mettant en place une escalade des violences qui déstabilisera une fois encore la région entière.
F. M.